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Sassou, le géant blablateur

politique
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A l’heure actuelle, les faucons du pouvoir congolais, prétendument en campagne électorale, font beaucoup de bruit avec les deniers publics. Ce bruit contraste fortement avec le silence de la population opprimée, masquant, sous ce mutisme, sa soif d’émancipation. Mais en filigrane, les signes de fébrilité apparaissent de plus en plus. En effet, les meetings de l’opposition sont interdits tant à Brazzaville qu’à l’intérieur du pays. Le vol TAC en direction de Ouesso a été annulé, l’un des passagers étant un candidat à ces pseudos élections.

Pendant ce temps, Sassou, qui ne supporte l’existence d’une quelconque opposition, étale sa schizophrénie dans ses réunions publiques orchestrées avec les deniers publics. Il estime que la situation sociale actuelle du pays est inadmissible et qu’il est aberrant que l’on importe les produits agricoles que l’on produisait jadis. Cette régression est pourtant une traduction concrète de sa politique menée depuis des décennies. Un cuisant échec.

L’énorme problème reste que le peuple congolais ne semble avoir ni oreilles, ni yeux, et ce, malgré le pouvoir d’information des réseaux sociaux.

Accroché depuis plus de trente-six ans au pouvoir, cet aveu d’échec peut s’analyser en un sabotage de idéaux démocratiques : une usurpation. Sassou, dictateur de son état, enivré par le pouvoir, affectionne l’effervescence folklorique où il est scénarisé et considéré comme un dieu. Cet incroyable culte de la personnalité s’observe violemment à travers l’effroyable rite dictatorial actuel aux allures de kermesse pompeusement appelée « élections présidentielles ».

.En mélangeant à la fois le discours démocratique, le gangstérisme d’Etat, l’achat des consciences et le pillage des richesses du pays, l’homme réinvente malicieusement le colonialisme à son profit. Ainsi, sévit au Congo-Brazzaville, une pieuvre tyrannique.

Surnommé Empereur par ses pairs ouest africains à qui il sert de mauvais exemple, le président congolais fait plutôt figure de chef de gang accompli. Le Congo-Brazzaville, où il règne depuis bientôt un demi-siècle n’a, en vérité, rien d’un empire. Cependant, le clan Sassou a bien bâti un empire domicilié dans les paradis fiscaux avec les deniers de son Etat. La presse internationale s’en offusque régulièrement.

Au cœur de différentes énigmes qui le secouent, le Congo-Brazzaville n’est, pour Sassou-Nguesso, à l’instar des chercheurs d’or, qu’un véritable filon politico-économique qu’il exploite sans discontinuer depuis plusieurs décennies. A ne point s’y méprendre, dans ce pays, l’Etat c’est lui. C’est justement ce que dénoncent les démocrates et républicains congolais. Car, le Congo n’est pas une propriété des Nguesso, hurlent-ils, dans le vide. Pour l’instant.

Paradoxalement, le salut pourrait advenir de ce vide. En effet, si le vide physique est dépourvu de matière, ce même vide congolais renferme malgré tout de l’énergie compactée en rancœurs et humiliations. L’absence de perspective tangible finira par s’agglomérer avec les gémissements des ventres affamés pour devenir une masse informe explosive. De ce chaos renaitra le Congo.

Ce riche pays d’Afrique centrale, paupérisé et décadent, est en proie à de graves crises économiques et politiques allant jusqu’aux accusations de génocide. Cependant, l’indifférence des dirigeants congolais et leur désinvolture paraissent troublantes. Un énorme chantier de redressement et d’apaisement des rancœurs et humiliations de plusieurs années attend les successeurs de Sassou-Nguesso. Mais ce dernier, à soixante-dix-sept ans d’âge dont plus de trente-six passés au pouvoir n’entend pas quitter le navire.

Selon l’agenda du régime de Brazzaville, au lendemain des pseudos élections du 21 mars 2021 prochain, Sassou sera toujours aux commandes du Congo-Brazzaville, pays qu’il a bien cadenassé à double tour. Avec les mêmes ingrédients qu’en 2016, l’opacité et la corruption entourent le processus de ce pseudo scrutin. Les armes (achetées en Azerbaïdjan et en cours de livraison) viennent compléter le dispositif laissant présager le spectre de la guerre (dans le pool encore ! ?) …

La police et l’armée auront un « vote » anticipé avant la population, afin de bien la contenir et empêcher tout vote contraire. Le message de l’empereur congolais est clairement de tout contrôler et orienter, contre vents et marrées, vers l’unique résultat prédéfini : celui de sa victoire, comme d’habitude. Outrée, l’église catholique donne de la voix, de plus en plus

Le Cercle des droits de l’homme et de développement CDHD et le mouvement Ras-le-Bol ont, de leur côté, dénoncé la non-transparence dans ce processus électoral.

Aucun bilan (il est épouvantable) n’est dressé mais tout le monde est prié d’apporter son soutien au grand timonier. A l’instar d’une mafia, le pouvoir organise des vraies fausses collectes d’argent quasi sauvages dans les entreprises et les administrations ainsi qu’auprès des cadres divers, pour soutenir la campagne de celui qui « a accepté malgré lui de candidater à cette élection ».

Une sorte de lever d’impôt insolite dans les entreprises et dans l’administration ainsi qu’au sein de la population et dans les corporations. Des malles, des enveloppes d’argent sans provenance claire sont exhibées et remis à Sassou au vu et au su de tous. Dans un pays où payer le moindre salaire constitue un événement, un pays où les retraités accusent de colossales arriérés de pensions, de telles pratiques de blanchiment d’argent en public auraient dû relever d’enquêtes judiciaires.

Gavés à la propagande tyrannique, les congolais sont de moins en moins dupes. Ils savent que ces pseudos élections dont l’issue est connue d’avance ne sont qu’une amère contorsion dictatoriale les condamnant à l’asservissement pour quelques années encore. Et, il serait faux de croire que la communauté internationale l’ignore.

C’est pourquoi les congolais doivent affronter, à un moment ou un autre, leur tyran en comptant d’abord sur propre force. Et pourquoi pas cette fois-ci ?

Deux figures locales, tous deux anciens ministres de Sassou passés à l’opposition, Dzon Mathias et Parfait Kolélas, tentent le pari de faire enrayer cette mascarade en osant affronter le pouvoir qu’ils ont servi naguère. Les partisans du boycott n’ont-ils pas intérêt à les soutenir dans cette aventure, d’autant plus que l’église, jadis silencieuse, semble se manifester en faveur du changement ?

De son côté, la diaspora, toujours prompte à délivrer les certificats de non-conformité à ceux qui nourrissent l’idée d’oser se dresser face à cette dictature, devrait prendre conscience, non seulement des freins qu’elle actionne à cet effet, faisant hélas le jeu du pouvoir, mais aussi de l’une des clefs capables d’asphyxier et de contribuer à l’effondrement de ce régime dont elle dispose, désormais.

En effet, en allant à la rescousse des parents et amis restés au pays, la diaspora compense malgré elle depuis des années les graves manquements du pouvoir. A travers cette intervention financière quasi désordonnée par le biais des institutions comme Western-Union, Money Gram et autres, elle déverse dans le pays plusieurs milliards de francs chaque année. Elle est devenue inconsciemment l’un des meilleurs donateurs sur lequel repose malicieusement le pouvoir de Brazzaville. Or qui tient la bourse, tient le pouvoir.

Abraham Avellan WASSIAMA

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