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Marché aux esclaves en Lybie : Le réveil d’un griot nommé, Koffi Olomidé

politique
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Tribune libre

Ses admirateurs le décrivent comme un artiste bourré de talent. Ce qu’il est, certainement. Mais pour les Congolais de l’autre rive du fleuve, c’est à dire ceux du Congo Brazzaville, broyés par 35 années de dictature et dont nombreux, pour échapper à la terreur et la misère, prennent le large pour se retrouver hélas, enfermés dans des cages en Libye, vendus comme de pauvres esclaves au marché aux nègres, Koffi est perçu, à tort ou à raison, comme un griot de leurs bourreaux, notamment celui de Sassou, de son clan et de certains de ses généraux, qu'il couvre de louanges dans ses chansons depuis des années.

Il est vrai que le Congo de Sassou est une belle adresse connue du monde entier pour être une machine à sous. Le tyran, paie cash, à deux conditions : faire du lobbying auprès de ses principaux soutiens à l’étranger pour lui permettre de mourir au pouvoir ou, comme le fait si bien Koffi, dans ses habits de bon griot, en maniant la brosse à reluire pour son tyran et son clan. Prenez un de ses albums de ces dernières années, vous serez alors servi. Tous y ont droit : Le tyran, sa moitié, ses enfants, ses neveux, son gendre, ses différents généraux, dont un particulièrement, connu de triste mémoire dans des crimes odieux des " disparus du Beach " perpétrés en 1997. C’est l’homme à tout faire du régime. Aujourd’hui à la tête de la police, c’est lui et ses hommes qui traquent les opposants. Notre griot, dit-on, lui serait très lié par des liens d’amitié.  

Un petit tour dans des prisons du Sassouland, suffit amplement pour se faire une idée sur la cruauté de ce régime, vénéré à travers des mélodies, par celui qui aujourd’hui, se pose en défenseur de la cause des esclaves, oubliant que lui, en tant que griot d ‘un régime criminel, contribue d’une façon ou d’une autre à ce drame.

Tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute. Et ce n‘est pas Koffi Olomidé qui le démentira.

Griot hors pair donc, rompu dans l’art de cirer les pompes de quelques happy few du clan Sassou qui ont tout volé, tout pillé et qui n’ont aucun intérêt à voir changer les choses. Aujourd’hui, le Congo de Sassou est en faillite. Les caisses sont vides. Les populations souffrent. Les salaires ne sont plus payés depuis des mois. Idem pour les pensions de retraite. Le plus grand hôpital du pays a fermé ses portes. J’ai écouté les déclarations de Koffi Olomidé dans une vidéo qu’il a postée sur le web concernant l’esclavage en Libye. Il y fait une analyse étincelante à laquelle je souscris les yeux fermés. Là-dessus, je n’ai donc rien à redire. Seulement voilà, Koffi semble avoir oublié que ceux sur qui il pointe du doigt, sont pour certains, ceux-là mêmes dont il égrène les noms dans ses chansons, tel un chrétien égrène son chapelet. En est-il vraiment conscient ? Le doute est permis. 

Il aura donc fallu le gros coup de gueule de claudy Siar, lui, descendant d’esclaves comme il se définit dans sa vidéo qui a suscité une vague d’indignation à travers le monde, pour voir notre cher Koffi dégainer. Voici justement un extrait des déclarations de claudy Siar, dans ladite vidéo qui trône en bonne place sur sa page Facebook, parlant des dictateurs africains, je cite : « Vous voulez quoi, jusqu’où devons-nous aller pour nous faire entendre ? Et là je m’adresse aux dirigeants africains : hé, levez-vous, faites quelque chose ! Vous voulez quoi, que je vous supplie ? Vous voulez quoi, que nous entamions des grèves de la faim, pour que vous réagissiez ? Jusqu’à quand allez-vous profiter de l’argent, de la manne, que ce soit du pétrole ou d’autres… matières premières de nos pays, être dans les Panama Papers, dans les Paradise Papers, avoir des comptes partout, avoir des villas partout, et ne rien faire pour cette jeunesse ? Combien de temps encore ?  Hè, nous on est prêts. On est prêts ».

Tiens, donc ! Panama Papers ? Paradise Papers ? Des comptes partout ? Des villas partout, et ne rien faire pour cette jeunesse ? Comme c’est fou ! Mais il parle bien de Sassou et son clan, lesquels sont bien impliqués jusqu’au coup dans tous ces scandales !

Jean Jacques MORAWA

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