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Sassou réendette le Congo et gage à nouveau le pétrole du pays

politique
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Parlant de Sassou, l’ancien président Lissouba le traitait de « grand bandit que nous avons nourri ». Il ne croyait pas si bien dire.

Rappelons-nous. La Conférence nationale souveraine, en 1992, avait qualifié de crimes économiques les bricolages dans la gestion économique du pays par Sassou, pendant ses treize ans de pouvoir. A l'époque déjà, il avait endetté le pays et gagé le pétrole pour des années, hypothéquant l’avenir de nos enfants. Après son retour au pouvoir en 1997, suite à un coup d’Etat sanglant, grâce à un tour de passe-passe et à beaucoup de corruption, il avait obtenu des institutions financières internationales l‘annulation de la dette du Congo.

Des années après, il recommence, en toute impunité, dissimulant même éhontément, tel un voleur, les vrais chiffres de la dette. Une fois de plus, le voilà encore prêt à passer sous les fourches caudines du FMI. C'est en tout cas ce que révèlent un article de RFI paru ce jour (lire ci-dessous) aussi bien qu'une information livrée par notre confrère " Les Echos " (lire : Le Congo au bord du défaut de paiement).

Entendons-nous bien. L’endettement n’est pas un mal en soi, encore faut-il qu’il serve à financer des investissements productifs. Or Sassou, un indécrottable cancre en économie, dépourvu par ailleurs de toute vision de l’avenir, a encore gagé le pétrole pour des années, réussissant à nouveau l’exploit d’endetter le pays, à une hauteur record de 120% du PIB, avec sa politique des prétendus grands travaux, entendez celle des équipements sportifs surdimensionnés (lesquels ont abrité les Jeux africains mais aujourd’hui laissés à l’abandon), la construction d'un hôpital suréquipé dans son village d’Oyo (lequel attend toujours de se remplir), la construction d'un aéroport international à Ollombo - qui n’est desservi que par l’avion présidentiel - le financement et le subventionnement d'un tonneau des Danaïdes dénommé Ecair, une compagnie aérienne qui, du jour au lendemain, a fait faillite, l'engloutissement de sommes folles, mais en pure perte, dans la « municipalisation accélérée » dont beaucoup de chantiers inachevés menacent ruine, une vraie opération de blanchiment au profit de son clan en réalité, l'organisation de la " Route de l'Equateur ", une course de  voiliers Marseille-Pointe-Noire (coût en 2005, plus de 2 milliards de FCFA, officiellement), aujourd'hui abandonnée,  l'entretien d'une guerre de la haine atavique dans le Pool, avec une armée pléthorique et suréquipée, l'entretien de services publics (SNE, SNDE... ) budgétivores mais inefficaces, ou simplement l'enrichissement éhonté de son clan mbochi et le détournement des fonds publics, un vrai sport national pratiqué tous azimuts avec la complicité et sous les applaudissements du dictateur (voir par exemple l'affaire des biens mal acquis).

Il y a plusieurs mois, Mme Christine Lagarde, directrice du FMI, flanquée de M. Michel Sapin, ministre français de l'Economie, alarmés par les difficultés financières traversées par les pays de la zone CEMAC, s'étaient invités à Yaoundé pour plaider pour une dévaluation du Franc CFA dans ladite zone. Une solution honteuse promptement repoussée par les chefs d'Etat concernés, en tête desquels un certain Sassou, lequel avait auparavant lancé aux yeux de l'opinion la poudre de Perlimpinpin de la convertibilité entre le yuan chinois et le franc CFA.

Aujourd'hui demeure, plus que jamais la question : jusqu’à quand le Congo supportera-t-il ce «  grand bandit que nous avons nourri », pour qui la diversification de l'économie et l'autosuffisance alimentaire ne sont que des slogans depuis plus d'un quart de siècle ? Un homme pour qui gérer l'économie d'un pays se réduit à la dette et à gager le pétrole ? Jusqu'à quand ce dictateur irresponsable et incompétent nous perdra-t-il un temps précieux (déjà plus de trente ans !) sur le chemin de l'émergence ?

Moleki Nzela

 

Lire l'article de RFI

[Info RFI] La dette cachée du Congo-Brazzaville

C'est une information RFI. La dette publique du Congo-Brazzaville atteint 120% du Produit intérieur brut. En mars dernier, le FMI qui est en discussion avec Brazzaville sur éventuel programme d'aide budgétaire, avait annoncé un chiffre bien inférieur, 77 %... mais à l'époque, le Fonds monétaire international s'était plaint d'un manque de transparence de la part de Brazzaville sur les transactions liées au pétrole congolais. Une partie de la dette était donc cachée.

C'était un secret bien gardé mais en juin dernier, Brazzaville, affaibli par ses défauts de paiement répétés, a finalement dû révéler au FMI l'ampleur des dégâts: une dette de 120% du PIB, soit presque deux fois le taux autorisé au sein de la zone CEMAC.

En cause : la réalité des comptes du gouvernement congolais en Chine. Brazzaville a signé un partenariat stratégique avec Pékin prévoyant la réalisation d'une vaste série de grands travaux, en échange d'une partie des revenus du pétrole. Un partenariat - opaque -, dont les montants - faramineux - ont longtemps relevé du « secret d'Etat », déplore une source proche du dossier.

Un pari risqué sur un rebond de l'or noir

Mais ce n'est pas tout. Brazzaville avait aussi omis de partager avec le FMI l'existence de certains contrats passés entre la société nationale de pétrole et de grands traders, tels que Glencore et Trafigura qui ont prêté au Congo d'importantes sommes d'argent. Des centaines de millions de dollars en échange de futures livraisons de pétrole.

Des promesses à la Chine, à Glencore, à Trafigura, entre autres, pour une seule et même manne pétrolière, en pariant sur un rebond des cours de l'or noir qui n'arrive toujours.  « Une course folle », résume un observateur,  pour tenter d'apurer une dette qui, finalement, de contrat en contrat, n'a cessé d'augmenter et hypothèque aujourd'hui l'avenir du pays.

Les discussions entre Brazzaville et le FMI  suspendues le temps des élections congolaises devraient se poursuivre. Pour le moment, aucun accord n'a été trouvé sur un éventuel programme d'ajustement.

© RFI.

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