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Sassou et sa nauséeuse culture de la mort

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L’actualité de ce semestre de 2017 fait état d’une accentuation des bombardements des populations du Pool et son corollaire de morts, en nombre des soldats du régime de Brazzaville. Tellement nombreux que les autorités en dissimulent une partie afin de continuer à accréditer l’idée selon laquelle il n’y aurait pas de crise au Pool, et que seul un bandit s’y cacherait dans les buissons.

Enivrées de sang, les (toujours mêmes) autorités congolaises qui terrorisent leurs populations, n’ont pas le courage d’avouer leurs crimes. Ils les maquillent sous un langage auquel les occidentaux sont susceptibles d’être sensibles. Ainsi parlent-ils de de « terroristes » qui séviraient dans le pays. Lorsqu’elles prennent la parole, c’est pour empapaouter l’opinion internationale et intimider les populations locales. La violence, érigée en mode de gouvernement, leur garantit une longévité artificielle. Cette culture de la mort ne peut constituer un « chemin d’avenir ».

En effet depuis plus d’un an, les autorités congolaises se livrent à des crimes de sang dans la région du Pool sans rendre compte, ni dresser un quelconque bilan. Pire elles n’osent pas assumer. Nier, minimiser ou mentir ne peuvent ruiner la vérité d’un fait alors que les morts se comptent par centaines.

L’incapacité des dirigeants qui se sont emparé du pouvoir au Congo à gérer ce petit Etat d’Afrique centrale dans la paix, les pousse à commettre des exactions pensées et voulues comme telles. En effet, troubler soi-même l’ordre public afin de maintenir la pression auprès des populations apeurées s’inscrit dans leur logique de bannissement d’une région, celle du Pool, et de son asservissement. D’où le génocide.

L’actualité de ce semestre de 2017 fait état d’une accentuation des bombardements des populations du Pool et son corollaire de morts, en nombre des soldats du régime de Brazzaville. Tellement nombreux que les autorités en dissimulent une partie afin de continuer à accréditer l’idée selon laquelle il n’y aurait pas de crise au Pool, et que seul un bandit s’y cacherait dans les buissons.

ENFANT TUEMais la lassitude gagne les troupes de Sassou, lesquelles enregistrent de nombreux revers sur leur théâtre d’opérations. Certains n’hésitent déjà pas à conjecturer sur le comportement des militaires congolais actuellement en perte de moral et en pleine déconfiture dans cette région et à imaginer que cela pourrait ouvrier quelque perspective. Par exemple une mutinerie des troupes ou simplement la négociation avec Frédéric Bintsamou dit Pasteur Ntumi, même si Sassou semble rejeter d’emblée une telle solution. C’est que le climat devient pesant dans une ville, Brazza, où tout finit par se savoir.

C’est le grand paradoxe. Censé protéger les citoyens, l’Etat congolais est devenu un monstre. Ses représentants s’affublent une apparence des grands démocrates épris de paix, de justice et de liberté alors qu’il y a bien longtemps qu’ils ont perdu la raison. Nul sur cette terre ne peut admettre que des villages entiers deviennent des crématoriums. Hélas, c’est le cas au Pool où des villages sont incendiés et où les populations sont déplacées quand elles n’ont pas disparu, à l’abri de tout témoin.

Plus d’un an de bombardements intenses, de traque, de sauve qui peut, des centaines de villages rayés de la carte, et de crimes en tout genre à huis clos, nous renvoie à une chronique du génocide en cours dans cette région. Puisse la voix du Pape François, après celle de Mgr Milandou, Archevêque de Brazzaville, entendue il y a quelques semaines à ce sujet, s’élever davantage.

L’effondrement de l’Etat congolais et la désinvolture des autorités politiques et administratives issues essentiellement du clan d’un pouvoir aux contours mafieux, renseignent sur l’ampleur du gâchis et surtout du désastre et de la détresse des populations à bout de souffle.

Leur rapport de ce pouvoir à la vérité souvent biaisée, confronté au réel et à la réalité concrète, n’est qu’un amas de dénis et de contrevérités. Ce qui prouve la difficulté du régime à assumer ses forfaits. Quoiqu’il en soit, l’opinion internationale sait en réalité qu’il se passe quelque chose d’atroce au Pool, orchestrée par le pouvoir de Brazzaville. Cette chose n’est-elle pas passible de la Cour Internationale de Justice ? Un pays sans justice ne peut prétendre à la paix.

enfant yeuxDans ce pays où la répression est sans pitié, où le pouvoir a banalisé la mort au travers une doctrine basée sur le « goût du sang », la soif de justice ne sera jamais assouvie au regard de l’insondable douleur des populations.

Comment rester insensible face à l’atroce destin de cette fillette de trois ans exécutée à Mouyondzi ? Ces poignantes images quasi quotidiennes qui nous rayent la rétine et font le tour du monde achèvent de pointer du doigt le caractère odieux d'un régime prédateur et exempt d'humanité.

Gravées à jamais dans la mémoire collective des africains, les images de cet écolier congolais fauché brutalement par la bêtise humaine lors de la guerre en 1997 remontent à la surface. Et que dire de cet autre enfant aux yeux crevés par les toujours mêmes forces de l’ordre, mais en réalité au service du vice ? L’histoire semble bégayer au Congo-Brazzaville, pays où l’entêtement des dirigeants congolais le dispute à l’apathie des populations.

Ces nombreuses âmes innocentes ont droit à l’honneur. Un jour, il faudra bien que ce pays jette un regard de compassion sur toutes ces familles meurtries que l’on a plongées dans des deuils cruels. Le Congo de Sassou frise, pour bon nombre des congolais, l’enfer. La loi y est au service des ténèbres. Cette culture de la mort est une marque de fabrique du pouvoir de Brazzaville. Elle aura sévi tout au long de son règne, pendant plus d’un quart de siècle. Pourquoi tant de morts ?

Il serait de notoriété internationale d’appliquer ici le droit d’ingérence. En effet, parce qu’il y a violation massive des droits de la personne par un homme, Sassou, et son clan, érigés en Etat, il est vital de reconnaitre à d’autres Etats, le droit et le devoir d’intervenir, en vertu de la haute idée du respect de la vie humaine. La culture de la mort n’étant que la négation de l’épanouissement de l’homme, le vice et la perversion ne sauraient triompher de la vertu.

Abraham Avellan WASSIAMA