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Racket au commissariat central de Brazzaville

politique
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Au commissariat Central de Brazzaville dirigé par le général Jacques Antoine Bouity, les fonctionnaires de police ont échafaudé un système de racket. Une police dite administrative écume la ville capitale, rançonnant les artisans. Les policiers du commissariat central de Brazzaville distribuent à tout va des convocations aux patrons artisans qui œuvrent dans les secteurs hors pétrole.

 Racket : extorsion d’argent par intimidation ou violence.

Clément Mouamba a fort à faire. Il a du pain sur la planche. L’une des missions assignées par le Calife d’Oyo, Denis Sassou Nguesso, au Premier ministre Clément Mouamba est la lutte contre la corruption, la concussion et le clientélisme. Changement d’époque ou simple diversion ? De toute façon, mission titanesque.

Le phénomène de la corruption a tellement pris de l’ampleur et gangréné des pans entiers de la société du Congo-Brazzaville que celui qui en viendra à bout fera pâlir d’envie Hercules qui parvint à nettoyer les écuries d’Augias. Le projet d’assainissement est sympathique. Mais il est diabolique, quand, notamment, on en exclut les cas d’école comme Christel Sassou, Gilbert Ondongo, Henri Djombo, Albert Ngondo, Jean-François Ndengué, Antoine Gakosso, Jean-Jacques Bouya qui, justement, tirent les ficelles. A quoi conduit cette brettelle du « chemin d’avenir » sinon vers les Calendes grecques ?

Mafia

Au commissariat Central de Brazzaville dirigé par le général Jacques Antoine Bouity, les fonctionnaires de police ont échafaudé un système de racket. Une police dite administrative écume la ville capitale, rançonnant les artisans. Les policiers du commissariat central de Brazzaville distribuent à tout va des convocations aux patrons artisans qui œuvrent dans les secteurs hors pétrole. Ils participent pourtant efficacement à la diversification de l’économie du Congo-Brazzaville prônée par les institutions de Bretton Woods. Or, il ne se passe pas un jour sans que les policiers du commissariat central de Brazzaville ne s’invitent chez les artisans munis d’une convocation pour une éventuelle enquête administrative. A noter qu’au Congo-Brazzaville, la simple présentation d’une convocation équivaut au règlement de la somme de 5000 francs CFA de frais qui atterrissent dans les poches de la police. Cette somme est obligatoire pour tout contribuable qui reçoit une convocation d’une quelconque administration. La multiplication des convocations administratives participe de ce racket de type napolitain car, une grande part de cette « taxe » échappe à la comptabilité publique. Vous parlez d’une mafia !

Petits artisans

Parmi les pièces exigées pour l’exercice d’une activité artisanale : un papier du ministère de l’Industrie. Or, les patrons d’ateliers de mécanique, de soudure, de menuiserie, de couture, de tôlerie ne sont pas des industriels. Ils relèvent plutôt de l’artisanat.

Au commissariat central de Brazzaville, les artisans sont accueillis par une horde de policiers en furie prêts à leur mettre le grappin dessus si le « papier de l’Industrie » ne compte pas parmi les pièces du dossier. Pour ceux des artisans inscrits à la Chambre des Métiers qui connaissent la procédure et qui osent faire entendre raison aux policiers véreux, ils sont envoyés dans les cordes. Les femmes policières du commissariat central de Brazzaville sont les plus volubiles et les plus exigeantes. Ces femmes montent le ton pour saper le moral des patrons artisans. L’insolence côtoie l’humiliation. Elles vocifèrent en lingala. « Bimissa mbongo ! » (sortez les sous !). Elles jouent les méchantes. De vraies vipères. Les menaces fusent : « C’est vous qui dirigez ce pays ? Qu’est-ce que vous voulez nous apprendre ? »

La non-présentation dudit « papier » est sanctionnée par une amende de 120.000 francs CFA en plus de 5000 francs CFA de la convocation. Dans les locaux du Commissariat Central de Brazzaville, le harcèlement est permanent. La notification de la garde à vue est brandie face aux artisans qui font de la résistance : « vous allez passer la nuit ici si vous ne payez pas, vous ne verrez pas vos enfants ni votre femme  ».

Division du travail

Le travail est bien reparti. Une « division du travail » diraient les économistes. Les femmes, serpents à sonnette, agressent. Les hommes, magnanimes, font la modération. Mais la cavalerie n’est pas loin. Au terme de plusieurs heures d’intimidation et de torture morale, un haut gradé, généralement un colonel, se propose de vérifier le dossier. Plus conciliant, le colonel procède ainsi au contrôle et à la vérification des pièces du dossier. Comme après l’attaque de la caravane par les Indiens, l’officier surgit in extremis en sauveur sauf qu’au commissariat central de Brazzaville, habile comédien, ce troisième larron n’est pas étranger à la manœuvre d’extorsion des fonds. Le stratagème est huilé. La sentence tombe : « votre dossier est complet. Vous pouvez partir à condition de verser 20.000 francs CFA d’essence pour participation aux frais de déplacement. »

Ce n’est qu’après versement de la somme de 25000 francs CFA au commissariat central de police de Brazzaville que le patron artisan peut recouvrer la liberté : longue journée de garde à vue qui ne dit pas son nom. On l’a vite compris, le colonel chargé de faire respecter la loi est le cerveau du crime. 25 000 francs CFA par artisan, c’est un joli pactole que se partagent les ripoux du commissariat central à la fin de la journée.

Jean-François Ndenguet : éminence grise

Il n’est pas surprenant que Jean-François Ndengué et Jacques Antoine Bouity reçoivent leur part du butin. C’est un véritable racket en bande organisée qui a pris forme dans l’enceinte du commissariat central de Brazzaville. Les taximen de Brazzaville sont victimes au quotidien de ce modèle économique sicilien de la part des policiers qui essaiment les grandes artères de la ville capitale. Ne citons même pas les vendeurs à la sauvette, les marchands des poissons et des légumes et les femmes commerçantes. Quant aux commerçants ouest-africains, ils sont contraints se payer la protection des policiers en vue de passer entre les mailles du filet de la « vraie » administration. La mission de la police est de veiller et d’assurer l’ordre public, en vérité les flics font partie de l’appareil répressif du Chemin d’avenir. Les policiers du commissariat central de Brazzaville n’ont pas qualité et compétences à contrôler et à vérifier la viabilité des dossiers administratifs. Ni de lever l’impôt de quelque manière que ce soit. Il existe des services au sein des différentes administrations (douane, impôt, commerce, trésor) habilités à exercer ce genre de tâches. Mais les condés de Ndenguet usurpent leurs rôles.

Le commissariat central de police de Brazzaville a une triste réputation. On y entre comme dans un coupe-gorge. Certains usagers y ont laissé leur peau, leur vie. D’autres, comme Paulin Makaya, Ambroise Hervé Malonga (en short), ont pris la direction de la maison d’arrêt de Brazzaville en quittant ces tristes locaux.

Benjamin BILOMBOT BITADYS