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Les dirigeants de l’opposition dans le collimateur de Sassou

politique
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Les premiers martyrs de la lutte pour la libération du peuple congolais du joug dictatorial sont tombés, hélas, ce 17 octobre 2015 à la place Lumumba, appelée aussi place de la République à Pointe-Noire. Quel symbole !

La liberté est une grande conquête que doivent défendre tous les démocrates en tout temps et en tout lieu. Cet acte criminel complète une très longue liste de forfaits du pouvoir de Brazzaville, tellement longue qu’on comprend aujourd’hui que Sassou veuille se protéger de la justice via son projet de nouvelle constitution (articles 10 et 96) qui lui assurerait l’impunité ad vitam aeternam.

Face à ce régime gangstérisé depuis le sommet, les congolais gardent leur sang-froid et prouvent leur maturité en honorant les victimes de Pointe-Noire par la poursuite de leur juste cause visant, sans détour, l’éviction de la dictature. 

De sa mollesse réelle ou supposée, l’opposition congolaise semble désormais dans la capacité à transformer ses interrogations et maladresses en une attitude responsable et déterminée, posant les pierres les unes après les autres, sans précipitation ni brutalité, dans un contexte dictatorial féroce.

A l’issue de ce très réussi dernier meeting ponténégrin du 17 octobre 2015, la panique du pouvoir, adepte de la violence, est palpable. D’abord assignés à résidence dans la ville de Pointe-Noire, les dirigeants de l’opposition ont été interceptés en rase campagne par les militaires de Sassou, hors de la ville. La plupart des dirigeants de l’opposition se trouvaient dans ce convoi qui roulait vers Dolisie pour un meeting prévu dans cette ville ce dimanche 18 octobre, avant celui de Kinkala le lundi et la grande « messe finale » du 20 octobre à Brazzaville.

La plupart des dirigeants de l’opposition se trouvaient dans ce convoi qui roulait vers Dolisie pour un meeting prévu dans cette ville ce dimanche 18 octobre, avant celui de Kinkala le lundi la grande « messe finale » du 20 octobre à Brazzaville.

On comprend dès lors l’énervement du pouvoir, décidé de contrecarrer les plans de l’opposition. Tour à tour le chef d’état-major de l’armée et Oko Ngakala le procureur maison  ont été chargés d’intimider et de menacer les Congolais. En vain. Il semblerait que si Sassou a pu empêcher les dirigeants de l’opposition que sont Okombi Salissa, Tsaty Mabiala, Parfait Kolelas…d’animer le meeting de Dolisie prévu ce jour, il aurait été obligé, sous la pression populaire, de se rendre à l’évidence et d’annuler la mesure d’assignation à Pointe-Noire frappant ces derniers. Selon certaines informations, ceux-ci seraient en route à cette heure vers Dolsie où le meeting aurait néanmoins eu lieu.

Il demeure que la tension est extrême au Congo en cette fin de mois d’octobre.

On espérait que Sassou terminât son énième mandat et qu’il s’en allât tranquillement après avoir négocié son amnistie. On attendait qu’il s’assagisse et qu’il se passât de ses réflexes brutaux et sanguinaires, qu’il se raisonnât, à l’image des vieux caïds en pleine repentance. On aurait souhaité qu’il écoutât les cris venus du pays profond mêlés à ceux émis depuis le bout du monde et ceux des capitales occidentales l’exhortant à davantage de lucidité.

Hélas, l’homme, enferré dans ses chimères et coupé de la réalité, s'enferme dans un entêtement quasi suicidaire. Imperméable à toutes les suggestions de bon sens, il se trouve pris au piège de sa logique, devenant, de fait, prisonnier de sa propre vérité.

Preuve est faite que Sassou n’est pas comme le défunt Mathieu Kérékou qui, en homme de bon sens aimant son pays plus que lui-même, s'était il y a quelques années, retiré  du pouvoir discrètement, ouvrant, cahin caha, la voie à l’émergence d’une culture démocratique au Bénin.

A l’inverse, Sassou, lui, a toujours cru à la force de son épée, pensant une fois de plus y trouver son salut. Par là il suit la voie tracée par Mobutu qui, après plus d’un demi-siècle de dictature fut pitoyablement chassé du pouvoir et repose aujourd'hui dans les poubelles de l'histoire.

Abraham Avellan WASSIAMA

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