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Sibiti accouche d’une monstruosité

politique
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Tribune libre

Lancé à grand son de trompe et à grand coup de nguiri (sacs remplis d’argent, ndlr), le dialogue de Sibiti voulu par Sassou Nguesso et les épigones du « chemin d’avenir » et boycotté à juste raison par les leaders de l’opposition renforcée par quelques partis de la majorité, a accouché d’une monstruosité institutionnelle.

Le pseudo Dialogue National , qualifié de monologue de Sibiti par les populations du Congo-Brazzaville avides d’ironie, n’est qu’une mise en scène dont le metteur en scène est incontestablement le manipulateur, l’enfumeur Denis Sassou-Nguesso et ses acteurs, moutons de panurge ayant à leur tête les bergers Firmin Ayessa, Pierre Ngolo et André Obami Itou, auxquels il faut bien ajouter Bokamba Yangouma, Nicéphore Fylla de Saint Eudes, Théodorine Kolelas, Jean Jacques Yhombi opango, Chris Oualembo, Kignoumbi Kia Mboungou, Nganguia-Engambé…

Plateau d’argent

Denis Sassou Nguesso souhaite le changement de la Constitution du 20 janvier 2002 qui lui offrirait la possibilité de briguer un troisième mandat afin de mourir au pouvoir. Le dialogue de Sibiti le lui a servi sur un plateau d’argent. Jugez-en.

Les débats au sein de la Commission ont fait ressortir trois tendances : la première a soutenu l’évolution des institutions par le changement de constitution ; la deuxième a soutenu l’évolution des institutions par la révision ; la troisième a soutenu le maintien de l’actuelle Constitution.

Sans surprise, une très large majorité s’est dégagée en faveur de la première tendance. Selon une vieille théorie, on n’organise pas un dialogue pour ne pas imposer son point de vue. Les évolutions proposées par celle-ci portent sur la volonté de « réformer nos institutions en conciliant les valeurs universelles de la démocratie et les réalités politiques, sociales et culturelles de notre pays ». Celles-ci sont passées comme une lettre à la poste.

A cet effet, les réformes à engager porteront sur :

a)- L’institutionnalisation des valeurs du dialogue et du partage ;
b)- L’institutionnalisation d’un exécutif bicéphale par la création d’un poste de Premier Ministre, nommé par le Président de la République, responsable devant celui-ci ;
c)- La fixation de l’âge pour être éligible à l’élection présidentielle à 30 ans minimum ;
d)- La fixation de la durée du mandat présidentiel à cinq ans renouvelable ;
e)- L’institutionnalisation d’une gouvernance qui prenne en compte les différentes composantes de la société congolaise, notamment les femmes, les jeunes, les personnes vivant avec handicap et les populations autochtones ;
f)- Le renforcement des pouvoirs du Parlement sur le contrôle de l’action de l’Exécutif, notamment par l’usage de la motion de défiance à l’encontre d’un membre du gouvernement et de la motion de censure contre le gouvernement ;
g)- La reconnaissance du statut particulier de l’opposition ;
h)- La reconnaissance du statut des anciens Présidents de la République, des anciens Présidents des chambres parlementaires et des anciens Premiers Ministres ;
i)- Le renforcement de la décentralisation ;
j)- La prise en compte des notabilités traditionnelles et religieuses ;
k)- la prise en compte de la diaspora ;
l)- La prise en compte des questions de protection et de préservation de l’environnement.

Pour une minorité des participants, qui ne s’oppose pas à une évolution des institutions, les points visés peuvent être réglés par le mécanisme de la révision et ne nécessitent pas un changement de constitution.

Une autre minorité prône le Statu Quo, à savoir le maintien en toutes ses dispositions de l’actuelle constitution.

En considération de ce qui précède, les participants au dialogue national 2015 « s’en remettent au Président de la République, initiateur du dialogue pour qu’il en tire les conséquences conformément à ses prérogatives constitutionnelles » (Congosite.com, 17 juillet 2015).

Tabou transgressé

La Constitution du 20 janvier 2002 sous l’emprise de laquelle fonctionnent nos institutions actuelles n’autorise pas le Président de la République à convoquer un dialogue quelconque sur le changement des institutions et surtout à tirer les conséquences à partir de quelque chose qui ne figure nullement dans l’actuelle Constitution. Sans surprise donc, les amis de Sassou Nguesso réunis à Sibiti du 13 au 17 juillet 2015 ont fait sauter l’âge limite et le nombre de mandats présidentiels.

Fallait-il vraiment cinq jours de faux-semblant entre camarades triés sur le volet pour arriver à ce constat d’évidence ? Au train où vont les choses, les conclusions des travaux de Sibiti rendues publiques vendredi 17 juillet 2015 apparaissent pour ce qu’elles sont depuis le départ : des recommandations pompeuses mais creuses pour habiller la volonté non dissimulée de Denis Sassou Nguesso de s’incruster à vie au pouvoir. En somme, un écran de fumée destiné à endormir les populations du Congo-Brazzaville et à ménager l’égo surdimensionné de Denis Sassou Nguesso, lequel n’envisage pas prendre la retraite politique. Sibiti a institutionnalisé une présidence à vie de Sassou. Pire, les opposants au changement qui ont fait le déplacement de la Lékoumou (par exemple, les fils Thystère, Yhomby) ont donné du crédit à la monstrueuse mascarade de Sibiti.

Toutefois, les populations du Congo-Brazzaville ne sont pas dupes. En attendant, le temps passe et rien ne se passe. Du moins pas pour l’instant. Denis Sasssou Nguesso avance avec ses gros sabots : consultation/dialogue/reférundum/élection présidentielle en 2016. Les leaders de l’opposition ainsi que certaines personnalités de la majorité présidentielle dissertent, Denis Sassou Nguesso consulte, rien absolument rien ne bouge. Du moins en apparence. A ce jour, à Pointe-Noire, un groupe de jeunes a été relâché après avoir été arrêté on ne sait pour quelles raisons : intimidation ? Des engins blindés ont sillonné la capitale hier à l’annonce de la monstruosité de Sibiti. A part ça rien de nouveau sous le soleil du futur...Roi soleil Sassou.

Etape après étape, sans coup férir, Denis Sassou Nguesso déroule son calendrier. Au Congo-Brazzaville, le coup d’Etat constitutionnel est en branle. Face à un adversaire de la trempe de Denis Sassou Nguesso, il est urgent de repenser la stratégie attentiste jusque-là adoptée.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

Notre commentaire

A l'attention de l'opposition congolaise et de tous ceux qui sont opposés au changement de constitution, nous disons, comme nos ancêtres : " Ils croient toujours que ce ne sont que ses seuls poils qui se consument au feu. Or, c'est le rat lui-même " !

En un mot, il faut battre le fer quand il est chaud. Qu'ils se croisent toujours les bras et demain, sodomisés bien profondément, ils deviendront la risée de l'Afrique et n'auront plus que leurs yeux pour pleurer. Les peuples n'ont que les dirigeants qu'ils méritent...

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