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Ndenguet à la retraite: un nettoyage pour baliser le chemin du fils Kiki ?

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La nouvelle est désormais officielle : Jean François Ndenguet part enfin à la retraite. Des rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux, mais peu y croyait, car l’homme semblait indéboulonnable.

 

La nouvelle est désormais officielle : Jean François Ndenguet part enfin à la retraite. Des rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux, mais peu y croyait, car l’homme semblait indéboulonnable.

Pourtant l’homme trainait ces dernières années, à tort ou à raison, la réputation d’un voyou incompétent, accessoirement affairiste, qui ne devait plus sa place qu’aux services loyaux qu’il continuait de rendre au clan familial au pouvoir. En effet, malgré l’insécurité galopante dans les villes du Congo - le phénomène des bébés noirs opérant au grand jour avec force machettes dans les milieux urbains - le directeur général de la police gardait la confiance du chef de l’Etat, le seul à qui il pouvait rendre des comptes. 

Mais il semble que sa dernière incartade par laquelle ses hommes ont fait irruption au palais de justice de Brazzaville, à l’appel de sa fille, laquelle venait de menacer un greffier, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. 

Il reste que le nom de Ndenguet, qui aura cumulé 27 ans comme directeur de la police, restera associé à plusieurs affaires. 

Disparus du Beach, crime contre l’humanité 

L’affaire dite des disparus du Beach concerne la disparition d’environ 354 civils qui avaient fui la guerre de 1997 ayant ramené Sassou au pouvoir.

Ces civils qui avaient trouvé refuge en RDC furent invités à rentrer au bercail en 1998 suite à un accord entre le Congo, la RDC et le HCR. 

A leur arrivée au Beach, port fluvial de Brazzaville, des jeunes furent triés et sauvagement assassinés. 

Jean François Ndenguet fut soupçonné, avec d’autres généraux, comme coupable de cette rafle.

Il comparut même lors du simulacre de procès dans cette affaire avec d’autres officiers, avant d’être acquitté. 

Quelques survivants portèrent plainte en France et Jean François Ndenguet fut interpelé en banlieue parisienne par la police française. Il séjourna une partie de la nuit à la prison de la Santé avant que Jacques Chirac, président français à l’époque, organisa nuitamment sa libération…. 

La répression des leaders politiques 

A chaque fois que le régime de Sassou s’est senti menacé, Ndenguet monta au créneau pour assurer la survie du pouvoir. 

Lorsque Mokoko décida de se présenter à l’élection présidentielle de 2016, il fut accueilli à l’aéroport de Maya-Maya par des petits voyous qui lui jetèrent des cailloux afin de l’intimider.

Aucune enquête ne fut ouverte pour faire la lumière sur ces violences attribuées par certains à des hommes de main ou à des policiers aux ordres de l’homme fort de la police. 

Lors des manifestations contre le changement de la constitution, des hommes habillés en uniforme de la police qui tiraient à balles réelles, ont pu bénéficier de l’impunité. 

Ainsi d’un certain Zoulou Bad à Pointe-Noire. Des jeunes sont tombés sous les balles. Aucune enquête ne fut ouverte. 

Marcel Ntsourou 

Cet officier des renseignements généraux tombé en disgrâce a été arrêté à son domicile suite à une opération de police ressemblant étrangement à une opération de guérilla urbaine. La rumeur avait rapporté que Ndenguet avait été en première ligne lors de cette opération. 

De manière générale, il n’était pas rare de constater que des policiers jouaient au football sur un espace réservé par l’opposition pour un meeting... 

Des manifestations pour revendications salariales furent souvent étouffées dans l’œuf par des policiers zélés. 

Toute cette omniprésence de la police avait un but : soutenir le régime en place. 

Fort de cet indéfectible soutien, Ndenguet a dû croire qu’il était à vie directeur de la police, à l’image du chef de l’Etat pour le fauteuil présidentiel. 

Il a même pu se convaincre, avec le sieur Okemba qu’il pouvait s’asseoir à la table des prétendants à la succession de « l’homme des masses ». 

De là l’opposition qu’on lui a souvent prêté de son opposition à une succession dynastique de Sassou par Kiki Nguesso. 

C’est le lieu de rendre justice à l’institution jumelle de la police, la CID (Centrale d’Intelligence et de la Documentation) anciennement connue par la DGST, célèbre fabrique de « fiches » contre les opposants politiques sans laquelle la répression organisée par la police n’aurait pas suffi au maintien du pouvoir en place. 

C’est dans cette maison d’ailleurs que trônait le sieur Philippe Obara, connu pour ses accointances avec Jean Dominique Okemba, un autre cacique du pouvoir qui nourrirait de grands rêves quant à son destin politique. 

Aujourd’hui, il est communément admis qu’avec le remplacement de Jean François Ndenguet et de Philippe Obara par des hommes de l’écurie de Denis Christel Kiki Nguesso, Denis Sassou Nguesso balise le chemin de sa succession par son fils. 

La signature d’accords militaires familiaux avec le Rwanda auraient été signés pour sécuriser l’opération. 

Cela va donc sans dire que ceux qui analysent les changements intervenus dans les services de la police et de la sécurité d’abord en termes de compétence de nouveaux promus risquent de faire fausse route. 

Qu’ils se rappellent une logique simple. : un dictateur ne met jamais en place des institutions républicaines compétentes dans le but premier de l’efficience, son seul souci étant celui de s’entourer d’hommes qui vont, avec zèle, faire allégeance pour servir ses propres desseins. C’est ce qui est attendu du sieur Obami Itou fils et c’est pour cette raison que les nouveaux promus, comme les sortants, sont originaires des mêmes contrées. 

En l’occurrence le grand dessein national du clan est que Kiki gouverne, le tout pour la perpétuation du clan familial pour plusieurs générations.