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L’Etat-Cartel Sassou a à nouveau vidé les caisses du Trésor public

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Dans notre plongeon pour savoir où va l’argent et pourquoi le Congo vogue de banqueroute en banqueroute, nous avons découvert des choses insolites :

Dans notre plongeon pour savoir où va l’argent et pourquoi le Congo vogue de banqueroute en banqueroute, nous avons découvert des choses insolites :

  • Orion Oil de Lucien Ebata est parmi les traders à qui le Congo rembourse de l’argent. Bizarre !

  • La SNPC est une super puissance qui emprunte de l’argent pour le compte de l’Etat sans aucun contrôle. Il arrive qu’elle prête de l’argent à des entités dont l’identité reste secrète.

  • Fin 2018, des objets financiers non identités devaient 1,18 milliard de dollars à la SNPC – Cette somme représente un montant plus élevé que son chiffre d’affaires annuel. À qui la SNPC a-t-elle prêté de l’argent, et pourquoi ?

 Le Congo traverse une période assez difficile et pour cause : les caisses de l’Etat sont vides. Cela se sent dans tous les secteurs de la vie nationale. Les avis de grèves se multiplient dans les secteurs clés du pays comme l’éducation, la santé, les transports etc.

 Dans le passé, la crise frappait les couches sociales les plus vulnérables comme les retraités et étudiants. Désormais elle n’épargne plus la classe privilégiée du système, à savoir les députés et sénateurs, sur laquelle s’appuie le régime pour se maintenir au pouvoir.

Avec la crise financière de 2024, le clientélisme du régime prend un sacré coup car il n’y a plus d’argent pour financer la corruption des consciences.

La question qui se pose est toute simple : où est passé l’argent engrangé dans la vente du pétrole à un moment où les prix sont restés élevés sur les marchés internationaux ?

En effet, depuis le déclenchement de la guerre Russie-Ukraine en février 2022, les prix du brut sur les marchés internationaux sont restés autour de 80 dollars américains, ce qui implique que le Congo a eu des revenus d’exportation s’élevant à environ 998,4 milliards de francs CFA en 2023, après avoir atteint 1140 milliards en 2022.

Toutefois, comme on le constate, cette embellie financière n’a eu aucune répercussion au niveau de la population, bien au contraire, les salaires, les pensions des retraités, les bourses d’étudiants voire même les émoluments des députés connaissent des sérieux retards dans les paiements.

Au moment de la publication de cet article, les enseignants de l’université Marien Ngouabi sont en grève, et il n’y a pas que cette catégorie. Le risque d’une année blanche est réel car dans quelques semaines les étudiants doivent passer leurs examens de fin d’année, faute de quoi l’année académique 2023-2024 sera considérée comme perdue.

Dans cette galère, les députés et sénateurs autrefois choyés par le régime accusent 10 mois d’arriérés de paiement. Les délaissés du pouvoir, ceux dont ne dépend pas la survie du régime totalisent pour certaines 24 mois d’arriérés de salaires. Ainsi en est-il des employés des mairies.

Il va sans dire que c’est peine perdue que de demander des explications sur l’utilisation des revenus pétroliers. En période électorale, on pourrait obtenir un bégayement du président tentant, sans convaincre, de rassurer la population sur des lendemains meilleurs. En ce moment tout ce que l’on pourrait obtenir c’est du mépris, ou une explication fallacieuse.

Explications ou pas, le congolais lambda a sa petite idée de là où va l’argent : c’est soit dans l’enrichissement illicite du cercle restreint du président, soit dans le remboursement de la dette car le régime de Sassou est toujours resté addictif dans l’utilisation des préfinancements pétroliers, malgré les recommandations du FMI de ne pas dépendre de ce mode de financement.

La dernière occasion en date pour contracter des prêts gagés sur le pétrole remonte à avril 2024 lorsque Raoul Ominga, patron de la SNPC, a fait le tour des capitales européennes pour mobiliser 2 milliards de dollars d’emprunts gagés sur la production future du pétrole. Il semblerait que cette mission se soit révélée infructueuse.

En effet, il n’y a plus grand monde qui se précipite pour prêter de l’argent au Congo car le pays a la réputation d’être surendetté. La relative amélioration des agrégats de la dette, 92% du PIB, est due à la fois au programme avec le FMI et aux prix élevés du brut. Une chute des prix du pétrole rendrait la dette du pays insoutenable, comme dans le passé, lorsque les dettes déclarées représentaient 120% du PIB.

En situation de surendettement, un pays consacre la plupart de ses revenus pour rembourser les vieilles dettes et connait des difficultés pour lever des fonds sur les marches de capitaux.

Du côté des agences de notation, le Congo a obtenu des mauvaises notations de la part des trois grandes agences internationales de notation comme Standards & Poor’s (B), Fitch and Ratings (CCC), Moody’s (B3). Ces mauvaises notations indiquent qu’il y a un risque très élevé de défaut de paiement de la part du pays, ce qui rend les créanciers assez frileux quand il s’agit de prêter de l’argent au Congo.

En outre, le Congo se bat toujours pour assainir sa situation avec les traders car les plus anciens qui nous accordaient des prêts gagés sur le pétrole sans rechigner, avec cette assurance de se faire rembourser sur des productions futures du pétrole, ont eu une mauvaise expérience en 2015.

En effet, courant 2015 en plein débat de changement de la Constitution, le Congo avait besoin d’argent frais que les traders tardaient à prêter, le pays étant en ce moment-là au bord du défaut de paiement. Le Congo a trouvé un nouveau trader, Mercuria, qui nous prêta 100 millions de dollars US ? tout en déclenchant la colère de Glencore et Trafigura, lesquels attendaient des remboursements en vain. Ces derniers menacèrent de trainer le Congo devant les tribunaux, mais des arrangements furent trouvés.

Depuis cette expérience, le Congo ne se contente plus de faire des deals avec les traders. Il lorgne de plus en plus du côté des banques qui acceptent d’entrer dans les arrangements des prêts gagés sur le pétrole. Les remboursements vers ces créanciers sont devenus de plus en plus importants.

En 2023, pour un total de 713,71 milliards de francs CFA de remboursements de la dette extérieure, une somme de 461,36 milliards était consacrée aux sociétés financières, soit un pourcentage de 64,64% du total, loin devant les remboursements aux multilatéraux, 5,8% et bilatéraux 29,5%.

Ces remboursements grignotent sur la part des revenus pétroliers qui tombent au Trésor public.

Selon plusieurs rapports de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), après la vente de son brut, la part qui va au Trésor public est très faible car d’énormes déductions sont faites pour payer les dettes des créanciers du pays. En 2017, la part qui a atterri au Trésor public représentait un très faible pourcentage de 2%.

En 2019, ce pourcentage s’est amélioré pour représenter 8%, ce qui reste un chiffre peu satisfaisant pour faire face aux besoins de l’Etat.

 Le rapport de l’ITIE de 2021, le dernier disponible sur le site du ministère de l’Economie et des finances, montre que le pourcentage des revenus pétroliers en destination du Trésor public reste en dessous de 10%.

Cette anomalie tient à plusieurs faits: a) dans la négociation des contrats avec les compagnies pétrolières, la part de l’Etat est faible : 27,54% contre 72,54% pour les compagnies pétrolières sur l’année 2017; b) La petite part qui revient à l’Etat sert en grande partie à payer les dettes, à la Chine, aux traders parmi lesquels Orion Oil, le remboursement d’Eni pour la centrale à gaz et même à des entités inconnues; c) La SNPC se comporte comme un acteur économique hors contrôle: il contracte des prêts sur les marches internationaux et, par moment, accorde aussi des prêts à des entités dont l’identité reste secrète. Une vraie opacité comme on sait la pratiquer au pays de Sassou.

Avec cette façon de gérer la ressource la plus importante du pays, il n’est pas étonnant que le pays aille depuis les années 80s de banqueroute en banqueroute