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SOS, appel à l'aide des populations menacées du sud du pays

Congo B
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Des coups de feu ont été entendus  aujourd'hui dans les quartiers Mayanga et Makélékélé à Brazzaville, mais aussi à Ntié tié, un arrondissement de Pointe-Noire. La radio de propagande de Sassou évoque une incursion des Ninjas alors que les populations ont reconnu des miliciens du pouvoir. Dans les quartiers sud de la capitale et à Pointe-Noire, où la vie s’est arrêtée, on se souvient que le pouvoir s’était appuyé sur un motif identique pour déclencher la guerre de 1997-1998 contre les civils.

Suivant le même scénario qu’en 1997, Sassou voudrait replonger le sud du pays, lequel a voté contre lui, dans le chaos.

Est-ce reparti comme en 1997 au Congo ? Des coups de feu ont été entendus depuis la nuit du dimanche 3 au lundi 4 avril dans les quartiers Mayanga et Makélékélé, au sud de Brazzaville. L'arrondissement Ntié Tié à Pointe-Noire connaîtrait également un feu nourri d'armes lourdes. La radio de propagande de Sassou évoque une incursion des Ninjas " Nsilulu " qui auraient attaqué " une position militaire ainsi que quatre commissariats ". Dans les quartiers sud de la capitale où la vie s’est arrêtée et où l'on observait un déplacement de populations vers les quartiers nord, sur ordre des militaires, on se souvient que le pouvoir s’était appuyé sur un motif identique pour déclencher la guerre de 1997-1998 contre les civils.

Cette fois-ci, même s’il n’est pas exclu que le cartel d’Oyo ait manipulé une poignée d’anciens Ninjas, recyclés parmi les hommes de main de Ndengué, afin de créer de toute pièce une « situation », il semble avéré que ce sont des hordes hétéroclites de miliciens aux ordres du pouvoir (en l'occurrence les miliciens du député du PCT Mouagni qui paradaient il y a encore quelques semaines à la... télévision nationale) qui terrorisent des populations coupables d’avoir voté massivement contre Sassou, les tirs entendus à Pointe-Noire, une ville où les ex-Ninjas - qui n'ont du reste jamais disposé des armes lourdes utilisées - sont absents accréditant cette thèse, sans compter que certains miliciens à la solde du pouvoir s'exprimaient en lingala, lanque inconnue des Ninjas, et ont été reconnus par la population (1). Toute cette fausse rebellion qui ne manquera pas d'être attribuée à l'opposition a été créée dans un seul et unique but : susciter la peur ; proclamer l’état d’urgence qui permettrait au dictateur infatigable de conforter un pouvoir contesté par 90 % de la population. D'ailleurs, c'est dans ce climat de terreur que Sassou a sommé la Cour constitutionnelle de proclamer les résultats de l'lection. Ordre exécuté : son élection a été validée par 60,19% des voix...

Rappelons que les opposants sont pourchassés depuis plusieurs semaines. Une vaque d’arrestations de proches de dirigeants de l’opposition a déjà été opérée et se poursuit. Ce week-end, plus de trois-cents policiers, dont certains cagoulés, ont fait irruption à 3 heures du matin à l’hôtel Saphir appartenant à Jo Washigton  Ebina, un homme d’affaires proche de l’opposition. L’ambassadeur du Gabon, qui loge provisoirement dans l’établissement a été inquiété, sa chambre ayant été défoncée. Selon le porte-parole de la police, les forces de l’ordre recherchaient des « terroristes ».

Bowao, Mokoko, Kolelas, bref tous les dirigeants de l’opposition sont recherchés et se cachent. De source informée, le pouvoir rechercherait fébrilement les procès-verbaux (les fameuses « fiches jaunes ») qui attesteraient de la défaite de Sassou lors du scrutin du 20 mars dernier. Les détenir serait assimilé à une atteinte à la sureté de l’Etat car Sassou tiendrait à les faire disparaitre.

En lâchant ses miliciens surarmés pour semer le chaos dans les quartiers sud de Brazzaville, survolés par des hélicoptères, et à Ntié Tié (Pointe-Noire), le pouvoir moribond utilise une fois de plus le schéma éculé - pourtant battu en brèche lors de la campagne électorale au regard du score du général Mokoko dans le sud du pays - de Sassou protecteur du nord du pays contre la menace sudiste. Pour conserver le pouvoir, il brandit la menace armée sudiste, en fabriquant une rebellion armée destinée à souder le Nord autour de lui. Bref c'est le scénario du pompier pyromane qui lui est cher.

Aujourd'hui les Congolais, notamment ceux du sud du pays, lesquels lancent un appel à l'aide, un SOS, se posent plus que jamais la question : combien de morts leur coûtera encore la volonté de maintien au pouvoir d'un homme désavoué : Sassou ?

(1) :   « Je ne peux pas les [les pseudo assaillants, ndlr] avoir aidés puisque j’avais déjà remis les armes  », a-t-il dit.

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Une lettre de Kolelas

" Pendant la récente campagne électorale pour les Présidentielles, les populations de Brazzaville Sud, intimidées par les partisans du pouvoir, qui leur promettaient de repartir dans les forêts si elles ne votaient pas le candidat-président sortant, avaient massivement quitté leurs domiciles.

Depuis que les résultats provisoires de l’élection présidentielle ont été proclamés, nous avons assisté à un harcèlement policier des quartiers sud de Brazzaville ; des jeunes ont été emprisonnés puis libérés, emprisonnés encore et tout le temps, pour des motifs farfelus et puis encore libérés.

Récemment, nous avons assistés à la télévision congolaise à une mise en garde d’une milice du pouvoir toute vêtue de noir, stigmatisant la violence. Et le gouvernement est resté muet.

Aujourd’hui les paisibles populations de Brazzaville sud sont une fois de plus mises en danger.

Nous condamnons toutes les violences d’où qu’elles viennent mais disons ici et maintenant que face à tout cela, il n’y a qu’un seul responsable, le gouvernement de la République qui n’a pas pu lire les signes avant-coureurs.

Je demande à tous de se ressaisir car c’est autour de l’arbre à palabres que tout se règle.

Je demande aux hommes d’églises et à la communauté internationale de venir au chevet du Congo ".