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Droits de l’Homme et liberté de la presse bafoués au Congo

politique
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Droits de l’Homme au Congo. Anaclet Tsomambet :  « l'expérience de la DGST n'est pas à revivre ! »

 

Le mardi 4 novembre 2014, la police nationale avait fait irruption au domicile de Clément Miérassa, président du Parti Social Démocrate Congolais (PSDC), un parti d'opposition, où se tenait une réunion. Lors de cette violation manifeste de domicile, les policiers ont " molesté les participants, détruit et emporté des biens mobiliers et immobiliers. Les personnes interpellées, au nombre desquelles les professeurs Anaclet Tsomambet, Makita-Mbama, Henri Boukoulou et le bloggeur Patrick Eric Mampouya, ont séjourné six (06) jours durant dans des conditions inhumaines dans les geôles de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) à Brazzaville ", ainsi que le rapporte la RPDH, une ONG locale des droits de l'Homme l'ONG.

Lors d'une conférence de presse tenue le 27 novembre dernier, les responsables politiques embastillés dans les locaux de la Direction génétrale de la sûreté du territoire (DGST) ont témoigné de leur détention.

 " L'endroit est sans foi ni loi, on peut vous y détenir jusqu'à plus de 72h au mépris de la loi. Je ne sais pas si le pays a besoin d'endroits comme ça. La DGST franchement à quoi ça sert ? ", s'est interrogé le professeur Tsomambet dont le seul tort avait été de vouloir réagir sur les évènements du Burkina Faso.

" J'ai été gardé avec onze personnes dans un réduit, sans moustiquaire, avec trois petits matelas, exposé aux piqures de moustiques. Chaque jour ils nous apportaient un sandwich à la sardine que nous avons d'ailleurs refusé de manger. Heureusement que notre nourriture venait de l'extérieur, de nos parents. Ces pratiques doivent cesser, c'est une humiliation. On ne peut pas traiter les êtres humains dans ces conditions " a-t-il poursuivi.

" Je suis quand même un ancien ministre de ce pays, un Grand officier du mérite congolais, un ancien recteur de l'université Marien Ngouabi, un Grand commandeur de ce pays, un Grand Prix de la recherche scientifique. Pourquoi traiter des cadres comme ça ", a-t-il plaidé.

Quant au professeur Henri Boukoulou, son compagnon d'infortune, il a témoigné, au bord des larmes : " Je ne savais pas que ces choses-là existaient encore dans notre pays. Nous ne sommes pas de criminels ou de vulgaires voleurs pour être traités ainsi comme au temps du monopartisme. J'ai passé trente ans de ma vie à enseigner les jeunes gens à l'université. Et qu'on me bastonne, franchement que reste-t-il d'un citoyen responsable comme moi ? J'ai ensuite passé six jours sans me laver, sans vraiment me coucher ".

" La DGST n'est pas le lieu habituel pour garder les gens qui doivent être poursuivis en justice. C'est une structure qui a des pratiques à bannir et à dénoncer. Ces pratiques nous rappellent celles de l'ancienne sécurité d'Etat au temps du mono ", a rappelé Clément Mierassa.

Le bloggeur Eric Mampouya a précisé pour sa part qu' " On ne devait faire kaka que deux fois par jour, à 7h et à 19h. On peut se laver, mais sans savon, on mange des sardines. Des endroits qui ne devraient pas exister dans notre pays, des choses absolument à bannir " a-t-il conclu.

 

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Philippe Mvouo, le fossoyeur national de la liberté de la presse

 

Philippe Mvouo, président du Conseil supérieur de la liberté de communication, dans son désir de bien se faire voir de son maître Sassou Nguesso, a interdit la parution de nombreux journaux exclusivement d’opposition et a sommé la presse de ne pas comparer la situation du Burkina Faso à celle du Congo car chaque pays à son histoire !

 La RPDH souligne d'ailleurs dans une note le " rôle ambigu joué par le CSLC dans la protection de l’intégrité des médias ". Et de relever :

La RPDH déplore l’indifférence du Conseil Supérieur de la Liberté de Communication (CSLC) face aux turpitudes vécues par la presse au Congo, alors même que cet organe  est supposé se charger de veiller au bon fonctionnement de la liberté de l’information et de la communication (articles 161 et 162 de la Constitution du 20 Janvier 2002). La loi n°4-2003 du 18 Janvier 2003 fixe d’ailleurs ses  missions, s’agissant notamment de :« suivre les médias et assurer leur protection contre les menaces et entraves dans l’exercice de leur fonction d’information libre et complète ». Or, au lieu de garantir la liberté de communication, le Conseil s’attèle à la restreindre, à travers des suspensions abusives des médias trop critiques du pouvoir ainsi que par des interpellations régulières et des menaces non voilées à l’endroit des journalistes, les suggérant régulièrement d’éviter de diffuser des informations susceptibles« de troubler la paix ». Le point culminant a été atteint avec la fermeture définitive en mai 2014 du journal Talassa ; journal taxé par le CSLC d’avoir posé des actes visant à la manipulation de l’opinion, l’incitation à la violence et l’atteinte à la sureté nationale. Pourtant le CSLC, qui a la mission de garantir la liberté de la presse au Congo, demeure étrangement muet face aux actes de harcèlement et d’intimidation dont font l’objet les journalistes.

Lire la note de situation de la RPDH à ce sujet

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