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Déclaration suite à la situation sécuritaire du Pool et requête contre Sassou à la CPI

Congo B
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Quelle que soit la gravité des faits, rien ne peut justifier de la part des pouvoirs publics des attaques aussi injustifiées envers une population qui serait soupçonnée d’abriter des bandes armées, jetant ainsi hommes, femmes et enfants sur les routes quand ils ne sont pas obligés de se cacher dans les forêts et savanes environnantes contraints d’abandonner derrière eux, parents et amis victimes innocentes des actes insensés des uns et des autres.

Déclaration

Crise post-électorale à la suite du scrutin du 20 mars 2016   

Situation sécuritaire dans le Département du Pool

A

L’Attention de Monsieur Denis Sassou Nguesso  

Président de la République du Congo

Que faut-il encore d’égarements et de drames à un pays qui, en un demi-siècle d’indépendance, amoncelle nombre de contentieux historiques non encore soldés et qui continuent de hanter l’inconscient collectif, pour que ses élites retrouvent enfin la voie de la raison et fassent de la recherche du consensus une tradition dans le règlement des questions essentielles qui touchent au vivre-ensemble ?

Les raisons d’un climat post-électoral délétère ont fini par prendre une tournure sécuritaire dramatique du fait de l’intrusion de gens armés dans les quartiers sud de Brazzaville, venant on ne sait d’où. Ce climat de peur et de terreur installé dans les arrondissements sud de la Capitale, se répand dangereusement dans le Département du Pool sous le couvert d’une opération menée par une police équipée d’un arsenal militaire impressionnant et disproportionné dont l’usage dans des zones habitées est inacceptable et intolérable.

De sources gouvernementales et policières, la communauté nationale sait que de nombreuses localités (Soumouna, Vinza, Mayama, Goma tse tse, Nsouelé, et d’autres) du Département du Pool ont été, en quelques jours, littéralement bombardés par des hélicoptères de combat dans le but, selon cette version officielle, de « traquer les auteurs des événements de la nuit du 03 au 04 avril 2016 et ses commanditaires supposés ».

Il aurait été souhaitable qu’une véritable enquête indépendante soit diligentée pour faire la lumière sur cette affaire et établir de façon indéniable toutes les responsabilités.

Quelle que soit la gravité des faits, rien ne peut justifier de la part des pouvoirs publics des attaques aussi injustifiées envers une population qui serait soupçonnée d’abriter des bandes armées, jetant ainsi hommes, femmes et enfants sur les routes quand ils ne sont pas obligés de se cacher dans les forêts et savanes environnantes contraints d’abandonner derrière eux, parents et amis victimes innocentes des actes insensés des uns et des autres.

Après les expériences douloureuses des guerres civiles de ces dernières décennies, tous les congolais sont d’accord pour dire qu’aucun d’entre eux ne devrait plus payer de sa vie le règlement des conflits politiques. Ceux-ci devraient pouvoir trouver leur dénouement dans le dialogue et la concertation, ou simplement, par l’application rigoureuse des lois et règlements de la République. 

Les signataires de la présente déclaration demandent aux autorités de notre pays, au Président de la République, garant de la paix et de la sécurité de tous les congolais(e)s, de prendre toutes les dispositions utiles et urgentes pour un arrêt immédiat des opérations militaires dans le département du Pool. 

L’exigence de vérité et le droit à l’information des populations impliquent que les autorités nationales fassent œuvre de transparence dans l’exécution de cette mission d’utilité publique et de sécurité nationale.

Tous les compatriotes soucieux de l’équilibre social et attachés aux idéaux de concorde et d’unité, tous ceux engagés dans la réalisation d’objectifs majeurs en rapport avec le développement économique et social de notre pays, et prêts à relever les nombreux défis qui nous attendent, aspirent à la Paix.

Les signataires de la présente déclaration :

-          en appellent à la retenue des acteurs impliqués dans divers processus politiques susceptibles de porter les germes de la violence,

-          encouragent les pouvoirs publics à user de toutes les voies de sagesse et de droit pour créer les conditions d’un dialogue inclusif, constructif, et franc entre les filles et fils du pays dans la résolution des problèmes qui les concernent ;

-          déclarent leur disponibilité au service de l’intérêt général.

Le Congo est un patrimoine commun. Nul ne peut se prévaloir du droit de le détruire pour des considérations égoïstes et partisanes.

Patriotiquement votre.

Brazzaville, le 12 avril 2016.

Les Signataires

DIABELO KIVOUVOU F. Wilfried, Economiste-Manager/Président de LCL

NDALLA Claude Ernest, Ancien Ministre

NKOUTA Daniel, Colonel à la retraite

MOUTSARA GAMBOU Gilda Rosemonde, Ecrivaine

Me MBEMBA Jean Martin, Avocat/Ancien Ministre

KONDO Anatole, Ancien Ambassadeur

MIAKA Teddy, Cadre d’entreprise/Logisticien

SAMBA Janvier, Enseignant

YENGUITA Arsène, Journaliste

NKALLA-LAMBI, Journaliste/Diplomate à la retraite

MADIKI MANZANZA Donatien, Architecte

SIASSIA Fréderic, Cadre d’entreprise

MATSIMOUNA Auguste, Ancien Directeur de Cabinet

SINDA Thierry, Ecrivain-Poète

MATSIMA Jean-Paul, Entrepreneur

BEN Joëlle Leinette, Professeur de Mathématiques

KEON Didier, Ingénieur Informatique

PANTOU Éric, Avocat au Barreau de Paris

SINDA Martial, Historien-Poète

BIMBOU Gustave, Sociologue

MILONGO Placide, Ingénieur Agronome

MIZIDY Paulin, Ancien Conseiller à la Présidence

KOUKA Souleymane, Médecin- Kinésithérapeute

MOUKOLO Joseph, Enseignant.

 

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Congo : une requête lancée contre Sassou devant la CPI

Par La redaction de Mondafrique -

19 avril 2016

 

Avocat rattaché au barreau des Hauts de Seine, Philippe Missamou a adressé, le 12 avril, une requête auprès de la Cour pénale internationale contre le président congolais Denis Sassou Nguesso. Il entend porter à la connaissance de la Cour « les renseignements concernant des actes et agissements susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité, crimes de génocide et crimes de guerre (…) perpétrés par les autorités militaires du Congo Brazzaville. »

Cette demande fait suite aux bombardements menés depuis deux semaines par l’armée congolaise sur plusieurs localités de la région du Pool. Située au sud du Congo, cette zone d’ethnie majoritairement « kongo », constitue un bastion pour l’opposition. Elle est notamment le fief de l’ex chef rebelle Francis Bintsamou plus connu sous le nom de « Pasteur Ntoumi », leader des milices Ninja opposées à Sassou. Or, celles-ci sont accusées par les autorités d’avoir fomenté les violences qui ont enflammé le sud de Brazzaville les 3 et 4 avril derniers.

Dans sa requête, l’avocat Missamou relève notamment que « les opérations militaires de destruction massive et systématique de ces villes et de leurs populations sont le résultat d’un projet criminel (…) que Monsieur Denis Sassou Nguesso et ses collaborateurs sont en train d’accomplir, afin de parfaire l’œuvre macabre d’extermination de ces populations à raison de leur origine ethnique kongo, amorcée il y a près de deux décennies, cette partie du territoire national congolais ayant déjà été l’objet, au cours de la période allant de 1998 à 2002, d’agissement criminels identiques. »