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Sassou : cap sur la royauté

politique
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Alors que le pays profond souffre de la crise dans le Pool, de la situation des prisonniers politiques et de la crise socioéconomique, le sieur Sassou est préoccupé par le désir d’installer sa royauté, avec la mise en place d’institutions bancales. Il pousse même l’incohérence jusqu’au point de quémander l’argent à la communauté internationale, histoire, prétend-il de venir en aide aux populations qu’il bombarde dans le Pool alors qu’en même temps il arrive à trouver des fonds pour financer des élections auxquelles les congolais n’accordent aucune crédibilité.

L’arnaque des législatives en trompe l’œil organisées hier au Congo-Brazzaville est en réalité synonyme au vide abyssal du logiciel politique de la plupart des acteurs autorisés à « concourir ». De fait dans cette république bananière qu’est devenu notre pays, les résultats des scrutins sont déterminés d’avance et consignés dans le portfolio de Sassou lui-même. Tout le reste n’est que parodie. Comme toujours.

A l'assemblée sortante croupion va succéder une assemblée quasi familiale composée essentiellement des enfants, neveux, nièces, gendres et autres parents de Sassou, saupoudrée habilement de quelques enfants de ses ennemis défunts des différentes guerres, histoire de faire diversion et de réaffirmer à la fois son redoutable cynisme.

En effet, toute la parentèle a été invitée à participer aux législatives de l’autocrate afin de verrouiller définitivement les Institutions congolaises. En même temps, il s’agit de doter chacun de ses proches d’un scaphandre le protégeant des démêlées judiciaires prévisibles, à travers les immunités parlementaires, diplomatiques et autres, tellement que Sassou les a impliqués dans ses forfaits.

Mis en examen en France dans l’épineux dossier des « Biens Mal Acquis » pour « blanchiment de détournements de fonds publics », ces champions des BMA, experts dans la confusion du trésor public avec leur propre poche, clament in concerto, avec les Bongo du Gabon et les Obiang-N’Guéma de la Guinée-Equatoriale, la souveraineté de leurs Etats respectifs.

L’accélération de la justice française sur cette question des « biens mal acquis » secoue le pouvoir de Brazzaville notamment le clan Nguesso, au-delà des apparences qu’ils affichent. Pas moins de cinq personnes du cercle familial de Sassou, tombent sous le coup de la loi pour les faits présumés d’enrichissement illicite. Edgard, Julienne, Wilfrid, Catherine Ignanga … Pour eux, le pouvoir constitue à la fois la mamelle nourricière et un bouclier.

Cette phase pseudo législative consiste en réalité à dépouiller davantage l'État de ses derniers républicains afin de mieux le dompter, à l’instar de l’armée et la police. Par ce biais, il parachèverait sa stratégie d’accaparement du pouvoir. C’est donc une étape cruciale pour Sassou, lequel tient à s’assurer une maîtrise absolue de l’ensemble des structures étatiques et privées, en y répandant ses partisans. De la confiscation du pouvoir déjà réalisée, l’on passerait de fait, à son appropriation. L’Etat deviendrait en plus la propriété privée des Nguesso.

C’est, d’ailleurs, ce que croit la marmaille de Sassou qui s’est agrandie à coup de reconnaissance tardive d’enfants tous azimuts. Le pouvoir leur appartient, semble-t-il, et par extension le Congo tout entier. L’un des plus virulents chiens de garde du régime, Jean-François Ndengué, le précise bien, dans ses différentes menaces d’intimidation envers les populations. Sans ambiguïté.

Non, " le Congo n’est pas la propriété des Nguesso ", peut-on lire sur une célèbre pancarte des courageux résistants congolais. Mais pour combien de temps ? On assiste subrepticement à la privatisation de l’Etat. En cette mi-juillet 2017, le Congo affichera une Assemblée composée pour une grande partie de membres de la famille proche et élargie de Sassou et son clan. Une étape capitale est donc franchie en direction de la « monarchisation » du pays. Le basculement de la république du Congo à une royauté est bel et bien en cours.

Sous une armature démocratique, s’opère le camouflage d’un régime dictatorial corrompu des plus terrifiants. C’est le stade avancé de la démocrature, sorte de mélange d’accents démocratiques de façade et d’une dictature féroce. Le risque pour Sassou de se retrouver devant ses juges à la Cour Pénale Internationale est évident. D’où ses contorsions caractérisées par l’instrumentalisation des Institutions et la violence inhérente en vue d’un changement radical du statut du pays.

Les partisans de Sassou ont balayé tous les obstacles que la démocratie met sur le chemin des despotes. Bien plus que la conservation du pouvoir à tout prix, ils considèrent qu’ils l’ont conquis et peuvent en faire ce qu’ils veulent.

Il ne reste à Sassou plus qu’une case à cocher. Celle de la mégalomanie qui frappe tous les dictateurs finissants. Ainsi, il ne serait pas étonnant que le jour où Sassou voudra mettre fin à ses errements dans le Pool, en se payant la tête du pasteur Ntumi, qu’il s’autoproclame, nuitamment et après avoir bouclé les quartiers sud de la capitale puis coupé le réseau internet, Maréchal ou Empereur du Congo à l’instar du centrafricain Bokassa ou du zaïrois Mobutu de triste mémoire.

L’instauration de la démocrature au Congo, au lieu d’une réelle démocratie voulue par le peuple lors de la Conférence Nationale Souveraine, contrarie naturellement les aspirations des populations. Cette manière de gouverner le pays dans lequel un clan ethnocentrique accapare et manipule les institutions, en vue de la conservation du pouvoir confisqué depuis un demi-siècle, constitue paradoxalement les raisons de sa chute inéluctable.

Car, incroyable mais vrai, pendant que la presse internationale dénonce et fustige les BMA, les affairistes congolais, eux, continuent de sucer imperturbablement le pays jusqu'à la moelle tandis que les génocidaires poursuivent leur macabre œuvre dans le Pool.

Heureusement, aucun régime ne peut résister au vent de la liberté. Celle de l’inévitable révolte populaire à venir tant il est vrai qu’on peut tromper parfois le peuple mais on ne peut le tromper tout le temps.

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