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Le piège de la CENI et du bulletin unique

politique
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L’opposition du Congo-Brazzaville rassemblée au sein de l’alliance IDC-FROCAD succombera-t-elle aux sirènes de la CENI et de l’adoption du bulletin unique ? La participation à la présidentielle anticipée de 2016 équivaut à tomber pieds et poings liés dans le panneau. Elle correspondrait de facto à reconnaître la nouvelle Constitution du 6 novembre 2015.

Tribune libre

L'histoire n'est pas linéaire. Elle fait du surplace puis accélère. L’année 2015 va-t-elle être pour le Congo-Brazzaville celle où Denis sassou hojeijSassou Nguesso a réussi son coup d’Etat constitutionnel là où Blaise Compaoré au Burkina Faso a échoué ? Tout pousse et force à le croire, tant Denis Sassou Nguesso déroule avec une facilité déconcertante son calendrier. Rien ne semble stopper net sa volonté de briguer un troisième mandat. 
 
 Chocs 
 
Au Congo-Brazzaville, il ne faut pas seulement renverser la table, mais changer la table et le mobilier qui va avec. Les populations du Congo-Brazzaville et beaucoup de politiques, de chaque camp, le pensent, mais ils sont otages de leurs habitudes et de nos institutions.

L’année 2016 va-t-elle être ainsi celle de chocs institutionnels avec la mise en place de la CENI et l’adoption du bulletin unique qui vont transformer de façon irréversible le Congo-Brazzaville ? C’est l’annonce tonitruante faite le 23 décembre 2015 à Brazzaville par le conseil des ministres en sus de la présidentielle anticipée faite par Denis Sassou Nguesso le 22 décembre 2016. Que vaudraient la CENI et le bulletin unique sans la refonte de fond en comble du fichier électoral ? La CENI sera-t-elle composée des personnalités indépendantes de la trempe de Monseigneur Louis Portella Mbuyu ? L’évêque de Kinkala est taillé pour le job. Il choisira ses collaborateurs et gérera les finances de sa structure. Toutefois, la simple évocation du nom de Monseigneur Louis Portella Mbuyu à la présidence de la CENI fera hurler dans les chaumières du PCT. Qui nommera les membres de la CENI ? Quels seront les critères de leur choix ? Qui la dirigera ? La CENI prendra-t-elle le train des opérations électorales (recensement, fichier, découpage) en marche, opération enclenchée par la CONEL d’Henri Bouka ? Les opérations électorales supervisées par la CONEL d’Henri Bouka avaient consacré la supériorité numérique de la partie septentrionale par rapport à la partie méridionale. A l’époque, hormis Clément Miérassa, Guy-Romain Kinfoussia et Mathias Dzon, très peu de voix s’étaient élevées pour dénoncer cette forfaiture. D’ailleurs, les députés de l’alliance IDC-FORCAD ont été élus sur la base de ce fichier électoral tronqué. D’où la gêne de monter au créneau sur ce plan. La CENI aura-t-elle la maîtrise du processus électoral du début jusqu’à la proclamation des résultats ? Ce qui suppose et implique la reprise du recensement de la population dans toute l’étendue du territoire du Congo-Brazzaville. Une situation qui remettrait en cause le découpage et le fichier électoral actuel sur la base duquel s’est tenu le référendum du 25 octobre 2015.

La CENI et le bulletin unique sont un piège tendu par Denis Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir ».

Boycott v/s participation 

L’opposition du Congo-Brazzaville rassemblée au sein de l’alliance IDC-FROCAD succombera-t-elle aux sirènes de la CENI et de l’adoption du bulletin unique ? La participation à la présidentielle anticipée de 2016 équivaut à tomber pieds et poings liés dans le panneau. Elle correspondrait de facto à reconnaître la nouvelle Constitution du 6 novembre 2015.   

Au sein de la plate-forme IDC-FROCAD deux opinions s’affrontent. Celle des partisans du boycott et donc de la politique de la chaise vide et celle des adeptes de la participation à la présidentielle anticipée et donc de la figuration, sachant que la victoire de Denis Sassou Nguesso est connue d’avance. Et, ceci, dès le premier tour. C’est la mode aujourd’hui dans les républiques bananières en Afrique.

Rôle

Les membres de la plate-forme IDC-FROCAD qui prônent la présentation d’un candidat et la participation à la présidentielle anticipée de 2016 sont-ils dans un jeu de rôle ? Sont-ils en service commandé ? Dans la configuration politique actuelle au Congo-Brazzaville dominée par le PCT dans toutes les instances politiques et administratives, candidature unique ou pas de l’alliance IDC-FROCAD, le succès de Denis Sassou Nguesso à la présidentielle anticipée de 2016 est garantie.  Denis Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir » n’organiseront pas la présidentielle anticipée pour la perdre. Le principe d’une candidature unique n’est pas encore acquis que le débat fait déjà rage. Claudine Munari Mabonzo s’est prononcée pour la participation, Guy-Romain Kinfoussia a rejeté l’idée de la présidentielle anticipé et Romain Bédel Soussa a déclaré sa candidature. Sous nos yeux, l’unité du FROCAD et de l’IDC est en passe de voler en éclats. Sourire en coin, l’homme d’Edou/Penda pousse un ouf de soulagement et savoure avec délectation la débandade qui commence à gagner l’alliance IDC-FROCAD. Denis Sassou Nguesso est un orfèvre dans l’art de placer les peaux de banane. Qui dira pire ? 

La crédibilité de l’alliance IDC-FROCAD passe par l’obtention de la révision des listes électorales , du recensement, du découpage électoral couplés à la CENI et à l’adoption du bulletin unique ainsi que du système biométrique. Ce qui nécessite une période de transition sans Denis Sassou Nguesso. C’est ce que suggèrent les Assises nationales pour l’alternance au Congo-Brazzaville de Jean-Luc Malékat (congopage.com, 24 décembre 2015). Comment y parvenir ? 

Benjamin BILOMBOT BITADYS


Déclaration de l'opposition congolaise suite au message de Sassou du 22 décembre 2015

 

Le 22 décembre 2015, le Président de la République s'est fendu de la justification de son coup d'Etat constitutionnel perpétré le 25 Octobre dernier, et dont il n'arrive pas à tirer la conséquence logique.

 Le Peuple Congolais n'a pas écouté un Président de la République dont la mission première est de protéger tous les citoyens, de garantir les libertés individuelles et collectives, de veiller à la cohésion nationale et de promouvoir durablement la paix. Le Peuple a plutôt suivi, stupéfait, un chef de guerre et de clan porté par une volonté de puissance irrépressible, qui confond à dessein un Etat fort avec un Etat de dictature, gratifiant sans scrupules la Police Nationale et les escadrons de la mort de tous les compliments, pour la répression aveugle dont ils se sont rendus coupables, en massacrant des manifestants aux mains nues. Aucune symbolique de compassion à l'égard des compatriotes qui ont perdu la vie à l'occasion de ce coup d'Etat, ni un mot de condoléances à l'attention de leurs proches.

Lire l'intégralité de la déclaration