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IDC-FROCAD ou comment tomber dans le piège de Sassou

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Y-a-t-il un porte-parole officiel de l’opposition ? Entre Kinfoussia, Bouboutou l’invité surprise de télé Sassou, Kala Kala et bien d’autres encore, c’est un vrai capharnaüm et on s’y perd. Moi le premier. S’agissant du Sieur Bouboutou, justement, comment a-t-il fait pour se voir ouvrir les portes de ce média d’Etat longtemps interdit à l’opposition ? L’Etat Sassou serait-il revenu aux bons sentiments au point d’offrir son outil de propagande à l’opposition aujourd’hui? J’ose à peine le croire. C’est un miracle. Et pour nous annoncer quoi ? Un énième dialogue.

Ma tribune d’aujourd’hui est un coup de gueule contre les leaders de l’opposition, incapables de définir une stratégie commune et une ligne claire pour parler d’une seule et même voix. Ma colère est celle des Congolais de la diaspora qui battent le pavé sous le froid à Paris, Rennes, Strasbourg, Londres, aux States et partout ailleurs dans le monde pour sensibiliser l’opinion internationale sur les dérives autoritaires de la dictature militaire au Congo Brazzaville. Mes inquiétudes sont celles de tous ces Congolais majoritaires dans le pays, venus nombreux aux meetings de l’opposition et aujourd’hui, terrés chez eux parce que terrorisés par les hommes en armes de Sassou Nguesso. Ma crainte, est celle de cette majorité silencieuse qui aspire à l’alternance démocratique et qui retient aujourd’hui son souffle, vu la tournure des derniers événements. Ma peur est celle de nombreux Congolais, peur d’être trahis par ceux en qui ils ont placé tous leurs espoirs. Ma détresse est celle de tous ces parents, frères et sœurs qui ont perdu les leurs, victimes de la folie d’un seul homme happé par son appétit vorace du pouvoir. Et quand je pense particulièrement à ces jeunes tombés tout fraîchement sous les balles de la police politique de l’autocrate congolais, à Pointe Noire comme à Brazzaville, mon cœur saigne et j’ai peur. Peur de voir leur mémoire souillée. 

Pourtant, jamais le moment n’a été aussi propice pour mettre un terme à l’une des pages les plus sombres de l’histoire de notre pays. A quelque chose malheur est bon. Sassou est pris à son propre piège et a fait l’unanimité contre lui. Grâce à notre mobilisation, notre combat a trouvé un écho et son coup d’Etat constitutionnel a révélé au monde entier ce que les Congolais savaient déjà de lui. Sassou, un dictateur dans les habits d’un tricheur dont le pouvoir repose sur des crimes de sang. Les images des morts de ces derniers jours ont fait le tour de la planète. 

Aujourd’hui, le voilà au pied du mur, pris la main dans le sac. Les résultats truqués de son référendum sont contestés par tous, y compris par la communauté internationale. Pourtant, au lieu de maintenir la pression, c’est le moment qu’a choisi l’opposition pour sursoir à l’obéissance civile. Erreur. Grosse erreur.

Y-a-t-il un porte-parole officiel de l’opposition ? Entre Kinfoussia, Bouboutou l’invité surprise de télé Sassou, Kala Kala et bien d’autres encore, c’est un vrai capharnaüm et on s’y perd. Moi le premier. S’agissant du Sieur Bouboutou, justement, comment a-t-il fait pour se voir ouvrir les portes de ce média d’Etat longtemps interdit à l’opposition ? (1) L’Etat Sassou serait-il revenu aux bons sentiments au point d’offrir son outil de propagande à l’opposition aujourd’hui? J’ose à peine le croire. C’est un miracle. Et pour nous annoncer quoi ? Un énième dialogue.

Attention il y a le feu. Aucune dictature au monde n’a été vaincue autour d’une table. A plus forte raison qu’au Congo, des dialogues, il y en a eu une flopée et rien n’en est ressorti. Sassou préférant s’assoir dessus.

Dieu que c’est injuste ! Qu’avons-nous fait pour avoir l’opposition la plus bête du monde ? Sommes-nous les seuls sur terre comme ça, à ne jamais tirer les enseignements de nos échecs ? Il ya eu le dialogue d’Ewo, tout le monde sait  ce que sont devenues ses conclusions. Il ya eu celui de Dolisie dont les recommandations n’ont jamais vu le jour. Il ya eu celui de sibiti, auquel l’opposition a opposé celui de Diata. Il ya encore quelques jours, Sassou refusait de dialoguer avant la tenue de son simulacre référendaire. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ?

Oui, je le dis comme je le pense. Les leaders de l’opposition se tirent une balle dans le pied en acceptant ce dialogue et surtout maintenant. Ils ont tort. Quand on connait Sassou, on ne peut se permettre une telle méprise. Je crains que ce ne soit une ruse. Une de plus. Le temps pour Sassou de promulguer sa nouvelle constitution. Dès alors, c’est au pied du mur que l’on voit le mieux le mur et Il sera trop tard. Souvenez-vous de l’article 91 de son nouveau torchon: Il n’est responsable d’aucun crime commis dans l’exercice de ses fonctions. Vous voilà avertis. Le connaissant rancunier, je crains que vous ne soyez les premières victimes à tomber sous le coup de sa nouvelle loi. Sassou ne vous fera pas de cadeau après l’avoir enquiquiné.

On ne dialogue pas avec un diable. A ceux qui l’auraient oublié, les Congolais ont soif de démocratie et ne demandent qu’une seule chose : Le retrait pur et simple de la constitution soumis à référendum le 25 du mois dernier. Compromission ou pas, le reste, c’est de la poudre aux yeux et ne les intéresse guère. Pour ça, rien que pour ça, ils vous ont à l’œil. 32 ans Sassoufit.

La plume libre !

Diaz Mahindou 

(1) Le sieur Boubouto avait, le 2 novembre, lu un communiqué du FROCAD/IDC au terme duquel : « dans un souci d’apaisement, et en vue de permettre la tenue du dialogue […], le Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC), en toute responsabilité, [avaient décidé] de suspendre, à compter de ce jour, le programme d’actions » de désobéissance civile.

Le lendemain 3 novembre, M.  Augustin Kalakala, un autre porte-parole desdites plateformes assurait : « La désobéissance civile se poursuit normalement jusqu’à ce que le projet de Constitution soit retiré », soulignant que la suspension annoncée ne concernait que « des activités de lundi et mardi, c’est-à-dire les activités qui portaient sur la journée ville morte ».

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Sassou est d’accord avec cette rhétorique. D'ailleurs, il a demandé à Ndengué de s’inspirer.