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Les motivations du refus du FROCAD de participer aux consultations présidentielles

politique
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Tribune libre

Je commence à le trouver sympathique, à la fin... .Voilà que notre Président reconnait lui-même qu'il y’a de la pagaille dans le pays, et qu'il a usé et abusé d'une constitution injuste, alors qu’à l’occasion des élections présidentielles de 2009, tous les candidats sérieux avaient attiré l’attention du peuple sur le risque de « césarisme constitutionnel » ! Il devra alors, le dire devant le parlement réuni en Congrès pour que tout le peuple l'écoute plutôt que de mettre en œuvre cette formule informelle que le Burkina a eu l’avantage de constitutionnaliser, mais qui n’existe pas chez nous ( la constitution burkinabé dispose, en effet, de la possibilité de concertation politiques pour régler les difficultés institutionnelles et que si les partis n’arrivent pas à s’accorder, le Président de République est autorisé à convoquer le peuple en référendum).

Chez nous on ne voit pas comment le Chef de l’Etat peut organiser une « consultation » par voie de communiqué de presse de son directeur de cabinet ! Cette rencontre quasi-informelle vise quoi ? … On ne peut pas dire d'un côté que l'on est pour l'ordre constitutionnel, et de l'autre, encourager des voies de règlement extraconstitutionnelles. Nous (le Frocad) déclinons l'offre de concertation inconstitutionnelle et attendons que le Président use des moyens constitutionnels... .

Si le Chef de l'Etat, qui est notre Président de la République, estime que la Nation a des problèmes, la constitution lui donne le moyen de communiquer devant le parlement réuni en Congrès et, à partir de là, en tant que formations politiques nous réagirons dans le cadre des textes qui régissent l’expression politique dans notre pays. S'il estime que l'Etat ne fonctionne pas bien, la constitution lui donne le moyen de réviser ; s'il estime que jusqu'à présent les élections ont été truquées, les concertations d'Ewo et de Dolisie lui donnent des pistes pour créer les conditions d'une concertation inclusive sur les questions électorales.... Si le président veut éviter des tensions inutiles, il pourrait user de ces " consultations " après avoir fait l’état de la Nation devant le Congrès pour prendre prétexte de réviser les dispositions qui posent problèmes. C'est son droit. Mais il se heurtera à la question du corps électoral. Et c'est là que l'on retrouve de la cohérence dans la position du FROCAD. Régler la question de la CONEL en même temps que la possibilité pour le président de réviser la constitution par le moyen combiné des articles 3, 86 et 187 de la constitution, s'il veut vraiment nous laisser un régime stable après son départ. Nous ne voulons pas de violence au pays et il n'est pas bon de changer de constitution chaque fois qu'il se pose des problèmes politiques.

Il faut comprendre que les forces politiques s'organisent généralement en fonction des enjeux (voyez ce qui s’est passé au Burkina, et ce qui se passe au Burundi …) Depuis toujours, j'ai déploré que le Président Sassou verrouille le système politique congolais au profit de courtisans souvent fanatiques qui n'ont pour intérêt que de faire illusion de démocratie. Si dans un pays, à force de tricheries, on ne permet pas aux forces politiques réelles d'être représentées dans les institutions, il arrivera fatalement un moment où les institutions seront bloquées faute d'interlocuteurs... Et c'est ce que nous observons à présent dans notre pays à l'occasion de cette " consultation " présidentielle refusée par le FROCAD.

Les questions vitales du pays ne pouvant être débattues au sein des institutions faute de partenaires sérieux , le Président Sassou Nguesso est obligé de sortir du cadre institutionnel pour tenter des correctifs. Mais à qui la faute ?… Croyez-vous que tous ces savants qui ont étudié les systèmes politiques et qui ont tant écrit sur le " barganing power " soient des sots ? Il est Président depuis mille ans (vu l'espérance de vie des congolais), et il n'a jamais vraiment pris le temps de lire et de comprendre les théories politiques, se fiant à sa propre expérience qui est viciée par un entourage clownesque. La politique n'est pas une science pour rien. Les politiciens (ils ont choisi la politique pour métier, et c'est leur droit) devraient faire l'effort de lire les ouvrages. C'est important.

Au 21è siècle, on ne fait plus la politique par instinct. En plus de 36 ans de règne (partagé et sans partage) Mr Sassou Nguesso se croit indispensable et incontournable pour le développement du Congo. Pourtant ce qui est sûr, c’est que son extrême longévité à la tête de nos institutions lui impose le devoir moral de nous laisser de bons exemples en héritage. A mon avis c’est le mode de sortie qu’il aura choisi qui déterminera de l’image qu’il laissera à la postérité et pas forcément l’obsession d’achever des ouvrages d’infrastructures dont je lui reconnait la pertinence, mais qui seraient, de toutes les façons réalisées par n’importe quel congolais conscient des enjeux à venir de l’économie mondiale.

En réclamant la discussion sur la seule exigence de gouvernance électorale, le FROCAD cherche surtout à déverrouiller le système politique et permettre un peu plus d'aération de nos institutions. Mr Sassou devrait savoir que si vous refusez aux politiques l'expression en milieu approprié, vous risquez d'aller les chercher dans la rue...

Marion Michel Madzimba Ehouango (Président d'Honneur de la plate-forme " Sauvons le Congo ")

Notre commentaire

Ça y est ! Sassou a sa photo. La photo qu'il voulait avec Parfait Kolélas, celle qu'il aura avec le pasteur Ntumi, bref avec tous ceux qui se disent opposés au changement de constitution. Il pourra ainsi montrer à la communauté internationale qu'il est un homme de dialogue, qu'il discute avec ceux qui sont d'un avis différent, qu'au Congo il y a débat, alors même que sa décision, " consultations " ou pas, est prise de longue date : il organisera son " dialogue " à la fin de l'année, le référendum au premier trimestre 2016, l'adoption de la nouvelle constitution par le parlement au deuxième trimestre et l'élection présidentielle à laquelle il se présentera en août-septembre 2016.

D'où l'interrogation : qu'est ce qui a donc pu pousser Parfait Kolélas à se faire manipuler, à être instrumentalisé en allant légitimer la démarche anticonstitutionnelle dans laquelle va s'embourber Sassou ? La naïveté confondante le laissant croire qu'il peut réussir à convaincre le dictateur de renoncer au pouvoir en respectant la  constitution ? Ou est-il allé lui apprendre qu'il doit aimer son pays plus que lui-même (sic) et son clan ? Pure chimère. Pour comprendre les motivations de Kolélas fils certains suggèrent qu'il suffit de frotter le pouce et l'index...

Dans ce cas, dommage, car le dindon de la farce de toute cette histoire est encore une fois le peuple congolais, emmuré dans sa pauvreté et écrasé par le poids de la vie.

Quoiqu'il en soit, sauf à se croire plus intelligent que tout le monde (1), Kolelas aurait été bien inspiré de jouer collectif et non de jouer en solo une partition vouée à l'échec. On ne peut asseoir ses fesses sur deux chaises. Tout comme on ne peut trop jouer avec un serpent. Un certain Kolelas père avait payé pour l'avoir ignoré. Visiblement sa progéniture n'a pas retenu la leçon. Rappelons l'infinie sagesse de nos ancêtres : " les jeunes antilopes qui quittent leur mère finissent non pas dans la casserole mais, pire... sur le tam-tam ".

(1) Cette démarche rappelle celle de Tsaty Mabiala engageant l'UPADS dans le "dialogue" de Dolisie, contre toutes les mises en garde, et qui par la suite ne put que constater qu'il avait été roulé dans la farine de foufou par le PCT...

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