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La solitude de Sassou

politique
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 Tribune libre

Ce n’est qu’un début. En dépit des menaces proférées par Jean-Paul Pigasse dans les colonnes des « Dépêches de Brazzaville  » du 20 janvier 2015 : « Ceux qui, au sein de l’opposition comme au sein de la majorité présidentielle, se croient assez forts pour faire échouer la réforme des institutions de la République feraient bien d’infléchir leur position avant qu’il ne soit trop tard. Tout indique, en effet, qu’une nouvelle Constitution sera effectivement proposée au peuple congolais dans les mois à venir et que l’agitation dont fait preuve aujourd’hui une partie de la classe politique congolaise ne modifiera pas le cours des évènements », rien n’y fait. Les oukases de Pigasse glissent sur les partis politiques qui ont vaincu leurs inhibitions comme de l’eau sur les plumes du canard.

Bateau ivre

Les rats du « chemin d’avenir  », les uns après les autres quittent le navire PCT, ultime geste de survie comme avant le naufrage du bateau. Le camp du non au changement de la Constitution du 20 janvier 2002 ne désemplit pas. A Brazzaville, le 20 janvier 2015, la majorité présidentielle lors de sa rencontre n’est pas parvenue à faire le plein des voix pour le changement de Constitution. Contre toute attente pour Sassou, le PCT et les épigones du « Chemin d’avenir  », sûrs de leur puissance financière pour arroser les leaders politiques et clouer le bec en espèces sonnantes et trébuchantes de ceux qui oseraient encore lever la voix du non, de nombreux partis membres de cette organisation ont refusé de suivre le PCT dans sa folie suicidaire de conserver à tout prix le pouvoir en s’abstenant de signer la déclaration appelant au changement de constitution.

Non

Le MCDDI de Bernard Kolelas a été le premier à donner le la du non. Suivis du RDD de Yhombi Opango et de l’Union pour le progrès (UP) de Jean Martin Bemba. D’autres formations de la majorité présidentielle ont emboîté le pas tracé par Brice Parfait Kolelas. « Suivez le guide  », aurait entonné Koffi Olomidé. Le RDPS de Jean-Pierre Thystère Tchicaya, le MDP de Jean Claude Ibovi, le MSD de Serge Blanchard Oba, le Rassemblement citoyen de Jean Claude Nsilou, le PSVR de Michel Mampouya et même la DRD d’Hellot Mampouya, formation politique créée par Sassou en vue d’affaiblir le MCDDI, ont dit non au projet de Sassou et Pierre Ngolo. Le MAR (Mouvement Action Renouveau) de Jean-Baptiste Tati Loutard dirigé par Roland Bouiti viodo a botté en touche. Après deux jours de travaux, le bureau politique du MAR en statuant sur la problématique de la Constitution du 20 janvier 2002, n’a pas été en mesure de déterminer sa position. Il s’en remet à la base. Toutefois, le MAR ne souhaite en aucun cas, que soient remises en cause la paix, la sécurité et la stabilité du Congo, recouvrées au prix d’immenses sacrifices. Comprenne qui pourra et à qui sait comprendre, peu de mots suffisent. Le message de Noël de l’épiscopat du Congo-Brazzaville est clair, net et précis : non au changement de Constitution. Des personnalités de la majorité présidentielle tels Charles Zacharie Bowao, André Okombi Salissa, Henri Djombo, Camille Bongou, Benoît Moundelé Ngollo sont opposés au changement de Constitution.

Isolé

Sur le plan diplomatique, la France de François Hollande et les Etats-Unis de Barak Obama sont opposés au changement de Constitution ainsi que l’Union Africaine et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Les relations de Sassou Nguesso et l’Angola de José Edouardo Dos Santos ne sont pas au beau fixe. Christophe de Marjerie de total n’est plus, lui qui servait de missi dominici auprès des autorités françaises. Comme dirait Gabriel Garcia Marques, on lit de la solitude dans le regard de L’homme des masses depuis la disparition du patron de Total. L’isolement de Sassou est... total tant sur le plan national qu’international comme lors de la conférence nationale souveraine et la période de transition. Reste au camp du « non  » qui accumule les voix mélangeant et additionnant les contraires de maintenir la pression.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

 

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A lire

Le baril à moins de 50 dollars: Brazzaville fait le dos rond

La République du Congo a vite ressenti la baisse du prix de baril de pétrole mais jusqu’à présent le gouvernement maintient que l’effondrement de son principal poste de recettes ( 75%) ne le détournera des projets de modernisation sur lequel il s’est engagé. « En dépit de la chute du prix du pétrole, le gouvernement poursuivra en 2015 l'œuvre d'industrialisation et de modernisation de notre pays », affirmait, il y a quelques jours, le chef de l’Etat, Denis Sassou- Nguesso dans son message de vœux. La construction d’une zone industrielle et commerciale à Maloukou, au nord de Brazzaville, reste d’actualité avec ses seize usines spécialisées dans la fabrication de matériaux de construction. Tout comme la réalisation de quatre zones économiques spéciales à Brazzaville, la capitale, Pointe-Noire (sud), Oyo-Ollambo (nord-centre) et Ouesso (nord).

L’économie congolaise, dont la Banque mondiale et bien d’autres organismes internationaux réclament la diversification à cor et à cri, dépend essentiellement du pétrole. Le budget 2015 construit sur une hypothèse du baril à 96 dollars alors que les cours ont chuté à moins de 50 dollars a toutefois dû être révisé. Ce sont les dépenses sociales qui en font principalement les frais : le gigantesque projet de construction d’un hôpital général dans chacun des douze départements du pays est quasiment à l’arrêt. « Début 2014, les travaux de construction du nouvel hôpital général de Nkombo (quartier nord de Brazzaville, Ndlr) ont démarré à une allure incroyable. Depuis un moment, ils se sont arrêtés parce que le pays n’a plus d’argent comme avant », raconte un cadre du ministère de la santé sous couvert d’anonymat.

Coupes dans les dépenses sociales

Côté infrastructures, les travaux d’élargissement de la nationale 2, qui relie Brazzaville et la quasi-totalité des régions du septentrion, n’avancent plus.

En revanche, les recrutements dans la fonction publique, tout comme l’augmentation promise des traitements, ne sont pour l’instant pas remis en cause. Le gouvernement envisage de recruter quelque 1 500 agents dans la fonction publique et 2800 dans la gendarmerie. Les syndicats de la fonction publique se montrent toutefois sceptiques : « Avec des revenus pétroliers en baisse, il faut craindre qu’on revienne à la situation des années 1990 où l’on a connu des avancements sans revalorisation salariale », fait observer Anaclet Bouanga, un syndicaliste.

Alors que les prix de l’essence à la pompe ont baissé dans la plupart des pays de la région, les Congolais attendent toujours que le gouvernement fasse à son tour un geste. Le pays est le quatrième producteur d’or noir du continent.

Laudes Martial Mbon - Brazzaville

© Le Monde (21/1)

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