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Congo : à quand l’ingérence humanitaire ?

Congo B
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Durant plusieurs décennies, les congolais ont vu se déliter les fondements de leur société au profit des antivaleurs les plus sordides. Et, il y a très longtemps que la confiance des populations vis-à-vis de leurs dirigeants peu orthodoxes s’était émoussée. L’impression générale qui se dégage, pour peu que l’on veuille aller au chevet de cet agonisant petit pays pétrolier aux ressources immenses, est celle d’un poisson qui pourrit par la tête.

Un mélange d’hérésie et de gangstérisme semble caractériser la réalité politique du pouvoir de Brazzaville peu soucieux des populations lassées de la corruption, du népotisme et du tribalisme. Leurs exigences sont claires : la fin des humiliations et à la réinvention du vivre ensemble ainsi qu’à une meilleure redistribution des richesses du pays.

Au-delà du discours faussement démocratique, les congolais savent qu’ils vivent sous un régime dictatorial qui excelle dans la violence et le « controche » ; ce pénible langage où il faut constamment comprendre le contraire de ce qui est dit. Autrement dit, la vérité est toujours ailleurs. Or gouverner par le mensonge constitue la première violence qui laisse échoir la probité loin des valeurs démocratiques.

La violence au Congo, méthode de musellement des populations, quant à elle, demeure permanente et très à la mode actuellement tant elle sert à écraser les contestations, bafouant au passage les droits humains. L’encroûtement de la dictature au pouvoir et la fossilisation d’une classe politique en panne d’imagination composée, pour l’essentiel, des voyous et caïds locaux dans un environnement tribalisé à outrance, renvoie à l’absurdité.

Les fréquentes descentes des « forces de l’ordre » et leur extrême brutalité au sein des innocentes populations sous des motifs peu compréhensibles, souvent fallacieux, réduisent des citoyens autochtones au rang d’étrangers et les rendent candidats pour l’émigration. C’est là, l’une des sources du scandaleux phénomène migratoire qui a transformé la Mer Méditerranée en un  vaste cimentière.

Une macabre méthode politique visant à édulcorer la réalité consiste à ouvrir les feux sur des boucs émissaires et créer une situation confuse. Mais ne s’agit-il pas des personnes humaines que l’on tue sans état d’âme ? Toutefois, quelle que soit la puissance des armes utilisées, celles-ci ne peuvent anéantir la vérité. Tôt ou tard, elle finit toujours par jaillir. Lorsque les criminels s’emparent de l’appareil étatique et font la loi, le pays devient un carcan insupportable pour les innocents.

L’acharnement du pouvoir de Brazzaville sur les paisibles populations du sud devient quasi pathologique. D’année en année, l’on a fini par comprendre que les conflits dans ce département ne sont que, pour l’essentiel, le reflet d’une basse paranoïa installée au sommet du pouvoir.

Quel crime les populations du sud ont-elles commises pour souffrir constamment  le martyre ? Il est insupportable de constater qu’à chaque fois que le pouvoir s’apprête à s’octroyer un mandat additionnel, il marche sur les cadavres dans le Pool. Les récentes révélations, par la presse internationale, sur les crimes contre l’humanité dont ces populations auraient été victimes sont restées, à ce jour, sans suite.

Les bombardements, plutôt aveugles, que subissent en ce moment les localités de Goma tsé-tsé, Mayama, Kibouéndé, Soumouna, Loumou … doivent interpeller les démocrates. Il y a quelques jours, la très officielle télévision congolaise exhibait les milices du pouvoir. Et soudain, le même pouvoir opère sa légendaire pirouette pour se retrouver dans le Pool. Comme dans ses habitudes, il tente de déplacer ainsi, par la violence des armes de guerre, les questions liées aux contestations électorales auxquelles il devrait répondre.

En détresse, les populations du Pool, déjà réduites aux temps antiques, lancent un SOS. Doit-on attendre l’extermination ? Le Pool doit-il devenir l’Arménie du Congo ? Mais où est donc François Hollande qui porte à bien des égards une responsabilité sur ce qu’il advient à ces paisibles populations pour avoir autorisé Sassou à mener son action ?

Oui, en cas de violation massive des droits de la personne par un Etat, il vital de reconnaitre à d’autres Etats le droit et le devoir d’intervenir en vertu de la haute idée du respect de la vie humaine. A quand, donc, le droit d’ingérence ?

Le vice et la perversion ont-ils triomphé de la vertu, dans ce pays ? L’arbitraire, la tricherie à ciel ouvert, la violence d’Etat qui ne se cache plus, la confiscation des libertés, le viol des consciences, la corruption, la concussion, les humiliations, … ne doivent nullement devenir la norme. La France des grandes consciences, où est-elle ?

De nombreuses ressemblances dans la machine répressive du pouvoir rappellent la brutalité coloniale. Si le colon est parti ses empreintes sont manifestement restées gravées dans les mentalités des dirigeants à l’instar de ceux du Congo-Brazzaville. A l’heure actuelle, d’autres crimes sont en cours dans ce département du Pool et à Brazzaville même où des milliers de personnes dorment à la belle étoile, loin de la logique électorale. Un silence assourdissant aux conséquences cadavériques entoure ces crimes. Pourquoi ?

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