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Des barrières à l’entrée de la présidentielle. L’esprit transgressif de Sassou Nguesso,

politique
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Au Congo-Brazzaville, l’exécutif a fait voter une loi électorale visant à semer des cailloux sur le chemin de la présidentielle du 20 mars 2016. Une réponse à une préoccupation majeure de Denis Sassou Nguesso dont la demande d’éliminer les concurrents politiques tient désormais lieu de feuille de route aux épigones du PCT.


L’esprit transgressif de Denis Sassou Nguesso, du PCT et des épigones du « chemin d’avenir » n’a décidément pas de limites. Les barrières à l’entrée n’existent pas qu’en économie industrielle sur un créneau du marché. Elles existent aussi en politique. Au Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir » en usent et en abusent pour écarter du jeu électoral les adversaires politiques.

Cailloux

Au Congo-Brazzaville, l’exécutif a fait voter une loi électorale visant à semer des cailloux sur le chemin de la présidentielle du 20 mars 2016. Une réponse à une préoccupation majeure de Denis Sassou Nguesso dont la demande d’éliminer les concurrents politiques tient désormais lieu de feuille de route aux épigones du PCT. Après le referendum controversé du 25 octobre 2015, après la promulgation le 6 novembre 2015 de la nouvelle Constitution, après l’annonce de la date de la présidentielle anticipée le 20 mars 2016, les officines de Mpila ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils ont continué de dresser les embûches.

Barre à 25 millions

Dans cette course au plus transgressif, version soft de «  j’y suis, j’y reste  », l’exécutif a inscrit un article dans la loi électorale faisant passer la caution de 5 millions à 25 millions de francs CFA. La manœuvre cousue de fil rose ne trompe personne. Officiellement, il s’agit de sanctuariser la fonction présidentielle. Désormais, au Congo-Brazzaville, seuls les plus fortunés peuvent participer à la présidentielle. « Montre-moi ton compte bancaire et je te dirais si tu peux être candidat à la présidentielle ».

Habenus Sassoum

Habenus papam est une locution latine séculaire qui signifie nous avons un Pape. Elle est prononcée par le cardinal proto-diacre à l’issue d’un conclave depuis le balcon central de la Basilique Saint-Pierre afin d’annoncer à la foule romaine et au monde entier (urbi et orbi) l’identité du nouvel élu et le nom de règne qu’il s’est choisi. Les épigones du « chemin d’avenir » se sont prêtés au rituel «  vaticanique  ». Dans le rôle du cardinal proto-diacre, c’est Pierre Ngolo, secrétaire général du PCT qui s’y colle. La fumée blanche est montée au-dessus du palais des Congrès le lundi 25 janvier 2016. Le parti a désigné Denis Sassou Nguesso au cours d’une compétition à somme nulle. Il était candidat unique. Evidemment, Denis Sassou Nguesso, dont la candidature ne suscite plus l’ombre d’aucun doute, n’éprouvera aucune difficulté à rassembler la bagatelle de 25 millions de francs CFA.

Racket

Même si une vrai-fausse collecte a été organisée par les chantres du PCT sous la forme de racket déguisé des populations martyrisées, paupérisées, affamées, mal soignées, noyées dans les eaux de pluie et traumatisées, l’homme du 5 juin 1997 entretient le suspense. Un faux suspens en somme. Denis Sassou Nguesso se fait prier. Il se fait désirer. C’est la mise en scène d’une comédie orchestrée par le Calife D’Oyo. Denis Sassou Nguesso est à l’abri des soucis financiers, L’homme d’Edou/Penda a siphonné avec ses amis du « chemin d’avenir » les caisses du Trésor Public à l’époque où le baril du pétrole tournait autour de 110 dollars. Sur le plan financier, les épigones du PCT se sont constitués un matelas douillé confortable. Pour les candidats « faire-valoir » chargés d’accompagner Sassou Nguesso dans le sacre du 20 mars 2016 (Kignoumbi Kia Mboungou, Anguios Nganguia Engambé), l’homme d’Edou/Penda payera l’addition. L’ambition de l’abaissement de l’âge minimum à 40 ans est d’attirer les jeunes à s’intéresser et à participer à la chose publique. L’objectif de porter la caution à 25 millions de francs CFA à la présidentielle est d’écarter cette même jeunesse. C’est reprendre de la main gauche ce qu’on a concédé de la main droite. Comme dirait Franco, c’est « coller la petite » pour ensuite la lâcher. Bref : le chemin de la présidentielle est bien cadenassé.


De l’élargissement prévu par la Constitution du 6 novembre 2016 avec la levée du verrou de l’âge minimum (40 ans) et l’âge maximum (70 ans), le Congo-Brazzaville est passé d’un seul coup au rétrécissement subi et imposé par la volonté d’un seul homme : Denis Sassou Nguesso. Avec la caution de 25 millions de francs CFA, Denis Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir », perdent en cohérence et en logique ce qu’ils espèrent gagner en assise politique électorale.
L’article de la loi électorale instituant une caution de 25 millions de francs CFA édicté par Denis Sassou Nguesso met en lumière l’isolement du vainqueur à l’élection présidentielle de 2002 puis de 2009 et fragilise le candidat putatif de 2016. Putain de catin !

Benjamin BILOMBOT BITADYS