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Déboulonnons Sassou

musikanda
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Le bail présidentiel à vie, c’est fini. Exigeons de Sassou et son clan, l’application stricto sensu de sa propre constitution de 2002 et seulement de celle-ci. Les recommandations du dialogue dit des « cons », ne concernent que lui, Sassou et ses amis, réunis en conclave à Sibiti. Quant au coût de ce cinéma, près de 3 milliards de FCFA, d’après certaines mauvaises langues, c’est purement et simplement une vraie folie. Voilà encore l’argent des Congolais jeté par la fenêtre.

Une fois qu’on a dit cela, on fait quoi, pour faire entendre raison à Sassou et ses sbires ? C’est tout notre problème. Nous voulons le beurre et l’argent du beurre. Là où d’autres peuples se sont surpassés pour faire cause commune, comme au Burkina, nous opposons nos égos surdimensionnés, préférant passer le clair de notre temps, les bras croisés, à attendre un hypothétique messie, blanc comme neige, vierge de tout passé. Nous rêvons.

Or ce messie, expurgé de tout passif encombrant, n’existe pas dans le champ politique congolais. J’ai beau chercher ce cheval blanc dans ce milieu pourri, je n’en trouve aucun. C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. A moins qu’il ne vienne de la société civile, mais là encore, ne nous leurrons pas. Propulser un tel talent à jouer les premiers rôles dans notre pays, où les rivalités sont féroces et la jalousie omniprésente, sans moyens financiers en plus et le tribalisme aidant, est chose  impossible.

Que cela soit bien clair, je ne vole au secours d’aucune main souillée. Nous pêchons par manque de pragmatisme et refusons de voir la réalité en face. A défaut de ce que l’on veut, on se contente de ce que l’on a. Pour ma part, l’adhésion à notre cause, de certains caciques du système, comme les Okombi Salissa, Bowao, Munari, Parfait Kolélas, Blanchard Oba et bien d’autres encore, c’est plus que du pain béni. C’était inespéré et cela donne une autre dimension à la justesse de notre combat.

Qui mieux qu’eux, connait les ficelles de ce système hideux ? Que certains aient eu des bisbilles avec Sassou au point de vouloir se venger aujourd’hui, ce n’est pas notre problème. Les passer au pilori, c’est donner du grain à moudre à Sassou qui, dans une vidéo circulant sur le web et ici présente, sur le site Mwinda, avait réuni son clan dans sa brousse, déclarant en Mbochi, je cite : « celui qui lui tiendrait la dragée haute pour lui succéder, ne serait pas encore né et que le pouvoir est comme un gibier pris dans un filet» .Voir de telles pratiques, à notre époque, me fait clairement penser que sassou et son parterre de partisans ne sont pas civilisés.

Accordons-leur, à Okombi et tous les autres, ce droit là, celui d’avoir recouvré enfin la lucidité, le bon sens et surtout le courage de dire clairement NON à Sassou. Pour une fois. Je préfère un Okombi Salissa qui fait son mea-culpa à un Moungalla béni-oui-oui et cireur de pompes, un Bowao éclatant dans ses nouveaux habits d’un ’intello dont la mission première, et ça on a tendance à l’oublier, est d’éclairer ses concitoyens sur les sujets de société, à un Okiémi sans âme, hypocrite et opportuniste devant l’éternel comme personne. Pour cette raison, et seulement pour cette raison là, je n’ai pas à leur jeter des pierres, comme j’ai pu le lire ici et là, sur la toile comme sur les réseaux sociaux. Pour autant, dieu seul sait si j’ai des griefs contre ce beau monde. Mais mon envie à en finir avec le système mafieux de sassou est tellement si fort qu’il a pris le pas sur certaines de mes exigences.

Les petits ruisseaux font les grandes rivières. La politique est un problème de rapport de forces. Plus nous serons nombreux, plus nous servirons la cause qui est la notre. Où est donc le problème, à accueillir à bras ouverts les mécontents du système Sassou et ses alliés d’hier qui franchissent le Rubicon pour grossir nos rangs ? Je peux comprendre les réticences de certains, mais tirer à boulets rouges sur eux, ne fait pas avancer le schmilblick. C’est surtout contre-productif.

Le Congo, vous savez, est un petit pays. Tout le monde connait tout le monde et chacun sait qui a fait quoi.   Nul ne pourra donc se dérober et le temps de la justice viendra, mais de grâce, laissons nos egos de côté, si nous voulons déboulonner Sassou et échapper à son projet fou qui voudrait faire du Congo,  une monarchie à vie des Nguesso.

Excepté quelques tribalistes fieffés, certains ignares et tarés arrimés à leurs privilèges, nous sommes pourtant majoritaires à vouloir le départ de Sassou. Mais nous nous y prenons tellement comme un manche que, sans le savoir, nous faisons le lit de ce même Sassou, 32 ans au pouvoir, vous rendez-vous compte ? C’est trop. Je me passerai de dresser le portrait de l’autocrate congolais dont le règne est, comme chacun le sait, jonché de crimes en tous genres. L’histoire jugera, comme l’est aujourd’hui, Hissène Habré au Sénégal, 25 ans après son règne. Qui l’eut cru ? Comme quoi, le monde change. Pas Sassou.

La plume libre !

Diaz Mahindou

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