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Alain Mabanckou remet le couvert

politique
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Beaucoup de jeunes congolais m’écrivent depuis le pays afin de me supplier de continuer à parler pour que leur destin ne soit pas dérobé. Il est salutaire que la question du Congo reste dans l’actualité. L’oublier c’est laisser s’installer ad vitam aeternam un pouvoir né de la fraude…

Une interview d'Alain Mabanckou à l'hebdomadaire français " Paris Match ".

Comment expliquez-vous l'embarras du Président Hollande sur la situation au Congo-Brazzaville ?

C’est une responsabilité à laquelle il ne s’attendait pas. C’était de l’ordre de l’imprévisible : allant étrangement à l’encontre de ses propres déclarations sur une France qui mettrait fin aux bidouillages des constitutions par certains dirigeants africains afin de se maintenir au pouvoir. Le président Hollande a, hélas, publiquement entériné le changement arbitraire de la Constitution congolaise par Denis Sassou-Nguesso lors d'une conférence de presse avec le président malien.

C'est cette même Constitution, donc indirectement validée par le président français, qui a finalement permis à Sassou-Nguesso de se représenter après trente-deux ans au pouvoir. Même si le chef de l’Etat s'est par la suite dédit, le mal était déjà fait : le Congo avait même "salué la sagesse" de François Hollande ! C’était un feu vert de l’ancien colonisateur. Les dictateurs africains survivent du lait qui sort des mamelles de l’ancienne puissance coloniale. Or la France est, parmi ces anciennes puissances coloniales, celle qui a le plus de difficultés à se départir de ce lien affectif avec "ses" dictateurs. Les exemples sont là : le Congo-Brazzaville, le Gabon, le Togo, le Cameroun, le Tchad et j’en passe… Des intérêts économiques sont en jeu, qui expliquent ce lien avec les régimes antidémocratiques. La grande question est de savoir si la France peut sacrifier ces intérêts pour les idéaux qui ont fait d’elle le pays qu’elle est aujourd’hui et dans lequel on élit le président dans la transparence la plus totale!

Quelles informations recevez-vous de ce la situation au Congo-Brazzaville ?
Les Congolais se plaignent de vivre désormais dans la peur dans un régime militarisé. On parle des atrocités répétées qui ont lieu dans la région du Pool, mais aussi à Pointe-Noire et dans d’autres contrées du Sud. Beaucoup de jeunes congolais m’écrivent depuis le pays afin de me supplier de continuer à parler pour que leur destin ne soit pas dérobé. Il est salutaire que la question du Congo reste dans l’actualité. L’oublier c’est laisser s’installer ad vitam aeternam un pouvoir né de la fraude…

Lire ici l'intégralité de l'interview

Ecoutez également Alain Mabanckou sur RFI