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La vérité sur les manœuvres démagogiques de Monsieur Denis Sassou Nguesso

politique
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Tribune libre

Ce que le président Denis Sassou Nguesso prévoit de faire c’est très grave et dangereux pour la paix. Il cherche machiavéliquement à organiser un dialogue avec des partis et associations politiques créés de toute pièce qui sont à sa solde pour mettre hors d’état de nuire, les partis de l'opposition et la société civile qui ont dit non au changement de la constitution du 20 janvier 2002 et au dialogue portant sur ce changement.

En réalité le président Denis Sassou Nguesso est déjà hors-jeu concernant l’avenir institutionnel du Congo. La question de cet avenir ne le regarde pas en principe; son problème est de préparer ses valises pour une sortie honorable. Quand il déclare que : « Les institutions seront améliorées, il y aura référendum si aucun consensus ne se dégage », il perd les pédales et veut commettre l’irréparable. En effet le président Sassou n'a pas le droit ni le pouvoir d'organiser un référendum d'initiative populaire pour changer la constitution.

S'il n'y a pas consensus sur la question du changement de la constitution, le président Sassou doit choisir le chemin de la sagesse en démissionnant car la démission est dans le cas d’espèce la voie royale qui permet non seulement de préserver la paix mais également d’assurer une sortie honorable au président de la République. Convoquer le peuple et organiser un référendum sur cette question ne relèvent pas ses prérogatives constitutionnelles. S'il s’entête à faire un passage en force en confondant ses pouvoirs conférés par la constitution aux pouvoirs mystiques mbochi de Kani et Mwène, il déclare par-là la guerre au peuple congolais qui n'a d'autre choix que de désobéir en le chassant définitivement du pouvoir.

D’ailleurs l’article 10 alinéas 1 et 2 de la constitution du 20 janvier 2002 donne à tout citoyen le droit de désobéir à tout ordre qui porte atteinte aux droits de l’homme. «Tout citoyen, tout agent de l'Etat est délié du devoir d'obéissance lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte manifeste au respect des droits humains et des libertés publiques. L'ordre d'un supérieur ou d'une quelconque autorité́ ne saurait, en aucun cas, être invoqué pour justifier ces pratiques. »

La vérité sur la situation du président Denis Sassou Nguesso est qu’il doit démissionner car il n’y aura pas de consensus sur la question du changement de la constitution. Le meeting du 3 mai 2015 à Pointe-Noire a montré que l’opposition congolaise reste intransigeante sur cette question. En effet le débat relatif au changement de la constitution est un faux débat et un non-sens. Le président Sassou doit prendre ses responsabilités en arrêtant ce débat et en démissionnant.

Le Congo n’est pas un bien privé de monsieur Sassou et de son clan ; il appartient à tous les congolais. Ce qui veut dire que tout congolais ou toute congolaise peut devenir chef de l’Etat pourvu que le pays se dote des institutions fortes et soit imprégné de la culture démocratique, des droits de l’homme et du respect des lois.

Dans son message à la Nation, le 31 décembre 2014, le président Denis Sassou Nguesso disait  à propos du débat sur la question du changement de la constitution que : « … si des divergences persistent entre responsables politiques, seul le peuple souverain sera appelé à trancher, par le vote. Il ne saurait en être autrement. » Ce discours viole :

-       La constitution du 20 janvier 2002, les articles 57, 58 et 185 ;

-       La charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance du 20/01/2007, les articles  4 et 5 ;

-       L’accord de Cotonou du 23/06/2000 révisé à Ouagadougou le 22/06/2010,   l’article 9

Le manque de consensus sur la question du changement de la constitution ne peut conduire au référendum mais à la démission du président de la République. Le président Sassou a le droit de démissionner face à l’impasse créée par la question du changement de la constitution cependant, il n’a pas le droit de convoquer le peuple et d’organiser un référendum sur cette question (il peut démissionner ; c’est son droit mais il ne peut pas changer la constitution ni prolonger son mandat)

Le peuple congolais dans sa grande majorité (90% de la population) n’est pas demandeur du maintien au pouvoir du président Denis Sassou Nguesso, du référendum d’initiative populaire et du changement de la constitution. C’est le président de la République lui-même qui est demandeur de son maintien au pouvoir, du référendum et du changement de la constitution. Le peuple congolais est accusé à tort comme celui qui demande le changement de la constitution et le maintien au pouvoir du président Denis Sassou Nguesso au-delà de son dernier mandat. Cette accusation permet de constater que ce peuple est pris en otage depuis le 24 novembre 1997 (date de l’entrée en vigueur de l’acte fondamental qui a abrogé la constitution du 15 mars 1992)

La demande du président Denis Sassou Nguesso de convoquer le peuple congolais (qu’il a pris en otage) et d’organiser un référendum sur la question du changement de la constitution est irrecevable, impertinente et non fondée au motif qu’elle viole de façon flagrante l’article 9 de l’accord de Cotonou, les articles 4 alinéa 1 et 5 de la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et les articles 57, 58 et 185 de la constitution du 20 janvier 2002.

A cette violation s’ajoutent des manœuvres dolosives utilisées par le président de la République dans ses différentes déclarations pour faire avaler le poison mortel au peuple congolais et à la communauté internationale (manœuvres dont le but est d’aveugler le peuple affamé afin qu’il accepte le changement contre sa propre volonté)

Le président Denis Sassou Nguesso, au lieu de se comporter en bon père de la Nation, se comporte comme un voyou hors la loi qui instrumentalise les populations par la manipulation, l’embrigadement, la corruption, l’aveuglement, le culte de la personnalité, l’intimidation, le mensonge, l’achat des consciences, la torture, les arrestations arbitraires, les détentions illégales…

A cet effet, il passe pour un envoyé de Dieu, un bâtisseur infatigable et un apôtre de la paix croyant que le peuple congolais est toujours à sa solde.

Si le président Denis Sassou Nguesso s’entête à vouloir organiser un référendum illégal (anticonstitutionnel) c’est parce qu’il considère l’instrumentalisation des populations congolaises comme un acquis et un atout. Sur ce point l’opposition doit être unie et déterminée à libérer les populations congolaises du carcan de l’instrumentalisation dont elles sont victimes depuis le 24 novembre 1997.

Le peuple congolais n’est plus certes dupe, mais il a besoin d’une opposition unie, forte et déterminée car libérer ce peuple du carcan de l’instrumentalisation est le principal objectif de l’opposition. Le peuple doit avoir les moyens et la force de refouler toute idée qui compromet son avenir et son bien être (aisance matérielle permettant une existence agréable)

Si la question de la gouvernance électorale, n’est pas réglée d’ici le mois de septembre 2015, le peuple congolais doit demander la démission du président Denis Sassou Nguesso. Cette question est prioritaire et indispensable pour que l’élection présidentielle de juillet 2016 soit libre, transparente et démocratique.

Pour respecter les délais constitutionnels afin que l’élection présidentiel se fasse dans la transparence, le président Denis Sassou Nguesso doit régler la question de la gouvernance électorale avec l’ensemble des partis de l’opposition. S’il ne le fait pas, sachant bien que le fichier électoral est truqué, il doit dans ce cas démissionner. En effet, le temps qui reste, doit être impérativement consacré aux opérations préélectorales et électorales. Selon les experts, il faut 8 mois pour réaliser ces opérations. Au regard de l’urgence du temps, la démission du président Denis Sassou Nguesso s’impose comme une nécessité. Au cas où il ne démissionne pas, le peuple congolais doit le chasser.

Au regard de tout qui précède, il convient de noter que le président Denis Sassou Nguesso doit montrer l’exemple en respectant les lois de la République, il n’est pas au-dessus des lois et il ne doit pas aussi confondre ses pouvoirs constitutionnels aux pouvoirs mystiques mbochi de Kani et Mwéne. L’absence de consensus sur la question du changement de la constitution ouvre la voie à la démission et non à l’organisation d’un référendum d’initiative populaire. Le président ne peut pas convoquer le peuple et organiser un référendum sur cette question. Le manque de consensus est une preuve qui lui permet de démissionner et non un moyen de mettre de l’huile au feu. Le Congo a besoin de la paix, du respect des lois et de l’alternance démocratique pour son vrai développement et non un développement de pacotille.

Maître Céleste Ngantsui

Membre du PSDC

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