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Renouveau

musikanda
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« Mwinda » a mis en ligne depuis quelques semaines déjà un document édifiant qui n’a pas bénéficié de toute la publicité qu’il mérite. C’est la vidéo montrant les policiers et gendarmes déterminés à empêcher Paulin Makaya et ses partisans de tenir une réunion publique à Madingou.

Président de l’Union pour le Congo (UPC), un de ces micros partis qui prolifèrent en ce moment à Brazza, Paulin Makaya s’époumone en vain pour convaincre, selon son expression, les « chiens de garde » au service de Sassou, de le laisser passer pour rejoindre ses militants à son meeting programmé à Madingou. Son parti n’a aucune existence administrative, lui répond un capitaine zélé.

Pourquoi le parti qui n’existe pas, se hasarde Makaya, a-t-il été autorisé à organiser des réunions publiques à Pointe-Noire et à Brazzaville ? Rien à foutre de ce qui se passe à Pointe-Noire et à Brazzaville. Le préfet de la Bouénza est maître chez lui. Il ne veut pas de bordel sur ses terres. Des policiers en armes devant des pick up garés en travers de la route dissuadent Makaya et ses partisans de passer en force. Ils rebroussent chemin. L’Etat de droit à la sauce Sassou/Ndénguet ne plaisante pas avec le respect des principes démocratiques.

Les entraves à la liberté de se déplacer, à la liberté d’expression et de réunion n’ont rien d’exceptionnel au Congo. C’est même une des caractéristiques de ce régime passé maître dans l’art de l’intimidation policière pour réduire ses adversaires au silence (à défaut de pouvoir les zigouiller comme au bon vieux temps) en les accusant de tout et n’importe quoi, même si son accusation préférée reste la détention d’armes de guerre. A l’approche du 32 ème anniversaire de Sassou au pouvoir et de la volonté des Congolais de le pousser dehors, attendons-nous à voir les intimidations policières à l’encontre des opposants se multiplier. Il n’y a là rien d’étonnant car c’est dans la nature même d’un régime autocratique animé uniquement par sa détermination à se perpétuer à l’infini, d’être sourd aux aspirations démocratiques du peuple, et de n’avoir comme seule réponse à ces aspirations que la violence.

Il n’y là rien d’étonnant. Ce qui est en revanche étonnant, c’est l’absence de réaction appropriée de l’opposition face aux intimidations policières du pouvoir. Rare sont les réponses musclées et coordonnées comme ont su le faire avec succès les amis de Okombi Salissa. Malgré le soutien grandissant dont ils jouissent actuellement dans la population congolaise, nos opposants semblent naviguer à vue et avancent sans plan de bataille précis. Bavards, brouillons, imprécis, inorganisés, sans unité opérationnelle, ce sont des hommes dont la communication remonte à un autre âge. En un mot, elle fait pitié à voir alors qu’ils n’ont jamais eu autant d’outils et de compétences à leur disposition.

Au vu de la manière dont il a exploité l’empêchement de son meeting à Madingou, Paulin Makaya, diplômé en communication, nous dit-on, est la parfaite illustration de cette misère de la communication. Les opposants au régime du PCT n’ont toujours pas compris qu’aligner à la tribune tous les dinosaures que compte ce pays pour débiter d’un ton monocorde tous les crimes attribués à Sassou ne leur apportera rien. Nous n’ignorons rien de tout cela. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous n’en voulons plus. Le peuple a besoin de renouveau. Renouveau du régime et de perspectives, certes. Mais aussi de génération. Et de discours.

Musi Kanda

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