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L’opposition la plus bête du monde vole au secours de Sassou

musikanda
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Mourir au pouvoir. S'il n'y a qu'une chose qui lui tient vraiment à cœur, c'est bien ce rêve fou-là. Ayant totalement verrouillé l'armée, la police et l'appareil d'Etat à la tête desquels il a placé enfants, neveux, cousins et hommes sûrs issus de son ethnie, Sassou ne s'imagine pas abandonner le pouvoir après s'être donné tout ce mal pour rien. Le pouvoir, c'est sa vie. Il s’y accroche donc en y mettant parfois des formes, mais personne ne doute que demain, si le besoin s’en faisait sentir, il serait tout à fait capable à marcher à nouveau sur des monceaux de cadavres pour conserver ce qu’il considère comme un bien personnel.

Sur le papier, tout était d'une simplicité biblique. La révision de la constitution et son élection pour un énième "mandat" à la tête de son royaume ? Une simple formalité censée lui procurer une légitimité démocratique grâce au "vote" acquis d'avance de son parlement croupion et à son expertise absolue dans l'art de bourrer les urnes. Seulement voilà, la chute de Compaoré, et quelques années auparavant, celle de Tandja tombe mal. Elle rappelle à notre dictateur préféré et à sa cour la fragilité intrinsèque de toute œuvre humaine car personne n'est à l'abri de l'imprévu. En un rien de temps, tout peut basculer et balayer toutes les certitudes auxquelles s'accrochent les hommes au pouvoir. Sans arguments convaincants justifiant la modification de sa constitution, voilà notre prétendant monarque visiblement contrarié et rongé soudain par le doute, ce d'autant plus que des vassaux hier obligeants dénoncent à tout-va son entêtement et son aveuglement, et claironnent à qui veut les entendre leur refus de cautionner ce putsch.

Bien qu'il n'ignore rien de son impopularité dans le pays, Sassou ne perd pas l'espoir d'arriver à ses fins. Et pour cela, il compte sur le précieux coup de main que lui apporte l'opposition la plus bête du monde. Dans un pays corrompu et misérable comme le Congo où les milliards de dollars tirés de l'exploitation des ressources naturelles sont la propriété exclusive du clan au pouvoir, il n'y a pas besoin de se forcer pour fédérer les Congolais autour d'un projet porteur d'espoir. En effet, quelle que soit leur origine ethnique ou régionale, 99 % de nos compatriotes sont confrontés aux mêmes problèmes de survie : chômage endémique, sous-alimentation généralisée, hôpitaux mouroirs, centres urbains insalubres, inexistence de transports publics dignes de ce nom, enseignement moribond, pillage et détournement des fonds publics, etc. Les réalisations du pouvoir à Oyo (tant mieux pour nos compatriotes qui en bénéficient) au cours de ces dernières années ne sont qu'un cache-misère qui témoigne surtout d'une vision clientéliste de ce régime honni.

Faute de projet stratégique susceptible de contrer sérieusement les manœuvres de Sassou et de son clan afin de préparer sérieusement l'alternative, "l'opposition" passe le plus clair de son temps à se multiplier en chapelles comme des cellules malignes. Depuis dix ans, nous savions tous que Sassou procéderait à la modification de la constitution pour confisquer le pouvoir. Depuis dix ans, "l'opposition" s'épuise à lui réclamer des élections transparentes qu'elle n'aura jamais, à lui adresser des lettres ouvertes qui atterrissent directement à la poubelle, et à solliciter un dialogue auquel il leur oppose systématiquement une fin de non-recevoir. Depuis dix ans, nos "opposants" se font royalement entuber parce qu'ils sont trop stupides pour comprendre que le seul dialogue que Sassou connaît est celui imposé par des rapports de force. Et ce n'est pas en s'émiettant en milliers de chapelles sans aucune assise populaire qu'ils parviendront à inverser le rapport de force actuel en leur faveur. Il n'est pas besoin d'être sorti de Polytechnique pour comprendre cela. Pour le dire autrement, réclamer quoi que ce soit à Sassou, c'est admettre de se placer en position de faiblesse. Il n'y a donc rien à lui réclamer. Tout ce qu'il lui est demandé, c'est le rappel au respect strict de la constitution. Point barre. Il a accompli ses deux mandats de 7 ans et il est âgé de plus de 70 ans. Il a fait son temps. Qu'il s'en aille car le pays n'est pas sa propriété. Point. Tout ce que son ministre de l'intérieur a à faire dans les prochains mois, c'est de fixer la date de la prochaine élection présidentielle. Dans un an, il reviendra aux Congolais en tant que peuple adulte et souverain de choisir librement la personne chargée de conduire les affaires du pays pour les 7 ans à venir. Re point et barre. On s'en fout que cette personne soit bomitaba, kouyou, vili, bembé, mbochi, kongo, teké, nzabi, et j'en passe.

Voilà le discours et aucun autre, que "l'opposition" doit tenir face au pouvoir. Certes, rien n'est jamais simple. Mais il n'y a rien de plus stupide et de plus suicidaire pour notre pays qu'une "opposition" sans conviction et sans fermeté, et l'absence d'une stratégie unitaire. Cette manie inconcevable d'écrire des lettres inutiles à Sassou pour lui réclamer le respect de la loi est à bannir définitivement parce que totalement inefficace et nous ramène aux des temps de Youlou. Cela revient à lui reconnaître le droit de faire ce que bon lui semble. Si on ajoute à cela leurs divisions et leur incapacité à penser avant tout à l'intérêt de la nation, les chefaillons de "l'opposition" sont en train de faire rater aux Congolais l'occasion d'éviter au pays un schéma de succession monarchique à la Eyadéma-Bongo-Kabila. Si Sassou réussit son coup, il n'y a pas à chercher midi à quatorze où se planquent les coupables qui lui auront fait la courte échelle. Pire, non seulement chacun d'entre eux aura tout à perdre, mais nous pouvons hélas être sûrs qu'à sa mort, ce sont les généraux qui nous imposeront son successeur en la personne de Okemba, Bouya ou Sassou fils afin de préserver leurs immenses privilèges.

Il n'est pas trop tard pour nous épargner ce scenario catastrophe et pour convaincre les Congolais de s'unir contre les projets du clan au pouvoir. Encore faut-il leur dire clairement ce qu'on leur propose. Avant toute chose, que "l’opposition" évite de tomber bêtement à pieds joints dans le piège grossier que lui tend Sassou, et qui consiste à faire passer ses représentants pour de tribalistes revanchards qui menacent la paix et la stabilité dont il se dit être le garant. Ensuite, s’unir autour d’un seul nom qui portera la voix et le projet de l’opposition congolaise autour de trois ou quatre grands objectifs parfaitement identifiés, sans ces longs textes verbeux portant des dizaines de signatures de chefs de chapelles qui ne représentent que leur modeste personne. Enfin, se donner un cap, s’y tenir et résister. Résister aux inévitables provocations et intimidations du pouvoir, résister aux sirènes du tribalisme, résister aux enveloppes, résister contre son propre ego mû par le rêve d’homme providentiel. Compte tenu de l’état lamentable dans laquelle se trouve "l’opposition", c’est peu de chose que de dire que la tâche est titanesque, mais pas impossible car il y va de notre survie à tous et de celle de notre pays.

Musi Kanda

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BRAZZAVILLE, 27 mars (Reuters) 

Congo - Le président prévoit un référendum sur un 3e mandat

Le président congolais Denis Sassou Nguesso a annoncé vendredi qu'il prévoyait la tenue d'un référendum visant à amender la constitution, une mesure qui pourrait lui permettre de briguer un troisième mandat de chef de l'Etat lors de la présidentielle prévue l'an prochain.

Au pouvoir presque sans interruption depuis 35 ans, Sassou Nguesso voit son maintien en place empêché par la Loi fondamentale adoptée en 2002 qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et fixe à 70 ans l'âge limite pour être candidat.

L'ancien militaire, âgé de 71 ans, est arrivé à la tête de l'Etat en 1997 après la fin d'une guerre civile et a remporté des élections contestées en 2002 et en 2009. Il avait auparavant dirigé le pays de 1979 à 1992.

"Un moment vient où nous devons décider que le peuple se prononce (sur la révision constitutionnelle) par référendum", a-t-il expliqué dans un entretien à Reuters.

"Il ne faut pas lier ma candidature au débat sur la constitution. Le débat sur la constitution aura lieu et le moment viendra où je me prononcerai", a-t-il ajouté sans préciser s'il entendait briguer un nouveau mandat.

(Aaron Ross; Pierre Sérisier pour le service français)

© Reuters.

Notre commentaire

Après ce genre de provocation de Sassou, l'opposition congolaise continuera-t-elle de tenir  des conférences de presse au domicile de leurs dirigeants ou de pondre des communiqués ? Il serait temps de passer à la vitesse supérieure. Non ?

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