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Et Sassou créa Parfait Kolélas

politique
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Motus et bouche cousue. Parfait Kolélas avait fait sienne cette maxime. Une maxime qu’il respectait scrupuleusement à la lettre il y a encore très peu, en tout cas avant son interview de ce 10 Janvier sur RFI. Que faut-il réellement en retenir ? Rien. Absolument rien à se mettre sous la dent. A part le fait de nous apprendre qu’il est un pacifiste, et non un va-t-en-guerre, disposant de beaucoup de militants et qui s’est quand même fait hara-kiri sur sa victoire par Sassou à la présidentielle de 2016. Il dit une chose et son contraire. Ses déclarations sur le pasteur Ntumi sont à l’image de sa personne. Kolélas déclare ne pas être d’accord avec Ntumi, mais plus loin il dit que Ntumi n’a rien fait. Bref, le genre d’opposant dont rêve Sassou : Trouillard, docile et discipliné, englué dans ses contradictions .

Avec ce genre d’opposants, Sassou peut dormir tranquille. Mais Kolélas a enfin appris une chose : qu’on ne peut demander la grâce présidentielle que pour une personne jugée. Ouf, enfin ! Ce qui n’est pas le cas de Mokoko, Okombi et leurs compagnons d’infortune, incarcérés sans jugement à ce jour et dont il réclamait la grâce présidentielle lors de ses précédentes interventions.

Mais, malgré tout, l’homme reste accroché à cette folle idée que Sassou a réussi à leur inculquer en leur faisant bêtement croire que le Congo est une démocratie. Que Sassou triche aux élections et crée la guerre du Pool pour faire passer son hold-up, qu'il nomme ses députés et choisisse son chef de l’opposition, ça ne choque pas notre personnage. D’ailleurs, il se serait bien vu à la place de Tsaty Mabiala. Mieux vaut en rire !

Le fils Kolélas est libre comme l’air. Il peut sans aucune difficulté au Congo louer des salles pour y organiser des réunions, même au palais du parlement. Il ne connait pas la crise et jouit de la liberté de se mouvoir, ne cesse de multiplier les allers et retours entre Brazzaville et Paris, pendant qu'un Bowao ou une Munari est lui, interdit de réunion ou de quitter Brazzaville. Les Mokoko, Okombi, Paulin Makaya et tous les autres sont en prison. Un opposant de Sassou nullement inquiété et qui jouit de toutes les latitudes ? Avouons-le, c’est bizarre.  

Parfait Kolélas est à Paris voici quelques jours déjà, nous apprend-on. L’homme d’habitude discret et peu prolixe s’est, contrairement à son précédent séjour, montré au grand jour devant un parterre de courtisans triés sur le volet, dans une salle d’un hôtel de la banlieue nord de Paris. Nul doute, est-il venu leur livrer enfin, presque deux ans après le hold-up électoral de Sassou, les résultats tant attendus du recours intenté devant la Cour africaine de justice. Ou, est-il venu leur indiquer la direction du vent à suivre, lui qui en est un spécialiste averti de l’observation du sens du vent. Serait-il venu leur confirmer sans langue de bois que cette crise est née du hold-up de Sassou à l’élection présidentielle et dont lui Kolélas était candidat ? Ou serait-il plutôt venu convaincre les Congolais restés dubitatifs, suite à ses déclarations sur RFI, de ne pas associer le sort des prisonniers politiques à la crise du Pool ? Enfin, serait-il venu tout simplement s’offrir une virginité auprès de ceux qui ont encore des doutes sur sa duplicité supposée ou avérée avec notre tyran ?  

En réalité, rien de tout ça. L’homme joue sa survie. A la tête de sa nouvelle chapelle, le propriétaire autoproclamé des voix du Pool est venu à Paris pour mettre sur pied l’antenne de son nouveau joujou et sonner, dit-on, la mobilisation. Ne rigolez pas ! D’après même certaines indiscrétions, il aurait fixé le cap, objectif 2021 et travaillerait déjà avec ses troupes pour faire partir Sassou. Youpi ! ! ! Question : Comment y arriveraient-ils là où ils ont échoué en 2016 ? A moins que ça ne soit, là encore, une imposture et un remake du déjà-vu. Sortiront-ils l’armada militaire pour chasser Sassou ? Mais ne soyons pas mauvaises langues, le messianisme est un don chez les Kolélas. Après le père, voici le fils. Pour une première fois au monde, un tyran avec plein de casseroles au cul s’en ira de son propre chef. Alléluia !! 

Kolélas prend vraiment les Congolais pour des cons. Malheureusement pour lui, qu’ils ne le sont pas tous devenus, même si c’est vrai, Sassou a réussi l’exploit d’abrutir nombreux de nos compatriotes. Sait-il seulement qu’un voleur n’avoue jamais son larcin quand il sait qu’il risque gros ?  Que gagnerait-il à avouer sa complicité avec Sassou, lui, qui a tout à perdre et a plutôt intérêt à ce que les choses restent en l’état ? Sassou au pouvoir, c’est la garantie pour lui de garder son fromage. N’attendez pas de lui qu’il vous dise clairement qu’il roule pour Sassou. Il ne vous l’avouera jamais.

Mais, les plus à plaindre dans l’histoire, ce n’est pas Parfait Kolélas qui, comme son père, a bien compris tout l’intérêt qu’il pouvait tirer du Pool et de son statut de leader autoproclamé de cette région. Les plus à plaindre disais-je, ce sont ces Congolais qui le suivent tels des moutons de panurge.  Et quand je vois qu’il y a même ceux de France qui ont osé braver le froid hivernal pour aller à cette messe, en réalité, un service après-vente d’un vieux dictateur, conçu et imaginé par un des siens, je me dis qu’on a vraiment du pain sur la planche.

Jean Jacques Morawa

 Ecouter l'interview de Kolélas 

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