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Congo-Brazzaville : le pouvoir politique ou l’animal pris dans le filet…

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Sassou: “ Pour l’instant, à cette place, il n’y a personne pour me supplanter. ”

La réunion clanique (à visionnerici) tenue en langue Mboshi par Sassou à Edou continue de faire des vagues. Une réflexion deRené Mavoungou Pambou.

Tribune libre

Une bien fâcheuse nouvelle qui n’est surtout pas pour réjouir les congolais vient défrayer la chronique. Sassou nguesso, l’homme qui n’a jamais gagné la moindre élection et qui s’est imposé envers et contre tout au sommet de l’Etat, par les moyens que l’on sait, jouit désormais de la gracieuse caution desprétendus “sages”de son ethnie pour la conservation du pouvoir ad vitam aeternam. En effet, ces derniers se sont forgés une conception pour le moins insolite du pouvoir politique. A la surprise générale, et dans une enflure rhétorique, ils osent affirmer que le pouvoir politique est assimilable sinon semblable à“un animal pris dans un filetet qu’on ne saurait libérer sous aucun prétexte. Ceci n’est qu’un sinistre présage qui fait froid dans le dos, tant une conception aussi archaïque et machiavélique ne saurait garantir la stabilité, l’unité, la cohésion et la paix sociales!

Si telle est l’idée que Sassou Nguesso et les siens se font du pouvoir, alors ici se confirme l’opinion générale qu’il n’a jamais été un démocrate, car hanté par l’obstination déraisonnable, au demeurant peu glorieuse, du pouvoir pour le pouvoir. C’est assez pitoyable de constater que le groupe ethnique mbochi, loin de contribuer à la promotion des valeurs et de la culture démocratiques dans notre pays, préfère imposer une hégémonie ethnocentrique tous azimuts au reste de la population. On est ici au cœur du psychodrame congolais : celui de l’usage de la violence politique et armée pour la conquête et la confiscation du pouvoir. A cela s’ajoute surtout le refus obstiné de tout dialogue politique inclusif en vue de la décrispation du climat délétère qui prévaut dans le pays.

Après cette onction inespérée de ses “sages”, on comprend aisément que Sassou Nguesso soit plus que jamais requinqué sinon gagné par la frénésie de se cramponner au pouvoir à tout prix, continuant ainsi à trainer le pays dans une fange dictatoriale. Comme pour rassurer ses sages mbochi Sassou Nguesso leur sert en retour la réparti suivante: “Pour l’instant, à cette place, il n’y a personne pour me supplanter. Je vous le dis, cette personne à ce jour n’existe pas!”Comment oser faire violence à un peuple que de le traiter avec autant de condescendance? C’est ici l’expression de tout le mépris qu’il porte aux congolais! C’en est également un défi en bonne et due forme lancé à tout un peuple.

D’où lui vient cette assurance qu’il n’y a personne d’aussi violent et sanguinaire que lui pour lui faire subir le sort qu’il a fait à Marien Ngouabi? D’où lui vient cette assurance qu’il n’y a personne d’aussi belliciste que lui pour prendre les armes et l’évincer du pouvoir, comme il l’a fait à l’endroit de Pascal Lissouba? La folie des grandeurs chez l’homme est telle qu’il a même perdu le sens de la mesure et des réalités. Sassou est-il devenu amnésique au point d’ignorer qu’en face de chez nous vécut un épouvantable tyran qui, en son temps, abreuvait son peuple des mêmes sornettes, mais le monde sait comment il a fini! Il lui a surtout échappé que la chute de son régime est inéluctable et que cela n’est qu’une question de temps. Sassou Nguesso peut bien se prévaloir du monopole de la violence armée, sur fond de militarisation de son régime, il n’en demeure pas moins vrai que : tchivadangu n’liisi mva likala li mbaasu wuleeka “le canard est glouton, mais il ne put avaler le charbon ardent,” comme le stipule une sagesse populaire ancestrale.

Aussi, par la volonté d’un homme et des membres de son ethnie, l’alternance politique est reléguée aux calendes grecques. Le Congo-Brazzaville est ainsi condamné à sombrer dans une impasse institutionnelle; et le peuple, pris en otage, doit continuer à subir les affres d’un pouvoir tyrannique. En quoi les Mbochi sont-ils plus congolais que les autres pour s’arroger le monopole du pouvoir politique? De par cette façon de faire, on est en droit de se demander si l’homme mbochi est vraiment dans l’air du temps. Manifestement, il va à contre-courant de l’histoire de l’humanité, en remettant au goût du jour des pratiques archaïques et anachroniques qui participent de la “bananarisation” avérée de notre République.

Il est de notoriété publique que le pouvoir de Sassou Nguesso n’est fondé sur aucune légitimité, d’autant qu’il résulte d’un coup d’Etat particulièrement sanglant. Bien évidemment, il lui a fallu marcher sur des milliers de cadavres congolais pour s’accaparer du pouvoir. N’oublions pas qu’il s’y cramponne par la fraude électorale, en foulant ainsi aux pieds la volonté populaire de changement et d’alternance. Le moins que l’on puisse dire c’est que ses prétendus “sages” sont au fait des conditions dans lesquelles Sassou Nguesso s’est accaparé du pouvoir et s’y maintient. En quoi donc peuvent-ils passer pour des sages quand ils encouragent l’arbitraire, la déraison et l’incongruité, avec les conséquences que cela implique? Cet état de fait témoigne à l’évidence d’une volonté manifeste d’arriération d’un peuple, au demeurant rétif à la démocratie et au progrès. Ceci est symptomatique d’une déliquescence sociétale ambiante mais bel bien rampante et ipso facto de l’inéluctable décadence du pays.C’est pathétique!

En somme, contrairement à la conception surannée mbochi consistant à prôner et à pérenniser la logique antidémocratique du pouvoir au bout du fusil plutôt qu’au fond de l’urne, on est en droit de rappeler que dans ce monde moderne dans lequel nous évoluons, le pouvoir politique ne saurait se conquérir par le fameux “filet” caractérisé par la violence armée et l’imposture du putsch constitutionnel, mais plutôt par des moyens démocratiques. Et c’est au fond de l’urne que l’on gagne le pouvoir, tout en ayant présent à l’esprit que le pouvoir politique est l’émanation du souverain primaire. Lequel le dépose dans l’urne au moyen des suffrages librement exprimés.

René MAVOUNGOU PAMBOU

Collectif Unis Pour le Congo

Secrétaire chargé des questions éducatives et socio-culturelles