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Du fond de sa cellule, Jean Marie Mokoko pleure sa maman à chaudes larmes

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Madame Louise Ongagna n’est plus en vie depuis ce 18 octobre 2019. Elle s’est éteinte. Jean Marie Mokoko, le prisonnier politique le plus célèbre du Congo-Brazzaville pleure sa maman à chaudes larmes du fin fond de sa cellule où il purge sa peine. C’est une épreuve terrible pour celui qui s’est vu voler sa victoire par Sassou, lequel, par lâcheté, l’a injustement condamné à 20 ans de taule pour avoir assené une sacrée déculottée au vieux dictateur congolais, mettant à nu le système Sassou aux yeux de la communauté internationale. Un système de fraude électorale à grande échelle et en bande organisée auquel Sassou a toujours eu recours pour se maintenir au pouvoir.

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Lettre des avocats de J3M au ministre de la Justice

C’est une situation en effet inédite au Congo : un des prisonniers politiques en détention qui perd sa maman. L’indignation des Congolais sur le sort de Jean Marie Mokoko et la compassion suscitée par le décès de sa mère sont telles qu’ils en sont à se demander si les larmes de Jean Marie Mokoko suffiront à adoucir le cœur d’un Sassou réputé pour être de marbre face aux malheurs des autres.

Ça n’arrive pas qu’aux autres. Le monde entier se souvient encore de cette image d’un Sassou soutenu par deux femmes, terrassé par la douleur d’avoir perdu sa fille ainée. C’était en 2009. Comment lui, Sassou l’éternel à qui aucun malheur ne peut arriver, se serait-il senti si quelqu’un s’étant arrogé le droit de vie ou de mort comme lui sur ses concitoyens, l’avait empêché de s’incliner devant la dépouille de sa fille, l’empêchant de lui rendre un dernier hommage et assister à ses obsèques funèbres ? C’est pourtant ce qu’il fait subir à des centaines de milliers de Congolais qui sont dans l’incapacité d’aller enterrer un parent, craignant pour leur vie, parce qu’ils ont affiché publiquement leur aversion à l’égard d’un homme et de son système hideux.

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Dans le monde des gens civilisés, la démocratie est un combat à la loyale, dans le strict respect mutuel. Le respect de la vie humaine. Qui use des méthodes archaïques d’intimidation, d’assassinats ou d’incarcération de ses opposants est et reste un dictateur, en dépit des apparences qu’il veut se donner. On ne peut pas d’un côté chanter la démocratie à longueur de journée puis de l’autre continuer à se comporter en véritable criminel.

Au-delà du cas Mokoko, il faut absolument en finir avec ce règne inique de la terreur qui condamne d’office celui qui ne partage pas les dérives d’un système et qui ose le dire publiquement.

Madame Louise Ongagna était certes âgée, mais on peut facilement imaginer qu’elle était broyée par le chagrin. Le chagrin relatif au martyre et à l’injustice subis par Jean Marie Mokoko. Ce qui a sans aucun doute précipité sa mort. Les geôliers de son fils doivent savoir qu’ils ont cette mort sur leur conscience. Elle s’en est donc allée. Pour autant, une mère peut-elle mourir en paix sachant que son fils unique est pris en otage par un homme et ses ouailles ?

Sassou sait très bien ce qu’est la perte d’une mère, puisqu’il organise tous les ans, ce qui est devenu un rituel : le recueillement, avec les moyens de l'Etat, de l'ensemble de la classe politique devant la tombe de sa mère. Si ce qui ne devait rester qu'une affaire privée n’était pas si important pour lui, pourquoi convoquerait-il ainsi l'ensemble du Conseil de ministres et autres diplomates dans son cimetière familial ?.

Cette femme n’a eu qu’un seul enfant : Mokoko, son fils unique ! Sassou doit comprendre la douleur de son prisonnier et le laisser organiser les obsèques de sa mère. Même si celles-ci devraient avoir lieu à Makoua. Nous espérons, sans trop nous bercer d'illusions, que, Sassou et les siens seront, pour une fois, humains, si ce n’est trop leur demander, pour laisser un fils unique inhumer sa mère chérie.

Puisse Jean Marie Mokoko, trouver ici, l’expression de tous les mots de réconfort pour apaiser sa douleur.

Jean Claude Itoua

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