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Le semi-échec des combattants 242 et la victoire en demi-teinte de Roga Roga

politique
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Le concert sous haute surveillance a eu lieu malgré l’opposition des combattants et des indignés 242 qui n’ont pas réussi à l’empêcher, grâce à un déploiement policier impressionnant. « Paris est tombé », jubilent les partisans du pouvoir du Congo-Brazzaville.

Le bras de fer qui a opposé sur la place de Paris, en l’occurrence au palais de congrès de Montreuil, le 26 mai 2018, partisans et opposants de la tenue du concert du chantre du pouvoir de Brazzaville, a tourné à l’avantage du musicien Roga Roga sur les combattants. Mais le pari de Paris était risqué. Ça été une demie-victoire. 

La détermination des combattants et des indignés 242 s’est heurtée à l’obstination de Roga Roga appuyés par une armée des parasites du pouvoir de Brazzaville. Ceux-là même pour qui Denis Sassou Nguesso reste le meilleur malgré la crise protéiforme qui frappe de plein fouet le Congo-Brazzaville. Soupçonné d’être de connivence avec le régime dictatorial de Brazzaville, Roga-Roga a vu sa personne cristalliser toute la haine que l’Opposition a accumulée contre Denis Sassou Nguesso.

Roga Roga a pu réaliser son rêve : se produire dans une salle parisienne. Le concert sous haute surveillance a eu lieu malgré l’opposition des combattants et des indignés 242 qui n’ont pas réussi à l’empêcher, grâce à un déploiement policier impressionnant. « Paris est tombé » jubilent les partisans du pouvoir du Congo-Brazzaville.

Cols blancs 

La division, l’éparpillement, l’éclatement des combattants de la place de Paris, la distance et l’indifférence des congolais de la diaspora expliquent la faible mobilisation du 26 mai 2018. Chaque mouvement de résistance au pouvoir de Denis Sassou Nguesso veut marquer sa différence. La coagulation des mécontentements et la convergence des luttes ne se sont pas réalisées. La manifestation par procuration des congolais de la diaspora a porté un coup fatal à l’action qui visait l’annulation du concert de Roga Roga au Palais de Congrès de Montreuil. La tâche d’aller au charbon a été abandonnée par les politiciens seniors et fourguée aux jeunes. Les politiciens en col blanc ont jeté leur dévolu sur les hôtels et les salons parisiens climatisés. Les congolais de Brazzaville confortablement assis dans leur salon suivaient en direct sur Facebook les combattants et les indignés 242 battre le pavé et faire face aux forces de police. L’absence des hommes politiques du Congo-Brazzaville sur le front qui se disputent le leadership sur la place de Paris (Modeste Boukadia, Guy Mafimba, Marc Mapingou, Bienvenu Mabilemono, Mawawa Kiéssé, John Binit Nzaba, Christophe Karanda, Andréa Papius Ngombet Mbalawa, Magloire Ndoba, William Ota, Massengo Tiassé, Gertrude Malalou Koumba, Richard Samba dia Nkoumbi, Wabari Marioti, Sadio Morel Kanté, Marcel Makomé, Toussaint Mavoungou, Henri Pémot, ) aux côtés des combattants et des indignés 242 est déplorable et a joué sur le moral des troupes qui n’ont cessé d’appeler au secours. Le renfort des combattants de la RD Congo passés maître dans les opérations d’annulation des concerts en Europe n’a pas été décisif. L’encadrement juridique des combattants et des indignés 242 par les avocats et juristes congolais de la diasporas a fait défaut. Aucune requête en annulation du concert du 26 mai 2018 n’a été introduite auprès du Tribunal administratif. La grogne politique s’exprime secteur par secteur au Congo-Brazzaville, chapelle par chapelle et clan par clan dans la diaspora mais ne débouche pas sur un vaste mouvement de contestation de l’action de l’équipe de Sassou Nguesso.

Flop

Trente-deux combattants se sont retrouvés en garde à vue, avant d’être remis en liberté le dimanche 27 mai 2018 en début de soirée. Roga Roga a bénéficié d’un renfort de gros bras venus de Brazzaville. Il s’agirait de plus d’une centaine de Cobras qu’un charter a transbahutés sur la place de Paris. L’enjeu pour le pouvoir du Congo-Brazzaville était de taille : prouver que la place de Paris n’était pas sous le contrôle des « Bakongo ». Plus de 750 billets auraient été achetés par Christel Sassou, Willy Etoka, Claudia Sassou et Jean-Dominique Okemba et offerts gracieusement pour remplir la salle du Palais de Congrès de Montreuil. Mais, rien n’y fit. En dépit du racolage actif par le biais de la distribution gratuite des billets, le concert a fait flop. Roga Roga « assali mpiaka », « concert é béti poteau » etc. Le thermomètre d’un concert est avant tout le public, puis la prestation. La réussite d’un concert se mesure par le nombre de spectateurs et la qualité de la prestation sur scène. Une prestation, fut-elle belle devant une salle vide n’est plus un concert, mais une séance de répétition, a ironisé le site d’information Sacer info.

Les images sont éloquentes et confondent le griot du pouvoir du Congo-Brazzaville. Les organisateurs du concert de Roga Roga, se réjouissent plutôt d’avoir défié les combattants et joué, quoique devant une salle presque vide. Une appréciation semblable à celle des autorités de Brazzaville qui croient bien faire là où tout le monde voit le contraire.

Attentat 

Dans une salle capable de contenir 3000 personnes, le concert du leader d’Extra Musica n’en a réuni qu’une centaine, dont la majorité est proche de l’artiste. Des amis de Roga Roga qui se sont vu offrir des billets pour faire nombre. Financièrement parlant, l’organisateur du spectacle a fait une très mauvaise affaire, et artistiquement, le patron d’Extra Musica a échoué. Les organisateurs du concert de Roga Roga rasent les murs et font profil bas. Il n’y a pas de quoi pavoiser. Il se murmure que deux musiciens du groupe de Roga-Roga auraient fait défection. C’était prévisible. Il y a de fortes probabilités que nombre de cobras venus faire les gorilles au concert de Montreuil se soient aussi évanouis dans la nature. Il semble que chez les farouches supporters de Sassou, l’envie de vivre hors du Congo est plus forte que l’envie de vivre sous la dictature au Congo. A chacun de tirer ses enseignements sur ces fuites.

Denis Sassou Nguesso a perdu la bataille de la communication. Les tentatives de corruption des combattants et des indignés 242 ont échoué. L’action des combattants et des indignés 242 le 26 mai 2018 aux abords du Palais de Congrès de Montreuil a eu un retentissement médiatique inattendu dans la presse française (AFP, Le Monde, Le Parisien, 20 minutes) d’ordinaire très peu prolixe sur le Congo-Brazzaville. Comme pour se venger de ce camouflet, les services de sécurité de Sassou ont simplement attenté (sans succès heureusement) à la vie du leader des Indignés du 242, Roland Levy Nitou.

  Benjamin BILOMBOT BITADYS