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Le bulldozer Sassou Nguesso

politique
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Tribune libre

La situation politique au Congo-Brazzaville n’est pas aisée depuis qu’un violent tacle a été assené le 22 septembre 2015 aux institutions du 20 janvier 2002.  Moins difficile pour Sassou Nguesso, l’auteur du mauvais geste politique qui déroule pour l’instant son calendrier avec une facilité déconcertante, que pour l’opposition du Congo-Brazzaville, IDC-FROCAD,  chargée de faire échec au referendum du 25 octobre 2015 annoncé par Sassou Nguesso et soutenu mordicus par  le PCT  et les épigones du « chemin d’avenir  ».

Barbarie

Sur des dehors d’une démocratie, le Congo-Brazzaville est une des plus féroces dictatures d’Afrique. Il a à son actif l’assassinat de deux chefs d’Etat, Marien Ngouabi et Alphonse Massamba Débat, d’un homme de l’Eglise, le cardinal Emile Biayenda, l’éviction de deux présidents Fulbert Youlou et Pascal Lissouba, plusieurs coups d’Etat et de nombreuses victimes politiques.

Dilemme

A ce titre, il ne fait pas de quartier à l’opposition. Denis Sassou Nguesso dispose de tout. L’armée, la police, les renseignements, le Trésor Public. Dans ce contexte, l’alliance IDC-FROCAD peut-elle créer une force de réaction rapide dirigée par un coordonnateur ? A quoi ressemblerait cette force ? A une milice ? Scander les slogans hostiles à Sassou Nguesso et au PCT suffirait-il à protéger un dirigeant ou des militants de l’opposition harcelés par le pouvoir du Congo-Brazzaville ? Dans un système dictatorial tel celui du Congo-Brazzaville, l’alliance IDC-FROCAD pouvait-elle se doter de ses propres moyens d’information tels les journaux, les radios et les chaînes de télévision sans s’attirer les foudres du pouvoir de Sassou Nguesso ? Les titres de presse qui ont tenté de faire  entendre un autre son de cloche ont été purement et simplement interdits de publication par l’organe de censure du PCT dirigé par Philippe Mvouo, naguère présidé par Jacques Bananganzala, aujourd’hui passé à l’opposition.

Médias manipulés

Mangeant dans sa main, l’homme d’Edou-Penda dispose aussi d’un puissant réseau d’amis à l’étranger.  Les médias nationaux et internationaux sont à  son service. Il dispose aussi d’un puissant lobby payé à coups de millions de dollars chargé de plaider sa cause et de façonner son image à l’international. Conséquence : les condamnations de l’annonce du referendum du 25 octobre 2015 et la couverture médiatique du coup d’Etat constitutionnel se font rares.

N’eût été l’existence des sites d’information congopage.com, journalmwinda.org, congo-liberty.com, brazzanews.info, zenga-mambu.com, dac-presse.com, les péripéties politiques du Congo-Brazzaville passeraient inaperçues.

L’erreur de l’opposition est d’avoir négligé ou sous-estimé le rôle des nouveaux outils de communication dans leur stratégie de conquête du pouvoir. Qui contrôle l’information, détient le pouvoir. Ce n’est pas un hasard si Sassou Nguesso et Thierry Moungala traînent les pieds à déployer et développer l’internet au Congo-Brazzaville.

Milice

Les partisans du « non » au changement de la Constitution du 20 janvier 2002 et les farouches opposants au referendum du 25 octobre 2015 ont les yeux rivés vers l’alliance IDC-FROCAD en attente d’hypothétiques mots d’ordre. Ils sont prêts à croiser le fer avec les nervis de Sassou Nguesso. Est-ce la bonne fenêtre de tir ? Quelle  sera l’attitude de l’armée contrôlée par les proches de Sassou Nguesso ? Est-ce le moment d’envahir la rue, ériger les barricades et bloquer le pays pour faire plier Sassou Nguesso tout en préservant les vies humaines ?

Que faire ?

La tâche de l’alliance IDC-FROCAD n’est pas facile. Il s’agit de prendre la bonne décision parmi les moins bonnes et les moins mauvaises et au bon moment. « Politik yi koubidi »  disait Bernard Kolelas. Certes, le temps est compté pour dégager Sassou Nguesso et le système PCT du plancher. Les populations du Congo-Brazzaville s’impatientent.  Toutefois, ne confondons pas vitesse et précipitation. Denis Sassou Nguesso, qui s’accroche au pouvoir,  est un monstre froid qu’il faut manipuler avec dextérité. Pour rester dans la métaphore sportive, le ballon est pour l’instant dans le camp de l’IDC-FROCAD.

 Benjamin BILOMBOT BITADYS

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