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Le masque déchiré du changement de constitution

musikanda
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Le pseudo débat sur la révision constitutionnelle (ou sur le changement de constitution) qui préoccupe prétendument les Congolais aujourd'hui ne présente aucun intérêt. Un dictateur n'a pas besoin de constitution. Cela, nous le savons tous, et nous le vérifions régulièrement aussi bien au Congo que d'autres pays africains. Alors, pourquoi donc tout ce vacarme sur un texte dont la portée est purement formelle ?

Sassou a deux raisons profondes de vouloir s'éterniser au pouvoir. Tous ceux qui l'ont rencontré à Paris au début des années 90 gardent de lui le souvenir d'un homme totalement abattu, déprimé, mal rasé, ruminant et tournant en rond. La perte du pouvoir, une déchéance absolue, était pour lui l'antichambre de la mort, dont il ne parviendra à s'extraire que grâce au projet de putsch fomenté par Elf.

Dix-huit ans après son putsch réussi, son quotidien est hanté par ce cauchemar qu'auront été les cinq années passées loin du pouvoir. Pour rien au monde, il ne tient à revivre cette expérience humiliante et éprouvante qui l'a profondément marqué. C'est la première raison. La deuxième, plus banale, est commune à tous les dictateurs du continent. L'Etat, c'est lui. Et c'est sa chose. Pourquoi vouloir modifier un texte sur lequel il s'assied allègrement ?

Rassurez-vous, ce n'est pas pour les Congolais. Mais pour ces emmerdeurs de Blancs, éternels donneurs de leçons sur la démocratie, qui ignorent tout des réalités africaines et notre attachement viscéral au culte du chef.

Bien entendu, il justifiera son projet de se cramponner au pouvoir en se présentant comme le seul homme capable de garantir la paix et la sécurité aux Congolais. Il feindra d'ignorer qu'il s'agit avant tout de garantir sa paix et sa sécurité à lui jusqu'à sa mort comme l'illustre parfaitement la maîtrise absolue de tout l'appareil d'Etat et du secteur économique "public" confiés aux membres de son clan ou de ses vassaux. Des membres du clan et des vassaux qui, eux non plus, n'ont aucun intérêt à voir s'échapper les monstrueux privilèges que leur procure un pouvoir qu'ils confisquent à leur seul profit depuis près de 20 ans.

Connaissant l'énorme sympathie que les Congolais leur témoignent, Sassou et sa cour n'ont pas d'autre choix que de se maintenir au pouvoir, quitte à recourir à la force pour dissuader tous ceux qui seraient tentés de se mettre en travers de leur projet. Leur survie et le maintien de leur mainmise sur les richesses du pays en dépendent. Le drame pour les Congolais est que tous ceux qui combattent le parti au pouvoir et son changement de constitution ne rêvent de virer Sassou et son clan que pour jouir des mêmes avantages qu'eux une fois installés au pouvoir. S'ils avaient un autre projet que celui de profiter à leur tour des bienfaits du pouvoir, il y a longtemps qu'ils auraient au moins réussi à s'entendre sur un programme commun de gouvernement crédible. Nous en sommes très loin.

Musi Kanda

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