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Sassou l’imposteur

politique
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Le pouvoir de Brazzaville est actuellement sans boussole. Au fond, il s’est considérablement affaibli. En témoignent le niveau de sa barbarie et de sa violence gratuite. Bien plus que son avion Falcon Mayima-Air-Line, c’est l’ensemble des passagers à bord de cet appareil et de son équipage que les américains auraient dû retenir pour de bon.

Pendant que l’Afrique de l’ouest enregistre des avancées significatives sur le plan démocratique, l’Afrique centrale s’asphyxie avec des régimes moyenâgeux dans lesquels le gangstérisme d’Etat fait office de politique. Le contraste est saisissant entre le Sénégal, le Bénin, le Nigéria ou le Ghana d’un côté, le Burundi, le Congo-Brazzaville ou la RDC, de l’autre.

Par ses fausses apparences de piété, de sagesse et de probité qu’il n’a cessé d’afficher au travers de ses discours monolithiques et monocordes, le monde entier découvre, enfin, l’ampleur de la bêtise incarnée par ce personnage au pouvoir depuis toujours. Une longue nuit faite d’intrigues, des biens mal acquis, des holdups électoraux, des guerres à répétition et de génocide … s’éternise.

Ses errements aux USA ne sont que le reflet d’un pouvoir vagabond, inutile, sclérosé et usé. La soudaine gifle de Trump à Sassou a fait du bien au moral des congolais tant les responsables occidentaux se sont longtemps accommodé des tyrans africains. Mais cette fois-ci, les pétro-CFA de Sassou n’ont nullement impressionné le milliardaire américain.

C’est l’histoire d’un homme qui a pris en otage son pays et qui voulait absolument être sanctifié par le biais du sang et de la corruption. Etrange conception de sainteté qui a épouvanté les âmes congolaises, humilié les vertueux démocrates et insulté notre passé d’esclaves. Cette réincarnation désobligeante du colon en terre africaine, n’a guère d’espace à notre époque où le monde est devenu un village.

Bien plus que son avion F7 Mayima-Air-Line, c’est l’ensemble des passagers à bord de cet appareil et de son équipage que les américains auraient dû retenir pour de bon. Ô que cela nous aurait changé la vie !

Sassou n’est-il pas, en réalité, un imposteur, despote de son Etat, qui veut passer pour un homme de bien, pour un grand dévot, pendant qu’il bombarde, sans témoin, des paisibles populations du Pool sans discontinuer ?

Quoiqu’en dise le pouvoir de Brazzaville dans les instances internationales plutôt corrompues, le Pool, région martyre, s’est vidé de la quasi-totalité de sa population tandis que des centaines de villages de cette région sont rayés de la carte. Qui peut l’accepter !?

A huis clos, le génocide continue dans le Pool. Mais à l’heure des autoroutes de l’information, les réseaux sociaux constituent un domaine non encore bridé par la dictature, malgré les multiples tentatives d’étouffement par le pouvoir.

Dans ce pays où le mensonge d’Etat est grossier, les congolais aspirent à davantage de liberté et à des meilleures conditions de vie où l’accès à l’eau et à l’électricité ainsi qu’aux soins médicaux ne seront plus un rêve mais relèveront d’une réalité concrète.

Lassé par la violence gratuite, la corruption, les holdups électoraux et l’arbitraire, tout le monde appelle à la révolte avec raison. Les larmes et le sang coulent à grands flots, le pétrole aussi.

Qu’a-t-il fait de Jean-Marie Michel Mokoko, de Modeste Boukadia-Loutaya, de Paulin Makaya, de Justin Kala-Kala … ? Où se trouve donc Okombi Salissa et pour quel sort ? Le pouvoir de Brazzaville fait les choses à l’envers ; il arrête le député Okombi, lequel jouit pourtant pleinement d’une immunité parlementaire, sous le prétexte fallacieux d’enquête de flagrance. L’arrestation du journaliste Ghys Fortuné Dombe Mbemba est inadmissible. Il lui est reproché simplement un délit de presse.

Les dirigeants congolais embourbés dans l’illégitimité voire l’illégalité, veulent manipuler les concepts de vertu comme la justice et la vérité devant lesquels ils tournent le dos. La paix dont on recherche en vain dans ce pays repose sur ces deux éléments qui fondent la République et le vivre ensemble.

Si le Congo-Brazzaville était, hier, une prison à ciel ouvert, il en voie de devenir un bagne pour ses propres fils. Des travailleurs sans solde, les libertés ligotées, le bâillonnement des citoyens, l’embastillement des opposants, la sacralisation de l’impunité pour le clan, des quartiers et régions bannis … s’apparentent à un décor l’ère esclavagiste. Mais en 2017, cela constitue un fâcheux recul.  Et personne ne se lève ! ?

Même si demain Sassou et son clan sont aux arrêts et écroués, nos morts ne reviendront plus jamais ! L’enjeu immédiat c’est de stopper cette folie.

Les rares images qui nous parviennent font état des exactions dépourvues d’humanité et passibles de la Cour Pénale Internationale. Cela n’est plus tenable. Les congolais sont à bout de souffle. Certains d’entre eux avaient naïvement cru aux slogans creux, claironnés jadis par le pouvoir, selon lesquels « tout serait pour le peuple et rien que pour lui ».

Aujourd’hui, c’est le désenchantement. Les congolais se retrouvent en pleine réalisation cauchemardesque d’une mise en garde d’un ancien Chef de l’Etat qui prédit qu’un écervelé pourrait, un jour, s’emparer des Institutions … Devenu fou, le pouvoir a cessé de diriger le pays. Ivre des richesses de ce dernier, il s’octroie même le droit de vie et de mort des paisibles populations sans défense. Cela est insupportable.

Nul doute que si les réformateurs du pouvoir de Brazzaville qui se sont précipités à se convertir en devanciers de la lutte visant l’avènement de l’ère démocratique, sentant proche la chute de leur régime, avaient profondément l’âme d’opposants aguerris, la page Sassou serait déjà tournée.

En effet, dans une lutte de libération du joug dictatorial les opportunités sont extrêmement minces. Par conséquent, il n’y a guère de place à des mises en garde, ni à des imaginaires lignes rouges qui s’apparentent à de la naïveté ou pire à de la complicité.

Le pouvoir de Brazzaville est actuellement sans boussole. Au fond, il s’est considérablement affaibli. En témoignent le niveau de sa barbarie et de sa violence gratuite, le durcissement des lois bridant les libertés et la limitation des possibilités d’accès aux institutions désormais réservées au seul clan. Les bombardements et la poursuite du génocide dans le Pool sont des signes de fébrilité et d’un chancèlement indéniables.

 Et, en cette fin d’année 2016 et en quelques heures à peine, la diaspora a infligé une déculottée de « haut niveau » à papi Sassou en mal de reconnaissance extérieure, après ces multiples holdups institutionnels. Vomi à ce point par le peuple et la diaspora, refoulé à l’extérieur, une opposition talentueuse intérieure et déterminée devrait parvenir, non sans mal, à renverser ce régime d’un autre âge. Du pain sur la planche.

Abraham Avellan WASSIAMA