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Changement de Constitution : Sassou bat en retraite et brouille les pistes

politique
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Alors que ses partisans attendaient qu'il confirme son projet de changement de constitution qu'il avait lui-même initié indirectement, en créant de toutes pièces de faux sages sur toute l'étendue du territoire national, des faux sages sortis de nulle part qui exigeaient l'élaboration d'une nouvelle constitution, après qu'il eut lui-même confirmé, de retour de voyage à Cuba que le peuple allait être appelé à se prononcer par référendum, après enfin que le comité central du PCT ait pris position en faveur du changement de constitution, voilà Sassou prenant faussement de la hauteur, expliquant aujourd'hui que " l'élection présidentielle ce sera en 2016 et les élections législatives en 2017. On a le temps de les voir arriver. Travaillons d’abord. Viendra après le temps des joutes électorales ".

Certes, histoire de sauver la face mais également pour tenter l'opération de camouflage après la déclaration du PCT (1), même si le dictateur n'a pas manqué de réaffirmer qu' " Il est évident que les affaires des Congolais sont et seront réglées par les Congolais eux-mêmes, de préférence par le dialogue. Et, si des divergences persistent entre responsables politiques, seul le peuple souverain sera appelé à trancher, par le vote. Il ne saurait en être autrement ", on ne peut s'empêcher d'y voir une reculade (pour mieux sauter ?). Cette volonté de répandre un vrai rideau de fumée sur ses intentions réelles alors que le PCT, voix de son maître, s'est prononcé le jour même ou la veille en faveur du changement, dénote moins du bluff que de la peur de la réaction du peuple et de celle de l'opinion internationale. Il est vrai que dans le contexte actuel, défier les Congolais eut été mettre du feu aux poudres : un suicide.

Après la chute de Compaoré, Sassou a dû prendre la mesure de la résistance du peuple congolais à son projet de changement de constitution dont le seul et unique but serait de lui permettre de briguer un énième mandat, l'actuelle constitution l'en empêchant. Après celle des évêques, l'opposition à ce projet aurait gagné même les rangs de son propre parti puisque selon certaines sources, les camarades Oba Apounou, Henri Ndjombo, Bowao, Lefouoba, Daniel Abibi, Camille Boungou, Placide Moudoudou, Okombi Salissa... du PCT, Moundélé Ngolo et d'autres planqués lui montreraient la porte de sortie.

Dans son message de voeux donc, Sassou a préféré brouiller les pistes, se contenant de disserter es qualité sur la... " création d’une société publique de transport urbain " à Brazzaville et à Pointe-Noire en 2015 (tout un programme... d'envergure présidentielle !). Histoire de gagner du temps et d'attendre des auspices plus favorables ? Nul ne le sait.

Quoiqu'il en soit, les Congolais ne doivent pas baisser la garde. Ils doivent maintenir la pression. Le dictateur n'a toujours pas renoncé à sa volonté de mourir au pouvoir...

Extraits du message des Voeux de Sassou

[...] Les progrès économiques, sociaux et politiques ont besoin de la stabilité pour produire tous leurs effets bénéfiques. Il est de ma responsabilité, en ma qualité de Président de la République, de garantir la tranquillité nécessaire à tout progrès de notre pays et de sa population.

L’élection présidentielle ce sera en 2016 et les élections législatives en 2017. On a le temps de les voir arriver. Travaillons d’abord. Viendra après le temps des joutes électorales.

Aujourd’hui, les uns et les autres parlent de l’avenir institutionnel du Congo. Que cela soit dans leur droit ou non, je les entends.

Je suis heureux qu’à ce sujet, un débat sain et responsable se soit instauré. Que des opinions différentes et divergentes s’expriment, librement. Que les convictions les plus assurées s’opposent à de pertinentes objections. Qu’il y ait un camp qui préconise des solutions alternatives et un autre qui prône le statu quo. C’est cela la démocratie.

Personne n’a le droit d’empêcher une telle confrontation des idées de prospérer. Personne n’a le droit de mener cet exercice démocratique à la dérive et au désordre.

Nous bannissons le désordre et la violence parce que nous en connaissons l’enchaînement.

Oui, nous connaissons bien les conséquences des violences, de l’insécurité et de l’instabilité pour les avoir vécues il n’y a pas si longtemps. Nous en sommes encore très marqués. Je suppose que nul n’a envie d’y replonger.


Tout bien considéré, je retiens que rien mais alors rien ne doit compromettre la paix, la sécurité et la stabilité de notre pays, recouvrées au prix du sang des Congolais.

Notre souveraineté ne doit être tenue à la lisière par personne. Elle ne doit, en aucun cas, être aliénée. Cela doit être le point de convergence de nos différences.
Il est évident que les affaires des Congolais sont et seront réglées par les Congolais eux-mêmes, de préférence par le dialogue. Et, si des divergences persistent entre responsables politiques, seul le peuple souverain sera appelé à trancher, par le vote. Il ne saurait en être autrement.

Ni la frénésie et l’impatience des uns ni la tentation d’ingérence sans frais des autres n’auront raison de la détermination du peuple congolais à prendre en main son destin [...].

(1) Il convient d'avoir à l'esprit que Sassou s'adressait aussi bien à la communauté internationale hostile aux modifications de constitution qu'à son opinion intérieure.

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