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Le chant de la muselière (Encensez ou taisez-vous!)

politique
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Il fut une époque au Congo, où on pouvait aller zigouiller impunément une meute d'innocents sur la route nationale 2, souvent des pères de famille accusés de « réactionnaires ». Ces purges furent baptisées « Au petit matin », un nombre incalculable de femmes et de gosses sont subitement devenus veuves et orphelins à cause de la Pensée Unique.

Pendant que la guerre froide faisait rage dans les Tropiques, le rideau de fer empêchait les défenseurs des Droits humains de recenser les cadavres. On pouvait même exhiber fièrement la dépouille d'un opposant sur la place publique sans rendre de compte à personne.

Et pourtant, les temps ont changé, mais les mentalités sont restées figées au Congo, pays où la démocratie a été avortée parce que ses acteurs politiques ont eu du mal à s'en accommoder. Le délit d'opinion a été officiellement proscrit, mais on continue à y étouffer toute voix dissidente. Le régime en place est tellement crispé à cause d'un éventuel changement, que ses barons vont jusqu'à commanditer des braquages, viols et  séquestrations au domicile des journalistes qui font correctement leur boulot.

Sadio Kanté victime de la police. Ses confrères observent un silence assourdissant...

sadiokante 148 148Une journaliste née et grandi à Brazzaville a été déchue de sa nationalité congolaise et expulsée vers son pays d'origine, sous les fallacieux prétextes de troubles à l'ordre public, séjour irrégulier et consommation de drogue. La police n'a pas trouvé de meilleures explications. Il vaut mieux en rire qu'en pleurer, car vu le nombre de « Chanvreurs » qui siège au gouvernement et dans la police nationale, il n’y aurait plus de conseil de ministres ni de force du désordre dans ce pays. L'ex-Camarade Président, devenu Son Excellence, est toujours aussi friand du chant des perroquets. Il ordonne l'expulsion massive des ressortissants de la R.D.C, mais n'hésite pas à arroser ses vedettes pour chanter à sa gloire.

Lors des festivités de la fête nationale 2014 à Sibiti, Koffi Olomidé, le meilleur cireur de godasse d'Afrique, a déclamé publiquement : « J'ai l'honneur de chanter devant le plus beau des Présidents » en parlant de Denis Sassou-Nguesso devant un parterre de Chefs d’État.

Allô ! Y a-t-il réellement des conseillers culturels au palais ?

Il faut tout de même reconnaître qu'en matière de flatterie, les journalistes congolais n'ont rien à envier aux chanteurs des deux rives du fleuve Congo. Il est très rare de ne pas entendre un commentaire ou lire un article qui ne fasse pas l'éloge du roitelet, le seul qui peut se targuer d'avoir profondément enfoncé le Congo dans l'abîme de la médiocrité. Télé-Congo est devenu Télé-Sassou. On peut ouvertement critiquer les Domestiques, pardon, les ministres tout en épargnant leur chef.

En attendant, l'opposition molle ou radicale s'entraîne pour donner des coups dans le vide en 2016, année du prochain scrutin présidentiel.

Le changement, c'est maintenant ou jamais.

Ngombulu Ya Sangui Ya Mina Bantu LASCONY

Ecrivain, documentariste, historiographe

Institut Cercle-Congo