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Sassou : le début de la fin ?

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Pour autant, cet arrangement avec le FMI, assorti de conditions drastiques, peut constituer un piège pour le régime de Sassou. 448,6 millions € étalés sur trois ans sur les 9 milliards nécessaires, manifestement ne peuvent suffire à régler les tensions croissantes et contenir les remous sociaux.

Enfin, le dossier boiteux du Congo au près du Fonds monétaire International a été examiné. Mais pourquoi les dirigeants congolais exultent-ils pour 450 millions, sur 9 milliards nécessaires ?

Sans doute, parce qu’il y a très longtemps qu’ils avaient perdu la notion de l’évaluation et de la mesure et n’ont jamais saisi le sens profond des traditions de leur propre pays. Savent-ils la signification, le rêve et legs kongos ? Savent-ils où est-ce qu’ils habitent ?

Acculturés, ils sont sans boussole. Ils ne se nourrissent que d’une vision vandale. Ainsi, dans la mesure où le Conseil d’Administration de cette institution financière leur a concédé un arrangement de 448,6 millions de dollars us au titre de facilité de crédit élargie, ils n’y voient singulièrement que l’octroi des moyens pouvant les conforter, une fois encore, à la conservation du pouvoir et une occasion supplémentaire favorisant la poursuite du siphonage des deniers publics. Alors, ils dansent.

       

Dans les institutions internationales, on se moque d’eux et l’on se méfie de ces dirigeants congolais corrompus jusqu’à la moelle et incapables de gérer leur manne pétrolière.

Quoi qu’il en soit, cet arrangement du FMI n’est qu’une traduction de la gabegie locale et d’une connivence rutilante entre le clan Nguesso et le monde de la finance. Certes, ce phénomène n’est pas nouveau ni propre au régime congolais. Cependant, la particularité de cet accident de l’histoire réside dans l’inamovibilité et l’étendue de la médiocrité des acteurs ainsi dans leur propension à détruire leur propre pays.

Au fond, rien n’a changé depuis trente ans. En 1992, André Milongo dénonçait déjà les mêmes travers. En quelques mois de transition, il avait donné le tempo. Mais les forces rétrogrades ont anéanti les efforts des démocrates congolais. Historiquement, l’ampleur de ce drame est désormais comparable, hélas, à ce que furent l’esclave ou la colonisation.

                                                         

A l’heure actuelle, au-delà des apparences, les clignotants sont tous au rouge écarlate pour le régime de Brazzaville. Avec cet accord, le régime de Sassou ne pourra plus miroiter au peuple congolais l’attente d’une quelconque mansuétude du Fonds Monétaire International. En revanche, il va devoir se plier aux dures exigences de cette institution. Par conséquent, une bonne partie de souveraineté du pays s’en trouve, de fait, écorchée. Il s’agit là d’un cocktail explosif qui augure la fin du régime Sassou.

 A cet effet, en quittant ses fonctions à Brazzaville ce 14 juillet 2019, le désormais ancien ambassadeur de France au Congo a prodigué trois conseils d’ami aux autorités congolaises. Il les a exhortés à investir dans les dépenses sociales notamment le paiement des salaires, des pensions … ; il a appelé à une réforme sincère et globale de la gouvernance financière et à un assainissement de l’environnement des affaires. Autant demander l’impossible.

ambassadeur

                                                                                   

Un chef d’Etat africain avait résumé la situation en disant que quelle que soit l’aide financière que l’on pourra octroyer au Congo, ce pays ne décollera jamais avec les dirigeants actuels.

La fameuse dette du Congo n’en est pas une. Il s’agit d’un subtil habillage des sommes volées aux congolais que l’on voudrait que ceux-ci paient une seconde fois après en avoir payé le prix social sans que l’on ait récupérer le pétrole. En réalité, le Congo est une victime. Ces dettes qui pourraient condamner le pays pour cent ans, à l’instar du Sri-Lanka ou le Venezuela, n’engagent point les congolais. C’est à lui que l’on doit rembourser les milliards volés y compris les intérêts et préjudices subis.

Et quel est le sens de cette dette pour la région du Pool qui n’a vu que des bombes lui tomber dessus ? Que doit-elle à la Chine, à Sassou et à tous ces créanciers ?

Il est très difficile de comprendre l’entêtement de Sassou à rester aux manettes du pays alors qu’il a conduit ce riche pays dans le gouffre et a dépravé les mœurs sociales. Plus grave encore, l’homme ne dispose d’aucun levier pour sortir son pays de cette agonie. Ses différentes postures relèvent essentiellement de la cosmétique. Est-il conscient que lui et son clan constituent les verrous déterminants de la question congolaise ? Certes, la cupidité et la vanité n’ont point de limite, mais pourquoi endetter davantage le pays alors son clan dispose indument de la fortune nécessaire ?

Malgré tout, les faucons du pouvoir ne sont pas naïfs. Ils font néanmoins le pari d’une accommodation, comme d’habitude, des populations déjà asphyxiées à la nouvelle donne moyennant une sévère répression.

Pour autant, cet arrangement avec le FMI, assorti de conditions drastiques, peut constituer un piège pour le régime de Sassou. 448,6 millions € étalés sur trois ans sur les 9 milliards nécessaires, manifestement ne peuvent suffire à régler les tensions croissantes et contenir les remous sociaux.

En effet, l’équation possède des inconnues majeures : 202 milliards à rembourser à la Chine chaque année (rééchelonnement de la dette), plus de 560 milliards pour des salaires annuels, plus de 5300 milliards de dettes extérieures … et 118 milliards de gains fiscaux par an.

Disons-le sans détour : le soulèvement populaire n’est pas loin. Pour le FMI, à y voir de près, cet accord s’apparente davantage à un « bottage en touche ». Il faut donc s’attendre à ce que les chiens de garde du régime rejouent pleinement leur rôle répressif en amont ou initient en aval une énième guerre artificielle afin de détourner l’attention des créanciers.

Au bout du compte, à une crise de cette ampleur, la solution est au demeurant locale. Nos anciens commençaient d’abord par retrousser les manches. Quoi qu’il arrive, ils cultivaient immanquablement les champs afin de s’assurer préalablement des vivres. Depuis trois ans si l’on avait planté de la salade, élever les poules et autres denrées, l’on aborderait autrement cette crise.

La locomotive du pays (dixit Lissouba), le Pool, ainsi que le Niari doivent absolument retrouver leurs places et leurs rôles premiers afin d’espérer relever le pays. Lassé des gribouillages de ce régime mal inspiré, le pays attend autre chose.

 

Cent cinquante ans de lutte contre l’esclavage, cent de lutte contre la colonisation, et déjà un demi-siècle de combat contre la dictature et le colonialisme national, le peuple congolais vaincra. Allez cultiver le manioc et le maïs au lieu de saboter notre pays.