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Changement de constitution : isolé, le pouvoir, aux abois, en est réduit à la méthode Coué

politique
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Les éditoriaux de Pigasse traduisent souvent la pensée en cours au palais de Sassou, de la même façon que d’autres journaux de la place indexent au fil de leurs parutions les ennemis de Ndengué ou de JDO. C’est le privilège d’une dictature : il n’y a pas besoin de cogiter longtemps ; tout a l’avantage d’être clair.

Ainsi le dernier éditorial des " Dépêches de Brazzaville " nous apprend qu’il y aurait évolution dans la stratégie des partis de l’opposition dite radicale au sujet du changement de constitution que Sassou veut imposer aux Congolais dans le seul but de mourir au pouvoir. Ce journal croit savoir « qu’un mouvement semble se dessiner, au sein des innombrables composantes de l’opposition, en faveur d’un changement de la Constitution qui régit notre pays depuis 2002 ». La raison d’un tel changement de pied ? « Une analyse, fondée sur l’évidence, selon laquelle la loi fondamentale ne répond plus aux réalités de la société en pleine mutation qu’elle a pour mission d’encadrer et, plus encore, sur l’idée selon laquelle une réforme de la gouvernance publique permettrait à l’opposition de s’affirmer enfin comme une force avec laquelle le pouvoir doit compter (…) D’où cette idée, qui fait semble-t-il son chemin lentement mais sûrement dans les esprits les plus radicaux, selon laquelle le changement de la Constitution permettrait l’adoption d’un statut officiel de l’opposition qui donnerait à celle-ci les moyens d’exister réellement et mettrait fin du même coup à son émiettement ».

Bref, l’opposition commencerait à comprendre la magnanimité et le grandeur d'âme du grand homme que serait Sassou...

L’ennui c’est que le jour où cette tentative de corruption au grand jour est faite, on apprend que le RDPS, le parti créé par feu Thystère Tchicaya et un des grands alliés du PCT, annonce également son opposition au changement de constitution. Selon RFI, Mavoungou Mabio-Zinga, député de ce parti vient de déclarer ce qui suit : « Lorsque le PCT venait nous présenter l’avant-projet de Constitution de 2002, il nous avait été dit que c’était la meilleure Constitution du monde, qu’elle résumait à la fois le système américain, anglais, italien et français. Depuis quand est-elle devenue mauvaise ? Si en 2002, le RDPS a soutenu le PCT, si, en 2009, je me suis investi moi-même pour la réélection du président Denis Sassou-Nguesso, en 2016, le PCT doit soutenir le candidat du RDPS. Il faut que ça soit clair ».

Et le même de s'adresser directement à Sassou en ces termes : " J'ai interrogé les militants du R.P.D.S, nore parti ; dans leur écrasante majorité, ils sont tous opposés au changement de constiution (...) Les  sages de nos contrées, précisément ceux des départements de Pointe-Noire et du Kouilou notre fief électoral  et toutes les personnalités qui ont demandé à me rencontrer sont tout aussi catégoriques. Ils ne comprennent pas comment, alors que leurs enfants sont au chômage chronique et que Pointe-Noire est une ville poubelle, on peut leur demander d'adhérer à un projet de changement de constitution ! (...) Devant vous, nombreux de nos concitoyens, qui se réclament de vos amis, de vos conseilers ou de vos confidents vous encouragent à aller au changement. Ils disent qu'ils le font par crainte ou par lassitude, par prudence ou par couardise, par politesse ou par courtoisie. Car, en vérité, dès qu'ils ne sont plus à portée de votre voix, ils empruntent des sentiers diamétralement opposés nous demandant de nous investir tous ensemble dans le NON au changement  ". Fermez le ban !

La Convention pour l’action, la démocratie, le développement (CADD) d’Okombi Salissa, un membre du PCT dont le convoi a été attaqué il y a quelques jours sur la route du nord par des hommes encagoulés (une tentative d’assassinat ?) a pour sa part mis en garde contre les pêcheurs en eau trouble qu’on rencontre dans les rangs du pouvoir. Doit-on rappeler qu’Okombi s’est prononcé de longue date contre tout changement de constitution et que de ce fait il est devenu (avec Parfait Kolélas et Mgr Portella) l’un des hommes à abattre ?

Le pasteur Ntumi, qui est certes favorable au dialogue est également fermement opposé au changement de constitution (voir l'interview qu'il a accordée à ce sujet de notre confrère Ziana TV).

De qui Pigasse parle-t-il donc ? De William Bouaka, employé (sauf erreur) d’une fille de Sassou et à qui notre confrère " La Semaine Africaine " offre complaisamment des pages au fil des numéros ? Ce dernier n’a jamais émargé dans les rangs de l’opposition, au contraire. Assurément, la stratégie du pouvoir relève de la méthode Coué. Hélas pour Pigasse, celle-ci ne prospérera pas car pour Sassou, on tarde à l’accepter dans certains milieux, les carottes sont cuites.

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