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Congo-Brazzaville : de la Banqueroute financière à la vendetta politique

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Lu pour vous

Jean sylvestre ITOUA

Dans le contexte politique explosif d’aujourd’hui, la sagesse commande que toutes les forces vives de la nation méditent sérieusement et mettent en œuvre l’appel historique lancé en son temps à son peuple dans le royaume d’Abomey par le roi Ghezo. Voici cet appel : « Si tous les fils du pays, venaient par leurs mains assemblées, boucher les trous de la jarre percée, le pays serait sauvé »

Le 11 juillet 2019, après un peu plus de deux ans de laborieuses négociations, le Congo-Brazzaville avait enfin signé avec le FMI, un accord de facilité élargie de crédit (FEC) de trois ans, pour un montant de 448, 6 millions de dollars, soit 224 milliards 300 millions de FCFA. A sa signature, cet accord avait été présenté à grand renfort de publicité par le pouvoir comme le commencement de la fin de la crise multidimensionnelle qui plombe le Congo. Dans cette euphorie, les fanatiques du pouvoir avaient moqué l’opposition et organisé partout des marches de victoire. Le champagne avait coulé abondamment.

Aujourd’hui, le pouvoir déchante. Quatre mois après la signature de l’accord avec le FMI, le remède-miracle n’a pas encore produit les effets escomptés, en raison entre autres de l’incapacité du pouvoir à mettre en œuvre les 48 mesures du programme. En effet, jusqu’à ce jour, il n’y a même pas un début de mise en œuvre réelle d’une seule de ces 48 mesures. La crise financière, économique et sociale demeure aiguë et persistante. Elle s’aggrave même chaque jour davantage. Tous les voyants sont au rouge. Faute de moyens financiers, la plupart des parents d’élèves appartenant aux couches moyennes et aux couches populaires de la société n’ont pas pu préparer la rentrée scolaire de leurs rejetons.

Les retraités de la CRF, les étudiants congolais au Congo et à l’étranger, les fonctionnaires émargeant aux budgets de transfert et les opérateurs économiques nationaux créanciers de l’Etat, continuent de vivre une vie d’enfer. La morbidité et la mortalité ont explosé de façon exponentielle dans les couches déshéritées. Comme si cela ne suffisait pas, la banqueroute de l’Etat s’est doublée d’une vendetta politique.

En effet, depuis la visite de travail effectuée en France du 2 au 3 septembre 2019 par le président de la République, la case PCT (parti au pouvoir) brûle. Deux clans s’y livrent une guerre à mort, en vue de la succession du président Denis Sassou Nguesso qui, à ce que l’on dit dans les allées du pouvoir, aurait décidé de céder le flambeau à son fils Denis Christel Nguesso, alias, Kiki le pétrolier.

Cette guerre fratricide oppose d’un côté, Kiki le pétrolier (soutenu par son président de père) et ses partisans, et de l’autre, les anti-Kiki, qui se recrutent majoritairement au sein du PCT, mais aussi parmi les faucons du pouvoir et même parmi certains membres de la famille présidentielle, ainsi que parmi les alliés des faucons du pouvoir non officiellement membres de la mouvance présidentielle. Réussiront-ils à se réconcilier ? Rien n’est moins sûr.

La guerre à mort que se livrent les deux clans majoritaires du pouvoir et leurs complices peut avoir des conséquences tragiques pour le Congo comme ce fut le cas le 18 mars 1977, avec l’assassinat du président Marien Ngouabi, suivi de ceux de l’ancien président Alphonse Massamba Débat, du cardinal Emile Biayenda, archevêque de Brazzaville, du capitaine Kikadidi et de nombreux autres innocents. C’est pourquoi, Les patriotes, les démocrates et les républicains congolais doivent redoubler de vigilance, tirer les leçons de l’histoire récente du Congo et dénoncer avec la dernière énergie, la guerre des clans qui déchire actuellement le pouvoir, guerre interne certes, mais qui peut embraser tout le Congo et engendrer pour le peuple déjà meurtri, de nouvelles tragédies.

Dans le contexte politique explosif d’aujourd’hui, la sagesse commande que toutes les forces vives de la nation méditent sérieusement et mettent en œuvre l’appel historique lancé en son temps à son peuple dans le royaume d’Abomey par le roi Ghezo. Voici cet appel : « Si tous les fils du pays, venaient par leurs mains assemblées, boucher les trous de la jarre percée, le pays serait sauvé ».

Alors, chers compatriotes, ne tombons pas dans le piège des tenants du pouvoir de Brazzaville. Approprions-nous l’appel du roi Ghezo. Rejetons fermement le repli identitaire et l’instrumentalisation de nos appartenances ethno-régionales à des fins politiciennes. Condamnons vigoureusement les nouvelles aventures en gestation dans les officines du pouvoir et de ses complices, aventures dangereuses qui risquent de mettre le feu à la maison Congo et de plonger notre pays dans de nouvelles guerres fratricides et meurtrières.

Tout ceci, par la faute de quelques citoyens excités et assoiffés de pouvoir, qui ont pourtant échoué lamentablement à diriger notre pays qu’ils ont plongé dans le chao actuel, mais qui, parce qu’ils règnent par la force des armes, se croient tout permis et ne lésinent sur aucun moyen pour demeurer à vie au pouvoir.

Je l’ai dit et écrit mille et une fois, mais je ne le dirai et ne l’écrirai jamais assez : la seule et bonne solution pour sortir le Congo de la crise actuelle est le dialogue politique national inclusif, devant réunir sans exclusive, des représentants de la mouvance présidentielle, de la mouvance oppositionnelle, des autres partis, des organisations de la société civile et de la diaspora congolaise, pour construire ensemble et de façon consensuelle, des solutions immédiates et fortes, en vue de mettre fin au calvaire du peuple congolais.

Le temps est donc venu pour toutes les forces vives de la nation congolaise de se rassembler sur des bases patriotiques, aux fins de barrer la route à tous ceux qui complotent actuellement contre le peuple congolais. Ne l’oublions jamais, dans notre pays, l’expérience montre que les comploteurs fomentent des complots, mais ils rejettent toujours la responsabilité de leurs crimes sur des innocents. Ecoutons le sage appel du roi Ghezo. Ensemble, sauvons le Congo.

la Page de l’U.P.R.N

 2 octobre 2019

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