Tribune libre
Le pétrole, le bois, le cobalt et bien d’autres matières premières foisonnent aux Congo ! Un scandale géologique, c’est la qualification attribuée par les experts, à juste titre, à son grand frère de la rive droite, la RDC. Justement, les remous et l’instabilité chroniques dans ce bassin du Congo trouvent leur source dans la bataille pour le contrôle, en lame de fond, de cette manne. On le sait depuis des lustres.
Par conséquent, que l’on trouve telle ou telle autre matière première, ici ou là, est une évidence pour les congolais. En effet, d’un seul regard panoramique, vous sourient une puissance végétative et une beauté naturelle confirmant l’hypothèse scientifique indiquant que l’aventure humaine a démarré sur ces terres d’une richesse à attirer tous les prédateurs.
Ce qui pose problème depuis près d’un demi-siècle du régime Sassou, c’est l’extrême pauvreté des populations et l’usage des ressources (qui n’est que néant) qu’on en fait.
En ce moment, c’est la saison sèche où les températures sont basses à Brazza. Mais les chantres du pouvoir, eux, chantent plus que les cigales. Dans ce brouillard d’endormissement des citoyens, il y a un aspect relevant des contes de la brousse et de la forêt que l’on pourrait encore se procurer dans les vieilles librairies africaines ; là où celles-ci existent encore.
En effet, en voulant se faire aussi vrai qu’un incorruptible, Sassou a conçu une nasse en décembre dernier. Affirmait-il, du moins. Et soudain, dans sa pseudo quête d’impartialité, la réalité le rattrape. Sa nasse contient son fils prétendant au trône en tant que gros poisson !
Que va-t-il faire ?
Inutile de parier.
L’annonce de la découverte d’un gisement de pétrole au nord du Congo-Brazzaville est de nature à préparer l’opinion à l’indifférence ou tout simplement à masquer l’impuissance de Sassou père face aux multiples scandales dont la dernière implique son fils du même nom et prénom.
En effet, la découverte de ce gisement de pétrole qui devrait quadrupler la production congolaise, n’est nullement pas un scoop tant l’information était connue depuis des mois.
Les services de communication du pouvoir ayant compris le danger que représentent les actuelles révélations sur les détournements massifs des fonds publics pointant nommément le fils Sassou du même nom et prénoms, dans un contexte incertain des accords boiteux avec le FMI, nous livrent cette info en guise de diversion. Ils comptent ainsi sur l’effet d’annonce.
Divertir l’opinion est une ruse du pouvoir connue pour désamorcer la grogne montante lors des scandales qui, elles, ne se comptent plus. Tantôt ce sont les ninjas que l’on fait artificiellement apparaitre et à qui l’on attribue un vrai faux rôle. Par moments, c’est une supposée tentative d’évasion de la maison d’arrêt que l’on argue afin de créer un climat d’insécurité. Tantôt encore, c’est un djihadiste plutôt fictif que l’on dit voir se balader dans la ville menaçant les intérêts français et américains. Quelquefois, c’est le ministre des « démentis » qui s’y colle. Et parfois, comme aujourd’hui, la découverte d’un gisement (déjà découvert) …
Il s’agit simplement d’un contrefeu que le pouvoir allume afin de brouiller les dernières révélations sur le énième scandale de Denis Kristel Sassou justement sur les détournements des fonds publics. Pendant ce temps, les affaires vont bon train au sein du clan où il pleut des dollars us depuis toujours.
La nasse de Sassou parait donc contenir une valve algorithmique fonctionnant de plus en plus sur des critères sélectifs. Les poissons étant in fine sa propre famille, alors, sa nasse ne dispose plus que des trous pour le grand bonheur des poissons. Menus fretins ou carpes devenus passent à travers.
Alors, est-il capable de livrer au bûcher son fils, sa fille et ton son clan qui incarnent, aux yeux des congolais, la corruption ainsi que les détournements des fonds publics à grande échelle ? Inutile de rêver tant les acteurs chargés de « brader cette manne » sont déjà connus : les mêmes.
La gestion chaotique des richesses du pays par ce pouvoir le disqualifie. En quelle langue faut-il le faire comprendre à ce régime que les populations n’en peuvent plus de leur présence aux affaires de l’Etat ? Sous d’autres cieux, il y a longtemps qu’ils auraient connus l’univers carcéral.
Mais avant de partir, le peuple voudrait bien savoir où sont passés les quatorze mille milliards des fonds sur les générations futures. Le peuple veut savoir l’origine de l’indéchiffrable dette qu’a contractée ce pouvoir. Le peuple veut savoir comment devient-on propriétaire de puits de pétrole au Congo. Le peuple veut savoir les montants perçus depuis l’exploitation du pétrole à ce jour. Le peuple veut savoir qui exploite le sous-sol congolais et selon quelles modalités. Le peuple veut savoir qui détient des comptes dans les paradis fiscaux. Le peuple veut savoir.
En confisquant les institutions du pays, en ligotant les libertés de ses concitoyens et en les enfermant dans une sorte de prison à ciel ouvert, Sassou et son clan se sont emparés les richesses du Congo. Et tant pis si les congolais, eux, vivent en majorité en dessous du seuil de pauvreté.
Quant au pays en lui-même, il vit au rythme d’une ténébreuse opacité et de l’impunité institutionnalisées. Déjà relégué au rang des PPTE (Pays Pauvre Très Endetté) et bénéficiant de multiples effacement de dettes, le Congo connait, aujourd’hui, une banqueroute des plus indéchiffrables menaçant la souveraineté (nominale) acquise il y a une soixantaine d’années. Aucun service tant étatique que privé n’est florissant, l’état s’étant effondré, il y belles lurettes.
Cependant, le clan Sassou, lui, est hors sol, vivant sa vie de chien couchant de l’impérialisme au sein de la mafia internationale. Pour peu qu’il y ait un peu de morale dans ce calvaire des congolais, la nasse de Sassou pourrait bien l’enfermer lui-même un jour. N’ont-ils pas raison ceux qui hurlent que le Congo n’est pas la propriété des Nguesso ?
Avec cette annonce, Sassou voudrait manipuler tout le monde ; le peuple, ses créanciers, le FMI, la France, l’Union Européenne, ses courtisans sauf les prédateurs. Mais au bout du bout, la victoire revient au peuple. A malin, mali et demi.
Abraham Avellan WASSIAMA
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