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Un pasteur fidèle et proche de ses brebis

politique
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Il n’est pas simple, dans un pays comme le nôtre, de se lever et de prendre la parole au nom de ceux qui souffrent. Ceux qui souffrent par manque d’eau potable, de soins médicaux, d’éducation pour leurs enfants ou simplement parce qu’ils ont soif de justice, de liberté et de démocratie.

 

On pourrait croire que la revendication de ces droits humains élémentaires n’appartient qu’aux seuls hommes politiques, en dehors du peuple lui-même. Erreur. Il est légitime de nos jours que les hommes d’église, parce qu’ils sont aussi citoyens, parce qu’ils ne vivent ni hors du temps, ni en dehors de la société, prennent position.

 

Mgr Anatole Milandou, Archevêque de Brazzaville l’a bien traduit dernièrement, en citant les  paroles du pape François lui-même :

« Les pasteurs, en accueillant les apports des différentes sciences, ont le droit d’émettre des opinions sur tout ce qui concerne la vie des personnes, du moment que la tâche de l’évangélisation implique et exige une promotion intégrale de chaque être humain. On ne peut plus affirmer que la religion doit se limiter à la sphère privée et qu’elle existe seulement pour préparer les âmes pour le ciel. Nous savons que Dieu désire le bonheur de ses enfants, sur cette terre aussi, bien que ceux-ci soient appelés à la plénitude éternelle, puisqu’il a créé toutes choses «afin que nous en jouissions » (1 Timothée 6, 7), pour que tous puissent en jouir » (Pape François, Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium (La Joie de l’Evangile), n° 182).

 

L’exercice n’est pas sans risque au Congo, la soutane ne protégeant nullement les hommes de Dieu. Chacun se souvient comment le cardinal Mgr Emile Biayenda, archevêque de Brazzaville, a été sauvagement assassiné pendant des troubles politiques, en 1977. Non parce qu’il avait pris des positions politiques mais officiellement tué pour ce qu’il représentait, suite à une vengeance ethnique.

 

Aujourd’hui, beaucoup d’hommes d’église, de pasteurs, s’engagent, chacun à sa manière. Très peu s’accommodent de la misère matérielle et morale de leurs ouailles. La plupart, par peur, se taisent. D’autres, les plus courageux, s’expriment en public.  

 
  mgr

                                                                               

Parmi ceux-là, Mgr Portella Mbuyu. Alors qu’il lui aurait été plus simple de rejoindre la cohorte des taiseux ou des « modérés », de jouir, " comme tout le monde ", des subsides du pouvoir en se mettant, par exemple, sous la bienveillante et désintéressée protection (comme les églises de réveil et autres chapelles affairistes) de Congo Assistance chère à la « Première Dame », puis de faire semblant de compatir à la souffrance du peuple, lui s’engage en première ligne, pour les plus pauvres et les plus démunis.

 

A l’image des journalistes et des dessinateurs de Charlie Hebdo qui ont toujours refusé, au prix de leur vie, de renoncer à la liberté de la presse, l’évêque de Kinkala refuse, de la même façon, de céder à la peur, même quand certains pousse au crime le désignent comme une cible à abattre, comme « l’empêcheur de changer la constitution ».

 

C’est ainsi que la Conférence épiscopale du Congo qu’il préside vient de publier un communiqué (lire ci-dessus) rendant officiel le « message de Noël » que « Mwinda » avait " malencontreusement " publié en exclusivité. « La Semaine africaine », journal catholique a enfin publié ce texte dans lequel, rappelons-le, les évêques s'opposent au changement de constitution initié par le pouvoir en place. Gageons que « Les Dépêches de Brazzaville », journal d’information indépendant et libre (sic) et, à sa suite, tous les autres journaux de la place informeront leurs lecteurs à ce sujet, ainsi qu’ils l’ont fait avec joie pour les changements politiques intervenus du Burkina Faso...

 

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