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Les nuits tourmentées de Sassou et les quartiers sud de Brazzaville

politique
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Le projet de referendum  n’est-il qu’une fausse piste pour brouiller les cartes ? Ne serait-ce qu’un écran de fumée pour mieux positionner son fiston Christel Sassou Nguesso en 2016 avec le même fichier, le même découpage et la même commission électorale validés par les élections locales du 28 septembre 2014 ? Sassou Nguesso n’est pas assez fou pour oser braver l’autorité de Barack Obama et François Hollande.

Y aurait-il un lien de causalité entre la déclaration de François Hollande à Dakar au sommet de la francophonie, le bras de fer engagé par Sassou Nguesso avec ceux qui l’ont fait roi et le déploiement des forces armées et des blindés dans les quartiers Sud de la capitale de Bacongo à Simou Djoué ? Plusieurs éléments incitent à le croire.

Les mises en garde de Barack Obama et François Hollande sur les velléités de changement de Constitution ont laissé de marbre Sassou Nguesso. Telle la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf, Sassou Nguesso les a balayées d’un revers de la main, en les considérant comme une marque d’ingérence étrangère.

Cas de la Centrafrique et du Mali

Le principe de non-ingérence invoqué par Sassou Nguesso serait-il le permis de changer la Constitution de son pays à sa guise ? Sassou Nguesso a passé sous silence le principe de non-ingérence, ne trouvant rien à y redire lorsqu’il s’et s’agi pour lui d’endosser et d’enfiler le costume de médiateur dans la crise centrafricaine. Sassou Nguesso n’a d’ailleurs pas tari d’éloges à l’endroit de François Hollande pour l’intervention militaire de la mère patrie au Mali. C’est, en effet, la France, ancienne puissance colonisatrice, qui a extirpé in extremis le Mali des griffes de la bande d’Ansar Dine qui marchait allègrement vers Bamako. Le Congo-Brazzaville a même financé la logistique des troupes tchadiennes engagées dans la guerre du Mali aux côtés des militaires français. Dans ces deux cas, le principe de non-ingérence aurait-il perdu toute pertinence ? Quid de l’intervention de l’armée angolaise de José Edouardo Dos Santos en 1997 au Congo-Brazzaville ? Quid de l’aide de la France de Jacques Chirac à Sassou Nguesso contre Pascal Lissouba en 1997 ? Deux poids, deux mesures ? C’est un doux euphémisme d’affirmer que Denis Sassou Nguesso n’a pas la suite dans les idées.

Du tic au tac

De retour de Cuba, le tsar d’Oyo a répondu aux grands de ce monde, à l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville le 6 décembre 2014, en réitérant sa volonté de soumettre la question de changement de la Constitution du 20 janvier 2002 au referendum. Une réponse du berger à la bergère qui claque comme une déclaration de guerre. Sassou Nguesso a-t-il les reins assez solides pour s’engager dans cette voie ? Dispose-t-il des moyens de son ambition de se maintenir au pouvoir au-delà de 2016 ? Le projet de referendum n’est-il qu’une fausse piste pour brouiller les cartes ? Ne serait-ce qu’un écran de fumée pour mieux positionner son fiston Christel Sassou Nguesso en 2016 avec le même fichier, le même découpage et la même commission électorale validés par les élections locales du 28 septembre 2014 ?

Sassou Nguesso n’est pas assez fou pour oser braver l’autorité de Barack Obama et François Hollande. A moins que Sassou Nguesso se prenne pour Robert Mugabe, un combattant de l’indépendance. Toutefois, n’est pas le dictateur Robert Mugabe qui veut.

Contestations

Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir » sont sur le qui-vive. Ils guettent les moindres faits et gestes servant de mèche qui embraserait l’édifice du pouvoir de Sassou. Et, les regards des faucons du pouvoir se tournent naturellement vers les quartiers Sud de Brazzaville d’où pourraient partir la contestation du régime de Sassou Nguesso, pensent-ils. Comme si le Nord de la capitale, Pointe-Noire, Dolisie, Gamboma, Owando, Ouesso, Impfondo échappaient à la mauvaise gestion du clan Sassou et du système PCT. Et si les troubles qui emporteraient Sassou émanaient concomitamment de Pointe-Noire, Dolisie, Owando et Ngamakosso ? Sassou Nguesso a-t-il oublié les péripéties qui ont émaillé les obsèques de Jean Pierre Thystère Tchicaya ?

Fixation et banderole rebelle

Les habitants de Bacongo, Makélékélé, OMS et Sangolo hantent les nuits de Sassou. Pourquoi une fixation du pouvoir sur les quartiers Sud de Brazzaville ?

Il y a quelques mois, A Brazzaville, à l’entrée du quartier sud de la capitale du Congo-Brazzaville, au rond-point de l’Institut culturel français, une banderole a été déroulé : « Bacongo dit non au changement de la Constitution ».

Il ne s’agissait pas de n’importe quel message, il s’agissait d’un Non radical à Sassou. Il ne s’agissait pas de n’importe quel quartier ; il s’agissait de la « commune » de Bacongo et des quartiers Sud de Brazzaville, bastion de la contestation et de la résistance aux dérives de tout genre. Surveiller les quartiers Sud de Brazzaville, le nid des « contre-révolutionnaires », comme le lait sur le feu, telle est la mission dévolue à Jean-Dominique Okemba, Jean François Ndengué, Ngatsé Nianga Mbouala et Philippe Obara. Les habitants de Bacongo, Makélékélé, OMS, Sangolo sont depuis soumis à des fouilles et au contrôle d’identité. Les entrées et les sorties des quartiers Sud de Brazzaville sont filtrées. Dieu merci, la corniche surélevée au bord du fleuve Congo n’est encore qu’une maquette car elle pourrait servir de point de tirs sur les« Brazzaville Sud »en cas de révolte en 2016.

L’arsenal militaire déployé dans les quartiers Sud de Brazzaville suffira-t-il à Sassou Nguesso de faire passer son projet de changement de la Constitution du 20 janvier 2002 comme une lettre à la poste ? Rien n’est moins sûr.

Benjamin BILOMBOT BITADYS