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Explosions du 4 mars : on « refile le bébé » à la Cour criminelle

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L’embarras des autorités judicaires congolaises est pour le moins manifeste, confiant le dossier tantôt à une juridiction, tantôt à une autre.

C’est une patate chaude entre les mains du pouvoir. Bienvenu Okiemy, ministre de la Communication avait promis il y a plusieurs mois que l’affaire des explosions de mars 2012 à Mpila, qui avait fait plusieurs centaines de morts (plus de 300 morts officiellement) et des milliers de blessés notamment serait jugée au plus tard en avril 2013. Nous sommes au mois de juin et on a appris  il y a quelques jours que le dossiera étéfinalementrenvoyé parle président de la cour d’appelà la Cour criminelle.Un renvoi et une procédure que les avocats de la défense ont qualifié de «gangstérisme judiciaire ».

Ntsourou, le principal prévenu

« Une chambre d’accusation, a semble-t-il, rendu un arrêt renvoyant mes clients devant la cour criminelle. Mais permettez-moi de vous dire tout de même, qu’il s’agit là de gangstérisme judiciaire. Nous sommes là dans une dérive interventionniste de l’arbitraire digne d’un Etat de l’ayatollah. Il nous manque désormais simplement des mollahs de l’arbitraire», a dénoncé sans façon, Me Amédée Nganga. «Pour l’instant nous devons exercer pleinement nos voies de recours, avant d’envisager ce renvoi-là devant la cour. Comme ils ont envisagé de passer en force vers la cour criminelle, eh bien nous allons ferrailler devant la cour criminelle ! Et nous allons démontrer devant le peuple congolais qu’il s’agit d’une machination, qu’il ne s’agit pas d’un procès !», a poursuivi ce dernier.

Il est vrai que l’embarras des autorités judicaires congolaises est pour le moins manifeste, confiant le dossier tantôt à une juridiction, tantôt à une autre, sans que l’on ne comprenne trop bien à quoi rime ce véritable bricolage judiciaire qui n'honore pas la justice congolaise.

Présidée, selon la loi du 11 janvier 1961, par le président de la Cour d’Appel et composée du procureur général, de deux magistrats du siège et des quatre jurés titulaires, la Cour criminelle est une juridiction compétente pour connaître des crimes et délits. Elle siège aussi bien à Brazzaville, à Pointe-Noire, qu’à Dolisie. Elle aura à connaître une affaire dans laquellefigureparmi les prévenus une vingtaine de militaires dont le colonel Ntsourou, à l'époque adjoint de Dominique Okemba, secrétaire général du au Conseil national de sécurité.

Pour l'heure, les avocats des la Défense, qui ont donné hier vendredi 14 avril à Brazzaville une conférence de presse sont inquiets notamment sur le sort du principal accusé, lecaporal-chef Blood Kakome Kouvack,dont on est sans nouvelles depuis sa déportation dans une prision à Impfondo, à l'extrême nord-est du pays.

«Je crains personnellement qu’il soit entrepris vis à vis de l'homme une démarche de tentative d’extorsion d’aveux parce que je n’ai pas de contact avec lui. Il faut bien, pour organiser la défense de mon client, sur qui pèse une lourde responsabilité dans cette affaire, que j’entre en relation avec lui», s'est inquiété son avocatMaître Yvon Eric Ibouanga.

Notre commentaire- Même si leur tâche est difficile, Me Ibouanga et ses confrères devraient faire preuve de moins de naïveté en continuant d'accepter d'assurer la défense de leurs clients dans ces conditions : L'accusation (le pouvoir, devrait-on dire) n'ayant aucun intérêt au déballage, l'affaire risque d'être expédiée de main de maître en 48 heures chrono par la Cour, à la manière des procès de Moscou, et leurs clients lourdement condamnés. Sans autre forme de procès.


UPADS : Sassou se frotte les mains

Lissouba enterré avant l'heure, de son vivant ? Il s'agirait même d'un enterrement de première classe organisé par quelques uns de ses anciens ministres et autres parents, s'étranglent des membres de l'aile de ce parti opposé à la tenue du congrès qui a pris fin il y a une semaine.

Tsaty Mabiala : l'UPADS, livré au PCT ?

 Selon eux, comme prévu, le candidat vraisemblablement espéré par Sassou l’a emporté à cette occasion. Celui-ci porterait un nom : Tsaty Mabiala. A preuve, disent-ils, les journaux proches du pouvoir comme « Les Dépêches de Brazzaville » ont eu du mal à dissimuler leur satisfaction, considérant  que ce qu'ils considèrent comme étant la " vraie opposition " est dorénavant en ordre de marche, c'est-à-dire au pas.

On peut les comprendre. Quand on sait en effet que du côté du MCDDI, le nouveau parti créé par Hellot Mampouya sur les décombres de cette formation politique va également tenir son congrès au mois de juillet (c'est un hasard), et que sans aucun doute la ligne de l'alliance avec le PCT ne donnera même pas lieu à discussion (paix oblige !), force est de constater que Sassou dirige à présent de fait, en plus du PCT, les deux autres grands partis qui recrutent en quasi totalité leurs militants au sud du pays.

Il est vrai qu’avec les centaines de milliards de pétrodollars qu'il met dans la balance, il faut véritablement faire preuve d’héroïsme et d'un sens élevé du sacrifice pour ne pas succomber à la tentation de lui déclarer sa flamme. Et visiblement, la nouvelle classe politique congolaise, pragmatique et n'écoutant que l'appel du ventre, laisse volontiers les grands sentiments à leurs aînés et ancêtres. Mais après tout, c'est humain.

Moralité :celui-là même que Lissouba qualifiait,dans une interview accordée à l'époque à " Jeune Afrique ",de "grand bandit que nous avons nourri", nourrit maintenant ses " enfants ". Comme quoi il ne faut jamais cracher dans la soupe...


Noire et fière

 Cécile Kyenge, 48 ans, est la première femme noire de l'histoire de l'Italie à avoir accédé au rang de ministre. Elle est originaire du Congo démocratique (RDC) et vit en Italie depuis trente ans.

Elle a appelé au viol de la ministre...

Depuis sa nomination au portefeuille de l'Intégration dans le gouvernement du Premier ministre Enrico Letta, elle subit une avalanche d’insultes : « guenon noire », « zoulou », sont parmi les plus entendues.

Mais c’est madame Dolores Valandro, une élue locale de la Ligue du Nord, un parti anti-immigrés, qui a été la plus ignoble en écrivant sur sa page Facebook : « Pourquoi personne ne l'a jamais violée, juste pour lui faire comprendre ce que peut éprouver la victime de ce terrible délit ? Quelle honte».

Tout ça parce que Cécile Kyenge, d’ailleurs mariée à un ingénieur italien blanc est noire et affirme avec force : «Je ne suis pas de couleur, je suis noire, et je le répète avec fierté. »

 « Say it loud. I’m black and proud », chantait James Brown, il y a bien longtemps.