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Mokoko, les vrais chiffres. Sassou : la gifle du peuple ?

General Mokoko
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Il fera sans doute chaud à Brazza !

Alors que la réalité des chiffres issus des sondages indique près de 40% pour Mokoko, 18% pour Kolélas et près de 10% pour Sassou, lequel serait donc éliminé dès le premier tour, les services du pouvoir de Brazzaville publient des chiffres visiblement biaisés avec pour Sassou 67% des suffrages sur près de 60% des votants. Or, les mathématiciens savent que 67% des 60% équivaut exactement à 40%. On a dû opérer une inversion des noms entre Mokoko et Sassou ! Ignares jusque même dans la triche ! C’est à désespérer.

C’est dire qu’il est difficile d’accorder le moindre crédit aux chiffres de la CNEI. Par exemple  le taux de participation au pseudo référendum du 20 octobre dernier, boudé par les congolais et où l’IDC-FROCAD était assigné en résidence, dépasserait celui des « présidentielles anticipées» de dimanche dernier, alors que globalement, la participation était, selon les observateurs, plus importante. Ce manque de sérieux affligeant qui tend à prendre le monde entier pour des demeurés, caractérise le régime congolais.

D’ordinaire, un pénalty du type « coup ko » fait toujours l’objet d’une excitation impliquant les ola du public. Curieusement l’annonce des résultats de la CNEI n’a donné lieu à aucune exaltation des supposés vainqueurs. Trois pelés et un tondu ont été signalés avenue de la paix et c’est tout. Visiblement la vérité se situerait ailleurs. C’est ahurissant de constater que les structures de l’Etat, avec les moyens de l’Etat soient incapables de faire un petit job qu’auraient pu réaliser des étudiants, avec de bien meilleurs résultats.

L’inversion des chiffres et celle des résultats ou les substitutions, voire les subtilisations, relèvent d’une pratique courante des Etats corrompus à l’instar du Congo-Brazzaville. Là où les dirigeants se hissent à la hauteur des enjeux de l’histoire en exposant fièrement aux yeux du monde leur attachement aux valeurs démocratiques, à travers la liberté et la transparence qui sont des valeurs sœurs de l’alternance, le pouvoir congolais préfère l’isolement du pays et le huis clos. Pas de téléphone, pas de signal radio, pas d’Internet.

Cette opacité qui coupe le pays du monde et le recroqueville sur lui-même, à l’heure des autoroutes d’information où les contrées même les plus reculées de la planète connaissent l’influence du numérique, constitue un aveu pour le régime. Impossible pour lui d’accepter le revers essuyé à l’occasion de ces « élections » conçues à l’origine comme une promenade de santé.

Quoi qu’il en soit, et quelles que soient les tempêtes, une dictature reste invariablement égale à elle-même, enfermée dans son autisme profond. A force de vouloir singer la démocratie, sans vertu, il est évident que la voix du peuple, constamment étouffée, finira par ébranler ce pouvoir militaro-ethnique vieille des plusieurs décennies. Cela est palpable. Afin d’opérer un passage en force, le pouvoir affiche ostensiblement sa force militaire par un déploiement impressionnant des forces armées.

Démasqué, le vrai visage du régime congolais laisse transparaitre sa violence et son appétit insatiable du pouvoir. Si sa rhétorique ressemble à un langage proche de la défense de la veuve et de l’orphelin, sa réalité est d’une rare étrangeté faite de déconstruction cynique. Ce passage en force du pouvoir de Brazzaville, révulse les congolais. La séquence que Sassou ouvre, inspirée par les courtisans les plus zélés, sera tumultueuse.

Sa gestion moyenâgeuse du pays a ravagé les pans entiers de l’économie et a enseveli un nombre impressionnant de ses concitoyens dans des fosses introuvables. C’est l’histoire des morts et des disparus ; un classique des dictatures qui horrifie les peuples depuis l’Amérique latine jusqu’en Afrique Centrale.

L’histoire, celle des vivants humiliés et essorés par la férocité d’un tel régime clanique et passéiste, s’apparente à une kyrielle d’incantations invoquant vainement la réalité de la première phrase de l’hymne du pays. D’énormes défis attendent d’être relevés : le repassage des seins des jeunes filles au Cameroun, le viol des femmes utilisé comme armes de guerre en RDC, les humiliations de toutes sortes au Congo ainsi que le retour à l’orthodoxie financière et tout simplement le respect de la valeur humaine.

Avec ces chiffres officiels visiblement truqués et ceux compilés par la CTE, plus crédibles et proches des sondages, qui osera dire que le prétendument « coup ko » s’est révélé être, en réalité, un « ko debout » et faire changer la couronne d’une tête à l’autre, comme pour les miss univers ? Le souverain premier ; le peuple, à condition que les militaires qui se sont déjà déployés partout regagnent les casernes ou le protège. Que Dieu protège le Congo.

Abraham Avellan WASSIAMA

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