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Le chant du cygne d’un dictateur isolé qui rêve de passer en force

politique
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Ce lundi 21 mars au matin, alors que tout indique que le général Mokoko et Parfait Kolélas arriveraient en tête du scrutin qui s’est déroulé hier, Sassou, en bon dictateur infatigable a coupé toutes les communications téléphoniques et Internet, le tout pour se proclamer à huis clos élu dès le premier tour. Mais les choses ne devraient peut-être pas se passer comme prévu. Le peuple semble ne pas vouloir accepter qu’on lui vole sa victoire.

En ce lundi matin 21 mars 2016, le contraste est saisissant entre le Bénin et le Congo.

Au Bénin, un pays plus arriéré économiquement que le Congo, on votait hier pour le second tour de l’élection présidentielle. Dès cette nuit, le Premier ministre sortant et candidat qualifié pour ce second tour a d’ores et déjà reconnu sa défaite, puis félicité Patrice Talon pour sa victoire. Rappelons que le Bénin est un ancien pays marxiste comme le Congo, mais qui a eu à sa tête un homme sage du nom de kérékou, lequel a préféré quitter le pouvoir avant de revenir par les urnes, puis de le quitter à nouveau une fois la limite des mandats atteinte.

Au Congo hélas sévit un dictateur revenu au pouvoir suite à une guerre civile sanglante et qui veut s’y maintenir coûte que coute, après avoir changé la Constitution.

Pire, ce matin, alors que tout indique que le général Mokoko et Parfait Kolélas arriveraient en tête du scrutin qui s’est déroulé hier, Sassou, en bon dictateur infatigable a coupé toutes les communications téléphoniques et Internet, le tout pour se proclamer à huis clos élu dès le premier tour.

Mais les choses ne devraient peut-être pas se passer comme prévu. Le peuple semble ne pas vouloir accepter qu’on lui vole sa victoire.

En effet, si jusque-là le pouvoir de Sassou a prospéré sur l’idée que les populations du Sud étaient mues par le projet d’une revanche sur les populations du Nord, que prétendument ce dernier représentait, la présence du général Mokoko lors de ce scrutin, un natif de Mossaka originaire de Makoua, massivement soutenu par ceux que le clan au pouvoir désigne par les « bakongos », bat en brèche cet argumentaire. Le peuple disposant dorénavant d'une arme anti-Sassou, pour une fois donc, le dictateur devrait, pour espérer se maintenir, tuer un électorat qui soutient un candidat du Nord. Le fera-t-il ? Sans doute car il n’a pas d’autre choix, au nom de son clan. Mais dans cette hypothèse le risque est grand qu'il soit balayé, suivant le scénario de son grand ami Compaoré.

Ndlr - En l'absence de communications téléphoniques et de connexion Internet (quoique les communications semblent être rétablies ce matin pour l'opérateur MTN), pour suivre l'actualité électorale cliquer ici.

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Lire l'article du journal " Le Monde " (19/3)

Congo : le président Denis Sassou-Nguesso, seul face à son peuple

(...) En public, Denis Sassou-Nguesso se montre serein, voire provocateur lorsqu’il affirme qu’il va l’emporter au premier tour. En privé, il se révèle inquiet et agacé, selon des proches. Le président veut affaiblir cette opposition et briser l’élan de M. Mokoko. Il sait bien que ce général, qui joue la carte de l’intégrité, est son principal adversaire. Et il se méfie de son entregent militaire et diplomatique constitué durant ses nombreuses missions au service de l’Union africaine.

(…)

L’« homme de paix » qui voulait rayonner en Afrique a ainsi échoué, malgré sa longévité, à devenir le grand personnage de ses chimères (…).

De fait, l’influence régionale du président congolais s’est considérablement réduite et ses relations avec les pays frontaliers se sont dégradées. Jugé arrogant par ses homologues, Denis Sassou-Nguesso est de plus en plus isolé. Nul parmi les pays voisins ne serait plus opposé à son départ. Il n’est pas non plus le bienvenu en France, où les relations avec François Hollande sont « courtoises mais froides ». Les relations sont pires encore avec les Etats-Unis depuis que ses partisans ont insulté l’ambassadrice américaine en poste à Brazzaville, jugée trop proche de l’opposition. L’Union européenne a décidé ne pas envoyer d’observateurs à cette élection, qui se déroule dans des conditions opaques et propices à la fraude.

(...) Mais lorsque la campagne du général [Mokoko, ndlr] a semblé prendre de l’ampleur, Denis Sassou-Nguesso a dû arbitrer. Son neveu, le patron du renseignement, Jean-Dominique Okemba (« JDO »), fin stratège, était en faveur d’un laisser-faire, pour éviter une scission dans l’armée. Alors que le directeur général de la police, Jean-François Ndenguet, connu pour ses méthodes musclées, plaidait pour sa part l’élimination de Mokoko. C’est la ligne « JDO » qui l’a emporté, mais avec la multiplication d’obstacles pour la campagne de M. Mokoko : convocations incessantes chez les services de sécurité intérieure, et interdiction de certains meetings de campagne.

(...)

Piliers du dispositif sécuritaire, M. Okemba et M. Ndenguet sont des « créatures » de Denis Sassou-Nguesso. A la fois brutal et stratège, il est la synthèse de ces deux hommes dont il ne peut se passer pour surveiller les populations. Le chef d’Etat redoute plus que tout un soulèvement populaire de masse. Il ne peut s’empêcher de penser à la chute de son ami Blaise Compaoré, au Burkina Faso, en 2014. Un scénario qui le hante même s’il sait qu’au Congo, les traumatismes de la guerre civile de 1997 freinent les desseins révolutionnaires.

 (…)

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