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La réponse des Congolais à Sassou

politique
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Il y a un temps pour tout. Un temps pour tuer pour arriver au pouvoir et s’y accrocher. Un temps pour terroriser la population. Un temps pour voler et jouir de la vie avec ses enfants et de nombreux parents, pendant que le peuple, lui, tire le diable par la queue. Un temps pour mentir. Un temps pour vendre des illusions. Un temps pour tromper le peuple. Un temps pour sacrifier l’avenir pour autrui. Un temps pour truquer les élections, même son référendum à venir sera truqué, si nous ne lui barrons pas la route. Un temps pour considérer les Congolais comme de parfaits demeurés, au point de leur confisquer tout ce qu’il ya de très précieux : la dignité et la liberté. Et c’est ce qu’a fait Sassou Nguesso pendant 32 ans. Vous entendez ? 32 ans. Mais quelle que soit la durée de la nuit, le jour finit toujours par poindre à l’horizon. Tongo étani, comme on le dit chez nous.

Notre heure est en effet arrivée. Sassou et sa bande de voyous doivent s’en aller. Ne nous laissons pas berner par leurs actions bienfaisantes et grotesques de dernière minute. D’ici là, ils en multiplieront encore davantage pour nous séduire, croyant torpiller notre marche irréversible vers un Congo affranchi du joug esclavagiste des Nguesso. Disons-le tout de suite, ils se trompent d’époque. Leur générosité malsaine est signe de leur désespoir et la crainte manifeste de perdre le pouvoir. Mais restons droits dans nos bottes, car en 32 ans de règne, ils n’ont rien pu nous offrir. Bien au contraire,  Sassou et son clan se sont royalement foutus de notre gueule. La justice française vient de saisir en France,  deux des biens mal acquis de Sassou et sa famille et ce n’est qu’un début.

Voleurs et voyous à la fois, ils ont quand même eu le culot d’organiser des concerts de musique et d’ouvrir les mairies ce dimanche pour une opération de com, encore de la poudre aux yeux, le grand jour de rassemblement des grands démocrates pour dénoncer le coup d’Etat constitutionnel. Comme si notre vie se résumait à une partie de danse ou à un simple permis de conduire. Voilà comment ils ont si longtemps méprisé les Congolais. Cela en dit long sur ces grossiers personnages et sur la notion qu’ils se font de la démocratie. Dictateurs ils sont, dictateurs ils mourront. Ils ne changeront jamais.

Après le printemps arabe, le printemps Burkinabé, voici le printemps congolais. Aucune intimidation ni aucune arme ne sont jamais arrivées à bout de la détermination d’un peuple. Ce 27 Septembre fera date dans notre histoire. Malgré de nombreuses entraves du pouvoir en place pour démobiliser les Congolais, nous avons été très nombreux à défier Sassou et sa dictature. Mais, ce n’est qu’une première étape. C’est l’occasion ici de rendre hommage aux Congolais qui ont fait de ce premier meeting un franc succès. Une véritable démonstration de force qui ferait presque pâlir d’envie, certains peuples opprimés sur le continent.

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Une marée humaine donc, comme je n’en ai jamais vue, de mémoire de Congolais, venue de toute la capitale, dire massivement NON à l’autocrate congolais dans sa volonté de mourir au pouvoir et de passer le relais à son fils, après 32 ans de règne sans partage. Mais putain, pourquoi n’avons-nous jamais pensé le faire plus tôt ? Aujourd’hui est un grand jour et ce sont nos pères de l’indépendance et nos martyrs (Bruno Ossebi, Régis Batola…) tombés sous les balles de ce potentat qui ont dû se retourner dans leur tombe, fiers sans doute de ce peuple longtemps opprimé par un seul homme et son clan, et pour lequel ils ont versé leur sang, qui aujourd’hui a décidé de braver le tyran et sa milice, pour recouvrer sa liberté.

L’heure de la révolte pacifique a sonné. Sassou a franchi la ligne rouge que nous lui avons fixée. Après la démonstration de force de ce jour, son référendum, il ira se le mettre là où nous pensons. Son départ et celui de  sa bande de voleurs est non négociable, car notre détermination est totale. Rien, absolument rien ne nous fera fléchir. Notre cause est juste et notre victoire certaine.

La plume libre !

Diaz Mahindou 

Visualiser ici des extraits d'images de la manifestation

Lire également sur le même sujet, la dépêche de l'AFP

Congo : l’opposition mobilise en masse à Brazzaville

Le boulevard des Armées, dans le centre de la capitale congolaise, était rempli de manifestants sur près d’un kilomètre. Selon le correspondant de l’AFP à Brazzaville, il s’agit de la plus grosse manifestation jamais tenue par l’opposition depuis le retour au pouvoir de M. Sassou en 1997.
Lire ici.

Notre commentaire

Combien étaient-ils ? Deux-cent mille ? Trois-cent mille ? En tout cas, largement plus que l’ensemble des spectateurs pendant les deux semaines de compétition lors des derniers Jeux africains à Brazzaville... Il s’agit là d’une véritable démonstration de force réalisée dans des conditions difficiles : les manifestants ont dû marcher car les Nguesso, mauvais joueurs (et affichant leur mépris pour leurs compatriotes) avaient interdit toute circulation de bus dans la ville (les bus municipaux étaient " en révision ", a-t-on dit), organisé des concerts musicaux gratuits dans les différents arrondissements ("dans le cadre de la fin des vacances scolaires, a-t-on expliqué) histoire de faire diversion. Sans compter la propagande à la radio et la télévision nationale. Peine perdue. Nous mettons au défi le PCT et Pierre Ngolo d'organiser pareille manifestation dans les mêmes conditions : on verra ainsi qui soutient encore Sassou et on comparera.

C’est un avertissement sans frais pour Sassou car il ne s’agit là que d’un début. L’opposition ne manquera pas de profiter de la dynamique créée pour organiser d’autres meetings à Pointe-Noire, Dolisie, Owando, Ouesso… avant de passer, le cas échéant, à l’étape supérieure, celle de l’appel aux villes mortes, aux marches, à la grève…

Sur ce qu’il a démontré ce dimanche 27 septembre, le peuple est mûr et il ne reculera pas.

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