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Le Congo vu par les autres Africains

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A l'attention de l'opposition congolaise et de tous ceux qui sont opposés au changement de constitution, nous disons, comme nos ancêtres : " Ils croient toujours que ce ne sont que ses seuls poils qui se consument au feu alors qu'il s'agit du rat lui-même " !

En un mot, il faut battre le fer quand il est chaud. Qu'ils se croisent toujours les bras et demain, sodomisés bien profondément, ils deviendront la risée de l'Afrique et n'auront plus que leurs yeux pour pleurer. Mais après tout, les peuples n'ont que les dirigeants qu'ils méritent...

Le Congo de l'après " dialogue national ", vu ci-dessous par la presse africaine (burkinabe et panafricaine). Quelle honte !

 

Congo Brazzaville: La démocratie égorgée

 

Le Pays 20/07/15

 

C'est fait ! Sur l'autel de sa boulimie de pouvoir, le président Denis Sassou N'Guesso vient d'égorger la démocratie. Jugez-en vous-même : nouvelle Constitution sans limite d'âge maximal pour le candidat à la présidentielle, ni restriction du nombre de mandats autorisé à un chef d'Etat. C'est, du moins, ce que viennent de servir au prince régnant, sur un plateau d'or, les quelques centaines de délégués à l'issue du "dialogue national" sur l'avenir des institutions au Congo Brazzaville. Un dialogue ouvrant la voie à la tenue d'un référendum sur la nouvelle Constitution. Nul besoin d'indiquer que les dispositions contenues dans la nouvelle loi fondamentale, ont été taillées à la mesure de N'Guesso qui se savait de facto disqualifié pour la présidentielle à venir, en référence à la Constitution ante. Il a 72 ans alors que la Constitution de 2002 fixe l'âge maximal à 70 ans. Il cumule plus de trente ans d'exercice du pouvoir alors que ladite Constitution limite à deux, le nombre de mandats. Après ce précieux cadeau des délégués, pour l'essentiel issus de la majorité, le président congolais peut, à présent, mettre tranquillement son projet en route. N'en déplaise à la société civile congolaise et à son opposition qui avaient vite perçu le danger de prendre part à ces assises.

Cela dit, de quel "dialogue national" le pouvoir congolais peut-il se prévaloir alors que celui-ci a été pour le moins contesté ? Il faut croire pourtant que pour tous ceux qui ont voué aux gémonies cette consultation, la messe est dite, hélas ! Car, on voit mal comment le président congolais échouera à arriver à bon port, à présent que la machine de son projet de maintien au pouvoir est lancée. Assurément, le satrape congolais vient de faire couler le sang de la démocratie; et il ne reste plus qu'à célébrer ses funérailles. En attendant, on ne peut que déplorer le fait que la nouvelle Constitution de N'Guesso, fait opérer au Congo, un grand bon en arrière du point de vue de la démocratie. Et en cela, on a envie de dire que Denis Sassou N'Guesso se fout royalement de son peuple. A la Constitution de 2002, succédera, selon donc ses bons désirs, une Constitution qui conciliera "les valeurs universelles de la démocratie et les réalités politiques, sociales, culturelles du Congo".

Tant qu'il sera aux affaires, Sassou sait que le pouvoir lui servira de bouclier

On en rirait presqu'aux larmes autant qu'on pleurerait toutes les larmes de son corps ! Le Gondwana n'aurait pas fait mieux ! Tous les Congolais qui nourrissaient encore quelque espoir que demain, la démocratie se porterait moins mal, sont servis. Ils apprennent à leurs dépens qu'il frauda compter pour longtemps encore, voire pour toujours, avec cet assoiffé de pouvoir. Et qui sait, si d'aventure l'idée lui venait de passer la main, il fera valoir qu'une autre chance se présente aux Congolais : Sassou fils qui aurait l'avantage d'avoir été bien préparé par lui, pour assumer la charge suprême. Ne riez pas ! Triste Afrique ! On a parfois vraiment honte d'être africain. Et sans doute que le continent n'a encore rien vu, en termes de lubies et autres graves manquements à la démocratie, de ses dirigeants. Après Nkurunziza, Kagamé, N'Guesso, bien d'autres encore s'activent, dans la perspective de dénier tout droit à l’alternance. Et tout cela, hélas, sous le regard impassible voire approbateur de l'Union africaine (UA). Face à son atonie et aphonie, on en vient à se demander s'il n'est pas temps pour l'UA, de célébrer le requiem de sa fameuse Charte sur la démocratie. Au silence de l'UA, on pourrait ajouter celle de l'Elysée qui, en début juillet 2015, avait déroulé le tapis rouge au dictateur congolais. Ce fut l'occasion pour le président français, d'affirmer "son attachement à la préservation et à la consolidation des institutions".

Mieux, François Hollande avait suggéré à son homologue congolais de "mener des réformes constitutionnelles dans le consensus". Visiblement, c'est loin d'avoir été le cas, même si le pouvoir congolais s'en défend. Le moins que l'on puisse dire donc, c'est que N'Guesso opère un passage en force. Dans le même temps, il fait un pied de nez au président Hollande. Quelle sera la réaction de l'Elysée ? Il est quasi certain que celle-ci ne bougera pas le petit doigt. Les intérêts français au Congo Brazzaville sont suffisamment immenses pour valoir son silence. N'Guesso, accroc du pouvoir, c'est connu. Mais son obstination à demeurer au pouvoir n'est sans aucun doute pas étrangère à la peur de l'après-pouvoir. N'Guesso seul sait combien de cadavres il a dans les placards et le nombre de casseroles qu'il traîne depuis son long règne. La fameuse affaire des disparus du Beach, celle des "bien mal acquis" et bien d'autres encore, n'ont sans doute pas fini de troubler le sommeil du dirigeant congolais. Et tant qu'il sera aux affaires, il sait que le pouvoir lui servira de bouclier. Au total, on peut comprendre la volonté du président N'Guesso de s'attribuer une cure de jouvence "pouvoiriste". Et les choses semblent bien parties pour le satrape congolais. Car, "en attendant le vote des bêtes sauvages", pour reprendre l'expression de l'écrivain Ahmadou Kourouma, à l'occasion de la vaste mascarade électorale en perspective, il est assuré d’étrenner son énième mandat.

© Le Pays

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Congo : Sassou Nguesso veut s’accrocher au pouvoir

 

Les Afriques 20/07/15

 

Les résolutions et recommandations, qui ont sanctionné le dialogue congolais le 17 juillet 2015 à Sibiti, consacré à la réforme des institutions, dressent un tapis rouge pour le président de la République Dénis Sassou Nguesso.
Le président de la République du Congo, Dénis Sassou Nguesso, compte rempiler. Pourtant, sur la base de la Constitution en vigueur adoptée, sous l’impulsion du président Sassou Nguesso lui-même, ce dernier ne devrait plus être candidat pour la prochaine élection présidentielle en 2016. D’abord parce que la loi fondamentale prévoit que le président de la République ne peut aligner 3 mandats consécutifs, ensuite parce que cette même loi fixe à 70 ans, l’âge maximum pour un candidat à l’élection présidentielle. Sur la base de ces éléments, l’actuel chef de l’Etat qui termine un second mandat consécutif et qui sera âgé de 71 ans l’année prochaine ne devrait plus rempiler, ce que lui et ses partisans du Parti congolais du travail (PCT), au pouvoir, n’entendent pas se conformer.

D’où l’organisation du 13 au 17 juillet 2015 dans la localité de Sibiti, d’un dialogue citoyen visant à modifier la constitution, pour permettre au chef de l’Etat de rester au pouvoir. L’opposition, qui était favorable pour «la gouvernance électorale» en dehors du sujet sur une modification de la constitution pour permettre au président de la République d’être candidat à sa propre succession l’année prochaine, a boycotté les travaux, consciente du fait que «les résultats de cette mascarade étaient connus d’avance».

Selon toute vraisemblance, les faits donnent raison à l’opposition, puisqu’à l’arrivée, on en sort avec des conclusions extrêmement favorables au pouvoir. Entre autres, la levée du verrou sur l’âge maximum, sans oublier que le mandat présidentiel sera fixé à cinq ans et renouvelable sans limitation, à quoi l’on pourrait ajouter quelques artifices, notamment, l'âge minimum des candidats fixé à 30 ans, un régime semi-présidentiel, un parlement aux pouvoirs renforcés, la création d’un poste de Premier ministre, le statut de l'opposition reconnu.

« Un coup d'Etat constitutionnel »

Comme il fallait s’y attendre, l’opposition qui a boycotté cette rencontre parle d’un « coup d’Etat constitutionnel », puisque tout est « taillé à la mesure d’un individu » ce qui fait dire à Clément Miérassa, président du Parti social démocrate congolais (PSDC) que le président Sassou-Nguesso cherche à plonger le pays dans le chaos. Pour lui comme pour le reste de l’opposition, « ce qui s'est passé, c'est la concrétisation du plan du président Sassou qui veut se maintenir au pouvoir, contre l'avis de la Constitution. Le président est en train de vouloir réaliser un nouveau coup d’Etat. Les Congolais n’en ont pas besoin, ils ont besoin de paix. Il veut plonger le pays dans le chaos, alors que les Congolais souhaitaient aller de façon paisible à une élection libre, démocratique et transparente». Un mandat qui pourrait se révéler de trop pour le régime, au regard de la contestation grandissante aussi bien au sein des milieux politiques, de la société civile, que de la population.

De même, subsistent des divergences au sujet de la « gouvernance électorale », du fait de l’absence d’un consensus visant la création d’une Commission électorale indépendante (Ceni) comme souhaitée par l’opposition, le pouvoir ayant plutôt opté pour l’amélioration de la Commission nationale d'organisation des élections (Conel), assujettie au gouvernement. Reste maintenant au président de la République d’entériner ces propositions, qui lui ouvriront royalement le chemin pour un autre mandat.

Achille Mbog Pibasso, Rédacteur en chef, Zone Cemac