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Harmattan de contestation au PCT

politique
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Tribune libre

L’harmattan, vent chaud, sec, poussiéreux et violent qui souffle en Afrique de L’Ouest, au même titre que le siroco. Aujourd’hui c’est l’harmattan au sein du premier parti marxiste des pays au sud du Sahara.

Le feu couvait depuis un moment dans les allées du parti marxiste-léniniste fondé par Marien Ngouabi, Claude Ernest Ndalla Graille, Edouard Noumazalaye, Ange Diawara et Moungounga Nkombo Nguila en 1969, un an après que l’ouragan de Mai 68 ait fait vaciller De Gaulle et sa cinquième République. Grâce au doux vent du népotisme dans lequel s’engouffre souvent le despote de l’Alima, les camarades membres du PCT avaient très peu goûté l’arrivée en nombre des enfants, neveux oncles et cousins de Denis Sassou Nguesso au bureau politique du PCT à la faveur du congrès tenu du 21 au 25 juillet 2011. Ils avaient très peu apprécié également les obstacles dressés par le député de Vindza, Aimé Emmanuel Yoka, sur le chemin d’Isidore Mvouba auquel devait échoir logiquement la direction du PCT. Avait également fait souffler un vent de colère dans le gotha du PCT : l’activisme politique de Christel Sassou Nguesso avec des moyens financiers colossaux en marge des instances du parti. La vieille élite du PCT rongeait son frein après avoir avalé tant de couleuvres. Les cadres du vieux parti maugréaient en sourdine dans leurs palais de luxe acquis à la sueur de la kleptomanie.

Il aura donc fallu que la proposition de Denis Sassou Nguesso de placer son fils Denis Christel dit « Kiki  » à la tête du PCT en vue de l’échéance présidentielle de 2016 arrive sur la table pour faire sauter la soupape et enfin libérer la parole. L’époque où, dans l’harmattan glacial de l’idéologie stalinienne, les camarades membres obéissaient au doigt et à l’œil aux caprices et aux oukases de Sassou Nguesso est-elle révolue ?

Niet

L’initiative ne pouvait que choquer. Et, ça n’a pas raté. Les négociations entre les grands barons du PCT dont les conciliabules se sont tenus dans un cadre restreint, sous le haut patronage de Sassou Nguesso, chef du clan, ne sont plus à la hauteur des enjeux. La montagne a accouché d’une souris. Les camarades membres du PCT, vent debout, se sont saisis de l’occasion pour faire comprendre à Denis Sassou Nguesso que s’il était le président du comité central et du bureau politique du PCT, il n’en était néanmoins pas le fondateur. Il est hors de question pour les dinosaures du PCT que Denis Christel Sassou Nguesso succède à son président de père. Tel père, tel fils ? NIET ! Denis Sassou Nguesso veut-il transformer le PCT en MCDDI de Bernard Kolelas et en RDPS de Jean Pierre Thystère Tchicaya ? Deux formations politiques patrimoniales dirigées par les fils des fondateurs, candidats déclarés aux présidentielles de 2016.

Orbite

Au travers d’une fondation, le clan au pouvoir a conçu, contre vents et marées, l’idée de détourner l’argent de la SNPC et De la CORAF au grand jour pour le mettre au service de Denis Christel Sassou Nguesso. Tonnerre de Brest ! « Du jamais vu de mémoire de congolais. La stratégie consiste à faire croire aux Congolais que c’est Denis Christel Sassou Nguesso dit « Kiki  » et non le ministère de la Santé qui les soigne « gratuitement  ». C’est l’histoire invraisemblable de l’unité médicale mobile lancée par ses soins à Pointe-Noire et bientôt dans tout le pays. Des problèmes dans l’enseignement ? « Kiki », dans sa grande bonté offre des bourses aux étudiants et lycéens. En un mot, " Perspective d’Avenir ", du nom de la fondation de « Kiki », c’est l’histoire de l’homme qui vous vole votre argent et qui vous fait de prétendus cadeaux, à charge pour vous de le remercier en votant pour lui ou pour son père. Une arnaque et une supercherie dignes de Croquignol des Pieds nickelés ! » (mwinda.org, 23 juin 2015). La mafia à Chicago procède de la même manière : les commerçants obligés de payer les parrains pour qu’ils les protègent.

Kiki fait t ainsi passer les ministres François Ibovi et Hellot Mampouya pour des incompétents... qu’ils sont de toute façon. La manœuvre cousue de fil rose a eu le don d’agacer les deux ministres. Qui sème le vent récolte la tempête : Kiki semble ignorer l’adage. Le voilà détesté à souhait. Plus personne au sein du Parti et dans la majorité présidentielle ne veut le voir, pas même en portrait.

Isidore qui rit, Christel qui pleure

L’autre raison de la grogne, de l’isolement et de l’affaiblissement du PCT, le débarquement, avec la bénédiction d’Aimé Emmanuel Yoka, qui lui voue une haine viscérale, sans ménagement et pour des raisons ethniques (le débarquement disions-nous) d’Isidore Mvouba, l’ancien chef par intérim du PCT soutenu par André Okombi Salissa. La lutte de pouvoir s’engagea après le décès d’Edouard Ambroise Noumazalaye, un poids lourd du parti. Battant à plate couture Rodolphe Adada et Isidore Mvouba, Pierre Ngolo a succédé à l’ancien secrétaire général du PCT Edouard Ambroise Noumazalay décédé en 2007.

Doté de charisme d’une huître, Pierre Ngolo n’a eu ni la maîtrise, le contrôle du PCT ni celle de la majorité présidentielle qui a explosé comme un puzzle. Un camouflet pour Denis Sassou Nguesso dont le poulain navigue par temps fort avec avis de tempête. Une revanche pour Isidore Mvouba et André Okombi Salissa.

Les membres du PCT dégainent leur épée. La cible visée : la proposition de propulser Denis Christel Sassou Nguesso à la direction du PCT. Avec des mots clairs, nets et précis, c’est une douche froide infligée au patron, une véritable injonction qui a été adressée à Denis Sassou Nguesso de, sinon renoncer, du moins réviser sérieusement sa copie. La contestation des camarades membres du PCT traduit la sidération à la connaissance du projet de Denis Sassou Nguesso de vouloir faire du PCT un patrimoine familial.

Mais comme aime dire l’amuseur public français, Franck Dubosc, « tout ça c’était avant le drame » ; oui camarades, toute cette tempête tropicale c’est avant le psychodrame du 15 août 2016, date au-delà de laquelle un vent nouveau soufflera sur le Congo.

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