25
Jeu, Avr
0 Nouveaux articles

Qui a peur du respect de la Constitution et de l'alternance ?

politique
Typography
  • Smaller Small Medium Big Bigger
  • Default Helvetica Segoe Georgia Times

Dans son dernier éditorial intitulé «  Des trois voies par laquelle se jouera le destin du Congo en 2016 ? », Joachim Mbanza, Directeur de la publication et rédacteur en chef du bihebdomadaire catholique « La Semaine africaine » explore les trois voies dans lesquelles pourrait s’engager le Congo après le faux « débat » sur la Constitution lancé par les tenants du pouvoir dans le pays.

L’éditorialiste commence par observer qu’ « on entend tout, dans le débat sur la Constitution. Beaucoup parlent de révision, modification et changement, sans distinguer ces concepts. Certains parlent de changement, sans savoir ce que cela implique, dans la réalité. D’autres parlent de révision ou de modification là où ils veulent exprimer le changement. Bref, la confusion politicienne semble sous-tendre le débat sur la Constitution ».

Première voie, il souligne à juste titre que le changement de constitution est possible en cas d’unanimité des forces vives de la Nation, comme en 1991 lors de la Conférence nationale, ou pour sortir d’une crise grave comme celle créée après la guerre de 1997.

Or nous ne sommes dans aucun de ces deux cas de figure aujourd’hui, note-t-il, car il n’y a ni unanimité des Congolais sur le sujet, ni crise politique.

La première voie, celle du changement de constitution serait donc bouchée, sauf coup d’Etat, doit-on comprendre.

Deuxième voie, la révision de la Constitution.

Celle-ci est possible puisqu’elle est prévue par la Constitution de 2002. La révision de la Constitution veut dire qu’on peut tout changer, tout modifier dans ce texte, sauf le nombre de mandats (2) du président, la limite d’âge des candidats et la forme républicaine de l’Etat.

Troisième voie, le respect de la Constitution, c’est-à-dire qu’on garde la même Constitution, celle de 2002, sans révision ni changement.

Et Joachim Mbanza de conclure :

« Autrement, dans le cadre institutionnel, seule la révision est possible. La troisième voie, à laquelle la communauté internationale est d’ailleurs attachée, est celle du respect de l’ordre constitutionnel, pour faire jouer les mécanismes de l’alternance, en 2016. Mais, cette voie fait peur à certains Congolais qui ont encore présentes à l’esprit, les suites malheureuses de l’alternance de 1992 ».

Qui a donc peur de l’alternance ?

A cette question, l’éditorialiste de « La Semaine africaine » lance une piste. « Dans l’opinion, l’on considère que changer la Constitution, c’est permettre aux acteurs ayant concouru au peu de succès de ces deux projets de société successifs [«La nouvelle espérance» (2002-2009) et «Le chemin d’avenir» (2009-2016), Ndlr], de demeurer aux avant-postes de la gestion publique. Nombre de Congolais aspirent, plutôt, à un renouvellement de la classe aux affaires, après deux septennats qui laissent la majorité d’entre eux tirer le diable par la queue, malgré les ressources engrangées par le pays » écrit-il.

Il y a donc lieu de comprendre que les Congolais, comme les Nigerians, les Béninois, les Ghanéens… veulent l’alternance. Si certains compatriotes ont peur, ce n’est pas l’alternance elle-même qu’ils craindraient mais le fait de savoir que Sassou et son clan feront tout pour s’accrocher à leurs privilèges, et surtout n’hésiteront pas à plonger le pays dans la guerre pour atteindre cet objectif. La preuve qu'ils essaient de se maintenir à tout prix, c’est ce faux débat sur la Constitution créé de toute pièce, là où il ne s’agissait que de respecter la Constitution. C’est pourquoi Sassou et son clan, parce qu’ils ont peur de l’alternance, agitent le chiffon rouge de la guerre et de la paix.

Dieu merci, les forces vives de la Nation n’ont pas peur. L’argument qui consiste à croire que les Congolais ont été échaudés par les guerres de 1997-1998 et se croiseront donc les bras alors que leur avenir est en jeu est inopérant : les jeunes qu’on retrouvera demain dans la rue en cas de non-respect de la Constitution ou en cas de référendum bidon sont ceux qui n’ont pas connu la guerre, ou qui étaient trop jeunes pour s’en souvenir. Les jeunes de 16-25 ans qui manifesteront sont ceux qui sont descendus dans la rue lors de l’annulation du baccalauréat ou lors de la dernière coupe d’Afrique des nations de football. Les jeunes qui manifesteront car ils n'ont plus rien à perdre sont ceux qui voient leurs aînés, désœuvrés, à 35 ans révolus, continuer à vivre chez les parents avec femme et enfants alors qu’ils ont fait des études. Les jeunes qui manifesteront sont ceux qui voient autour d’eux les Nguesso, Bouya, Ebata et autres jeunes de leur âge, mais membres du clan au pouvoir s’acheter des terrains, des villas, des véhicules tout terrain à coup de millions.

C’est sur ces jeunes connectés sur les réseaux sociaux qu’il faudra que Ndengué et sa police tirent à balles réelles d'ici à quelques mois…

BLOG COMMENTS POWERED BY DISQUS