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Mokoko : que diable est-il allé faire dans cette galère ?

General Mokoko
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Il ne faut plus se cacher derrière son petit doigt. La solution à la crise politique post-électorale née de la victoire controversée de Denis Sassou Nguesso est militaire. En face de Denis Sassou Nguesso, il fallait dresser un homme qui lui ressemble pour produire un effet miroir : un militaire, un officier général et un natif de la partie septentrionale du groupe ethnique Mbochi. 

Tribune libre

Mokoko et Sassou : le coup d'après

Le moment est grave. Chiens perdus sans collier, les populations du Congo-Brazzaville qui ont répondu massivement à l’opération « ville morte » du 29 mars 2016 ne savent pas quelle suite donner à ce mouvement et quel mot d’ordre suivre. Les cinq candidats de la plate-forme IDC-FROCAD sont traqués. Ils se cachent et ne sont pas libres de leur mouvement. Ils sont entrés dans la clandestinité. Un proverbe kongo dit : « le chef du village ne crie pas au diable ». Est-ce le signe de l’essoufflement de la contestation de la victoire de Sassou Nguesso ? Les militants et les sympathisants de l’alliance IDC-FROCAD qui ont voté pour l’un des cinq candidats ne savent plus à quel saint se vouer. Le diable semble avoir eu le dernier mot.


Solution militaire

 
Il ne faut plus se cacher derrière son petit doigt. La solution à la crise politique post-électorale née de la victoire controversée de Denis Sassou Nguesso est militaire. En face de Denis Sassou Nguesso, il fallait dresser un homme qui lui ressemble pour produire un effet miroir : un militaire, un officier général et un natif de la partie septentrionale du groupe ethnique Mbochi. C’est le portrait craché de Jean-Marie Michel Mokoko. C’est l’explication de l’engouement autour de la candidature à la présidentielle anticipée du 20 mars 2016 de l’ancien chef d’Etat-major pour apporter dans les urnes et sur le plan militaire l’estocade à Denis Sassou Nguesso, l’omnipotent homme fort du Congo-Brazzaville. Le général Mokoko était perçu comme l’homme qui apportait la caution militaire extérieure, le chaînon manquant à la plate-forme IDC-FROCAD. Mais, que d’espoirs déçus !


Coups

 
Depuis l’assassinat le 18 mars 1977 du commandant Marien Ngouabi et depuis le 5 février 1979, date de l’arrivée au pouvoir de Denis Sassou Nguesso après avoir destitué Joachim Yhombi Opango, les coups de force se suivent, la liste des contorsions constitutionnelles s’allonge, avec son cortège de morts et de blessés. Avec son cortège de blessures et d’humiliations. La main du diable travaille inlassablement.


Rejet


Après trente-deux ans de règne sans partage avec un intermède de cinq ans (Pascal Lissouba), Denis Sassou Nguesso a fait l’objet d’un rejet total des populations du Congo-Brazzaville. En vérité au lieu des 60% des suffrages brandis nuitamment par le ministre de l’Intérieur Raymond Zéphirin Mboulou et Henri Bouka de la CENI, le khalife d’Oyo n’aurait recueilli qu’un maigre 8 %. Les dégâts sont pires qu’en 1992 à la suite de la Conférence Nationale présidée par Monseigneur Ernest Kombo et la transition dirigée par André Milongo lorsqu’il obtint 17 %. L’échec électoral de 1992 avec en prime une modeste troisième place est resté en travers de la gorge du « bâtisseur infatigable ». Et, depuis le renversement de Pascal Lissouba par les armes, Denis Sassou Nguesso prend sa revanche. Mokoko, électron libre, a des atomes crochus avec près de 90 % des électeurs du Congo-Brazzaville, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest . Un électorat gagné par la déception, le dépit et par le découragement à la lumière des derniers développements.


Diagnostic

La majorité des hauts-gradés des forces armées congolaises (FAC) est issue du groupe ethnique Mbochi. La succession à la tête du Congo-Brazzaville de Marien Ngouabi, Joachim Yhombi Opango et Denis Sassou Nguesso, tous natifs du groupe ethnique Mbochi , a porté un coup fatal à l’unité des forces armées congolaises. Un phénomène dénoncé en son temps par Ange Diawara et ses compagnons du M 22 sous le vocable de « oligarchie bureaucratique militaire et tribale » (OBUMITRI). Les deux officiers généraux, Denis Sassou Nguesso et Jean-Marie Michel Mokoko, sont arrivés à la même conclusion. La solution de la crise politique du Congo-Brazzaville est militaire. Pas pour les mêmes raisons.


Pour Sassou Nguesso pour qui le pouvoir est une partie de chasse, « le gibier est dans le filet  » , il faut se servir de l’armée pour la conservation du « gibier » donc du pouvoir. Pour Jean-Marie Michel Mokoko, l’armée doit aider au rétablissement de la légalité républicaine. Deux conceptions de l’armée diamétralement antagoniques. Le ramassage des armes dans les différents régiments ordonné par Denis Sassou Nguesso, la concentration de blindés à la garde présidentielle, le déploiement des forces armées dans les artères de grandes villes, l’entretien des milices dans les agglomérations environnantes d’Oyo participent de cette logique.


Appel


D’où l’appel du saint-cyrien Jean-Marie Michel Mokoko à ses frères d’armes réputés redoutables « guerriers » (Cf. la vidéo de Jean-Marie Michel Mokoko trafiquée par le trublion Tony Moudilou) : «  A mes frères d’armes de la force publique, souvenez-vous de nos engagements de la Conférence Nationale Souveraine. Nous sommes une force publique et républicaine au service du peuple, envers lequel nous avons des devoirs et des obligations  ». Malheureusement, l’appel du général Mokoko n’a pas eu d’écho. Il a fait flope. Il n’a pas été suivi d’effets. Trop d’adversaires d’arme au sein des FAC à cause des dérives tribalistes du commandement militaire (dirait Henri Lopes). La parole de Jean-Marie Michel Mokoko s’est démonétisée. Il aura fallu le renfort de Parfait Kolelas, Okombi Salissa, Claudine Munari et Pascal Tsaty Mabiala pour la réussite de l’opération « ville morte  » du 29 mars 2016. Il y a eu un glissement dans la sémantique. Du soulèvement populaire et à l’insurrection contenus dans l’appel du général Mokoko, on est passé à la désobéissance civile. Le principe de cavalier seul du général Mokoko avec l’appel à ses frères d’armes a tourné au ridicule. Le général Mokoko a péché par naïveté en croyant que ses frères d’armes qui doivent leur carrière militaire à Sassou Nguesso partageaient les mêmes valeurs républicaines. C’était sans compter avec le repli tribaliste des cobras déguisés en militaire que comptent les FAC.


Erreur de jugement en effet. Ces vrais-faux militaires sont plutôt animés par l’instinct grégaire de la conservation du pouvoir par le groupe ethnique Mbochi. A commencer par Guy Blanchard Okoï, le chef d’Etat-major général des FAC, décoré de la légion d’honneur par la France en 2014, ensuite le général Gilbert Bokemba, chef d’Etat-major de l’armée de terre, le général Ngatsé Nianga Mbouala, commandant de la garde présidentielle et le général Oléssongo, commandant de la zone militaire de Pointe-Noire. Ne parlons même pas des officiers des forces de police : Jean-François Ndengué et Philippe Obara, véritables chiens de garde du pouvoir. La solution militaire pour renverser Sassou Nguesso ne peut être qu’extérieure, émanant soit d’un pays occidental, soit dirigée à partir d’un pays frontalier servant de base arrière. Dans l’un ou l’autre cas de figure, Jean-Marie Michel Mokoko et ses alliés de l’IDC-FROCAD n’ont pas les moyens de leurs ambitions. Pourquoi le général Jean-Marie Michel Mokoko s’est-il engagé dans cette lutte contre Sassou Nguesso sans soutien militaire extérieur ? That is the question. Comment cet homme de grand talent, obligé de se cacher dans un lieu tenu secret ou dans une ambassade, s’est-il lancé dans cette galère sans assurer ses arrières ? Etonnant.


L’ardeur réformatrice affichée au cours de la campagne présidentielle par Jean-Marie Michel Mokoko, Guy Brice Parfait Kolelas, André Okombi Salissa, Claudine Munari et Pascal Tsaty Mabiala est mise à mal par la vague d’arrestations perpétrée par les hommes de main de Denis Sassou Nguesso. Vont-ils s’arrêter en si bon chemin…d’avenir ?

  Benjamin BILOMBOT BITADYS

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Voici la raison de la vague d'arrestation des opposants par Sassou : faire disparaitre les résultats de l'élection présidentielle  du 20 mars ci-dessous

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AFP (2/4)

Brazzaville: perquisition nocturne d'un hôtel géré par un détracteur du président Sassou

La police congolaise a perquisitionné dans la nuit de vendredi à samedi un hôtel du centre de Brazzaville géré par un homme d'affaires critique du président Denis Sassou Nguesso, a-t-on appris de sources concordantes.

La police congolaise a perquisitionné dans la nuit de vendredi à samedi un hôtel du centre de Brazzaville géré par un homme d'affaires critique du président Denis Sassou Nguesso, a-t-on appris de sources concordantes.

La perquisition de l'hôtel Saphir a eu lieu vers 3h00 du matin (2h00 GMT), a déclaré à l'AFP l'administrateur gérant de cet établissement, Joe Washington Ebina, dénonçant une intervention "inadmissible" des forces de l'ordre destinée selon lui à "traumatiser les clients" pour "mettre en danger l'établissement".

Au cours de la perquisition, la porte de la chambre de l'ambassadeur du Gabon au Congo (arrivé en novembre et en attente d'une résidence fixe) a été forcée par les policiers, a ajouté M. Ebina, ce qui a été confirmé par un client. Un journaliste de l'AFP a pu voir la serrure détériorée de la chambre occupée par le diplomate.

Les policiers, au nombre de 300, armés, et cagoulés pour certains, aux dires de M. Ebina, ont déclaré qu'ils cherchaient une douzaine de "mercenaires".

Ils ont présenté un mandat avec une liste de noms mais en ont caché l'en-tête, a encore dit M. Ebina, dénonçant une pratique "inacceptable". Homme d'affaires, M. Ebina dirige également une ONG membre d'une "plate-forme de la société civile", critique de l'action de M. Sassou Nguesso.

Interrogé par l'AFP, le colonel Jules Monkala Tchoumou a confirmé la perquisition nocturne à l'hôtel Saphir, mais a démenti que la moindre porte ait été forcée et a jugé que le nombre de policiers avancé par M. Ebina était exagéré.

"Les policiers sont arrivés à l'hôtel Saphir avec une liste de douze noms de personnes suspectes de terrorisme qui y auraient été logées", a déclaré le colonel Tchoumou.

Il n'y a eu aucune interpellation.

©AFP