Par peur de troubles à Brazzaville, Sassou fuit avec son " dialogue des cons " à Sibiti

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AFP - L'ouverture du "dialogue national" sur l'avenir des institutions en République du Congo a été reportée au lundi 13 juillet, loin de Brazzaville, selon un décret présidentiel dont l’AFP a reçu copie vendredi.

Ce forum politique, que l'opposition soupçonne de n'avoir d'autre but que d'ouvrir la voie à un changement de Constitution pour permettre au président Denis Sassou Nguesso de se représenter en 2016, devait avoir lieu initialement du 11 au 15 juillet.

"Le dialogue national est convoqué du lundi 13 au vendredi 17 juillet 2015 à Sibiti dans le département de la Lékoumou", indique le décret signé par M. Sassou.

Le décret ne fournit aucune explication sur ce changement de calendrier ni sur le choix du lieu pour la tenue de ces assises. Sibiti, capitale de la Lékoumou est située à environ 250 km à l'ouest de Brazzaville.

M. Sassou cumule plus de trente ans à la tête de l’État et la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.

Il avait convoqué fin juin ce "dialogue national", à l'issue de "consultations" politiques en demandant à ses participants de répondre à deux questions : "Comment devrait-on organiser au mieux les scrutins à venir dans notre pays ; fait-on, oui ou non, évoluer les institutions de la République".

Jeudi soir, de retour de Paris où il a rencontré mardi le président François Hollande, M. Sassou a exhorté "tous les acteurs politiques et sociaux" à prendre part à cette "rencontre libre et ouverte".

"On n’a jamais vu un peuple qui refuse l’exercice de son propre pouvoir à travers le dialogue ou un référendum. C’est la démocratie par excellence", a-t-il déclaré.

L’opposition regroupée au sein du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) émet des réserves sur cette initiative et pose des préalables pour sa participation.

Elle exige ainsi un "ordre du jour clair qui expurge la question liée au changement de Constitution parce que nous estimons que c’est une question totalement inopportune", a dit à l’AFP Paul-Marie Mpouélé, coordonnateur du Frocad.

"L’avenir des institutions est un vrai faux problème. On se préoccupe plutôt de l’avenir de Denis Sassou Nguesso qui veut d’un troisième mandat. C’est un problème d’intérêt personnel", affirme pour sa part Clément Miérassa, dirigeant de parti d'opposition membre du Frocad, appelant le président "à tout remettre à plat et à convoquer un dialogue (plutôt) à Brazzaville".

© AFP.

Notre commentaire

L'improvisation et la peur  (doublées du côté faux-cul de l'homme) dans lesquelles se débat Sassou pour la tenue de son " dialogue des cons " se manifestent au grand-jour : délocaliser à la dernière minute ce non évènement démontre que le dictateur  a non seulement peur, mais il veut tenir son monologue loin du regard des Congolais et de la communauté internationale. Le chef du PCT ne veut pas voir de témoins  à un spectacle déjà écrit, qu'il sait d'avance pitoyable, et dont les dés sont pipés, le principe du référendum ayant déjà été acté de longue date dans les officines de Talangaï.

Il reporte la date d'ouverture dudit monologue pour poursuivre pendant encore deux jours le tir nourri de billets de banque en direction du MCDDI en particulier (1), un parti coupable d'avoir faux bond à la majorité présidentielle. On prétend même que, dans son cynisme, Sassou serait prêt à faire transporter sur un brancard un fils Kolelas depuis longtemps installé en Europe pour maladie, histoire de faire croire que des " frondeurs " de ce parti sont avec lui.

Question : jusqu'à quand les Congolais se laisseront-ils narguer ainsi par Sassou ?

(1) Il ne se passe plus un jour sans qu'un micro de la radio télévision du PCT (la radio dite nationale) ne se tende vers de soi-disant conseillers ou dirigeants du MCDDI favorables au dialogue, c'est-à-dire à Sassou. La presse écrite accréditée  au palais présidentiel n'est pas en reste.

A lire également la conférence de presse de Clément Mierassa, un des leaders de l'opposition.