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Fin de non-recevoir de l’UE à la demande de rappel, par Sassou, de sa représentante au Congo

Congo B
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" Nous insistons toujours sur le fait que nos chefs de délégation doivent agir dans le plein respect de la Convention de Vienne, et nous sommes convaincus que Madame De Lang ait respecté ses obligations à cet égard. Elle jouit de notre pleine confiance et de notre soutien. Toute décision de votre part à son égard aura un impact sur la relation confiante entre l'UE et la République du Congo ", écrit l'UE..

Le gouvernement congolais a sollicité, il y a quelques jours, le rappel de Madame Saskia de Lang, ambassadeur de l’Union européenne au Congo. La raison d'une telle démarche :

«…Le gouvernement de la République du Congo a observé de la part de Madame Saskia De Lang, un activisme contraire à l’esprit et à la lettre de la Convention de Vienne qui régit les relations diplomatiques entre les Etats », lit-on dans une note datée du 9 mai courant, que le ministre des Affaires étrangères congolais, Jean-Claude Ngakosso, est allé porter lui même à Bruxelles.

Officiellement Sassou reproche notamment à la chef de mission sa lettre datée du 29 mars 2016, adressée à la Cour constitutionnelle du Congo dans laquelle cette dernière demandait à être reçue dans les plus « brefs délais », sans doute pour s’enquérir du hold-up électoral du dictateur infatigable.

En réalité, cette brave dame, tout comme l'ambassadeur américain d'ailleurs, est devenue un témoin gênant du coup de force électoral de Sassou et de la violation flagrante des droits de l'homme dans le pays, d'autant qu'elle ne reste pas silencieuse et prend même ouvertement des initiatives. Rappelons que Bruxelles avait refusé d'observer la présidentielle de mars dernier et émis de sérieux doutes sur la « crédibilité » de la réélection de Sassou. Une attitude qui a le don d'irriter fortement un dictateur habitué aux réactions agrémentées de sourires polis exprimées dans les salons feutrés.

C’est dans ce climat que Madame De Lang n’a pas été conviée par Jean-Claude Ngakosso, le 14 mai dernier, comme l'ensemble des diplomates accrédités, à échanger sur la situation du pays. La représentante de l'UE s'étant vue refuser sans explication l'accès à la réunion, les ambassadeurs d'Allemagne, de Suède, des Pays-Bas, ainsi qu'un chargé d'affaires de l'ambassade d'Espagne avaient quitté la salle.                                                              

« C’est un principe que tous les diplomates connaissent même si certains continuent de se comporter en Afrique comme au temps de la colonisation. Lorsque le comportement d’un diplomate lèse le pays hôte, celui-ci est dans son droit de solliciter son rappel afin de sauver les relations avec son partenaire. Et c’est ce que nous avons fait », a expliqué un diplomate congolais.

Dans une lettre en réponse, l’Union européenne a opposé une fin de non-recevoir à Sassou.

Mme Saskia De Lang « jouit de notre pleine confiance et de notre soutien. Toute décision de votre part à son égard aura un impact sur la relation confiante entre l’UE et la République du Congo », a répondu sèchement l’Union européenne, ajoutant que « La note verbale du 29 mars 2016 citée par le Ministère, sollicitant un entretien avec Le Président de la Cour Constitutionnelle, respectant pleinement son indépendance, n’avait pour objectif que de mieux comprendre les procédures en matière de recours éventuels. Cette demande avait le soutien des Chefs de mission des Etats membres représentés à Brazzaville » (Lire ci-dessus - cliquer sur la photo en haut de la page - le texte la Lettre de l'Union européenne, ou ci-dessous pour sa reproduction).

Notre commentaire

Voilà qui a le mérite d'être clair. Il ne reste plus à Sassou qu'à placer en résidence surveillée l'ambassadrice pour la réduire au silence, comme il l'a fait pour les opposants Jean Marie Michel Mokoko et Okombi Salissa, ou à procéder par la corruption tous azimuts à Bruxelles et ailleurs, même par ces temps de vaches maigres...

A lire :

Lettre de l'Union européenne (pour lire le texte original, cliquer en haut de la page sur la photo)

Service européen pour l'action extérieure

Le Service européen pour l'action extérieure présente ses compliments au Ministère des Affaires étrangères, de la coopération et des Congolais de l'étranger et le remercie pour sa note du 9 mai 2016 transmise par Son Excellence Monsieur le Ministre Gakosso au Directeur Général Monsieur Vervacke au cours de leur réunion du 10 mai 2016 à Bruxelles.

Nous partageons entièrement la volonté de développer et de consolider notre relation dans tous ses aspects, et en particulier le dialogue politique et la coopération qui sont inextricablement liés. Les dimensions régionales et internationales de notre partenariat avec la République du Congo sont également très précieuses.

Dans ce contexte, la Délégation de l'Union européenne joue un rôle clé. Depuis le Traité de Lisbonne, les délégations de l'UE, sous l'autorité de la Haute Représentante Federica Mogherini, représentent les positions de l'UE et de ses 28 états membres. Les positions prises par un chef de délégation au nom de l’UE reflètent toujours un consensus de tous les états membres.

La note verbale du 29 mars 2016 citée par le Ministère, sollicitant un entretien avec Le Président de la Cour Constitutionnelle, respectant pleinement son indépendance, n’avait pour objectif que de mieux comprendre les procédures en matière de recours éventuels. Cette demande avait le soutien des Chefs de mission des Etats membres représentés à Brazzaville.

Nous insistons toujours sur le fait que nos chefs de délégation doivent agir dans le plein respect de la Convention de Vienne, et nous sommes convaincus que Madame De Lang ait respecté ses obligations à cet égard. Elle jouit de notre pleine confiance et de notre soutien. Toute décision de votre part à son égard aura un impact sur la relation confiante entre l'UE et la République du Congo.

L’Union européenne reste entièrement disposée à continuer le dialogue avec le gouvernement et toutes les parties prenantes de la République du Congo et à continuer son engagement, dans le cadre de l’Accord de Cotonou, pour le développement du pays.

Le Service européen pour l’action extérieure saisit cette occasion pour renouveler au Ministère des Affaires étrangères, de la coopération et des Congolais de l’étranger l’assurance de sa haute considération.

Bruxelles, le 17 mai 2016.

XXXXXXXXXXX

Brève

Christel Sassou Nguesso, ni courageux ni téméraire, fuit le débat

Christel Sassou Nguesso et sa suite, sont arrivés au pays de l’oncle Sam, à Washington, DC, où ils entendaient faire du lobbying, histoire de promouvoir leur introuvable « Nouvelle République ». La troupe théâtrale du fils héritier désigné avait prévu de s'exprimer à travers une institution dénommée National Endowment for Democracy (1). Mal leur en a pris : on leur a fait savoir que l’espace ne leur serait accordé qu’à condition qu’ils acceptent un débat... démocratique et contradictoire sous forme d’échange avec l’opposition, à la place d'un monologue orchestré avec quelque journaliste bienveillant et complaisant. Christel Sassou Nguesso et sa suite se sentant incapables de soutenir un tel débat, auraient préféré se rétracter courageusement. A la National Endowment for Democracy nul n’y aurait d’ailleurs vu d'inconvénient, au contraire : accueillir le clan Sassou, un dictateur qui a les mains tâchées de sang, au sein d'une institution destinée à promouvoir des valeurs de démocratie, aurait fait désordre.

On le voit, Christel Sassou a donc obtenu le droit d'aller se faire voir ailleurs. Avec ses poches bourrées de pétrodollars volés aux Congolais, gageons qu'il trouvera bien sur le territoire américain quelqu'un pour l'accueillir et pour l'écouter débattre démocratiquement sans opposants, ou avec les " oppposants " Clément Mouamba ou Nicéphore Fila...

(1) Le National Endowment for Democracy (NED) (en français, Fondation nationale pour la démocratie) est une fondation privée à but non lucratif des États-Unis dont l'objectif déclaré est le renforcement et le progrès des institutions démocratiques à travers le monde.