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On tue à huis clos dans le Pool, dans l’indifférence générale

Congo B
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Sassou a perdu les élections qu’il a pourtant organisé à huis clos et dans la terreur. Pour passer en force, il a choisi de faire diversion,  et pour cela il dispose, comme toujours, d’une arme : la violence. Cette violence, il l’exerce toujours contre les populations du sud selon un scénario rôdé de longue date. Comment ? En lâchant nuitamment  des hommes armés à sa solde dans les quartier sud de la ville qu’il a tôt fait passer pour des  « Ninjas », entendez des Bakongo.

Chacun se le rappelle le témoignage d’Elie Smith, ce journaliste camerounais travaillant naguère pour Maurice Nguesso, après le braquage de son domicile et le viol de sa sœur. Reçu par Jean-François Ndengué, chef de la police celui-ci- s’entendit dire que les braqueurs  avaient été interpellés et que parmi eux figuraient des « bakongos ». Dans le langage du cartel d’Oyo, les Bakongo sont  les originaires du Sud du pays. Scepticisme de notre confrère Elie Smith.

 La réponse du chef de la police trahit une obsession qui hante Sassou et son clan. Quand ils fomentent des coups tordus, histoire de protéger ou conserver leur pouvoir, quand ils commettent des crimes et des délits, leurs boucs émissaires sont tout trouvés : ce sont les Bakongos et particulièrement les originaires du Pool.

Ce scénario  a servi notamment à la mort de Marien Ngouabi. La Conférence nationale souveraine a révélé que c’est un coup d’Etat de palais, un complot organisé au sein même du pouvoir clanique qui avait coûté la vie à l’ancien chef d’Etat. Les boucs émissaires désignés pour cet assassinat en plein jour furent Massamba Débat, le cardinal Biayenda et la charrette de condamnés lors de la mascarade de procès qui fut organisé alors. Tous les condamnés à mort qui furent exécutés par la suite furent presque exclusivement des « bakongo ».

 Ce scénario, dicté par une haine atavique du mukongo et utilisé en 1997, se répète aujourd’hui.  Sassou a perdu les élections qu’il a pourtant organisées à huis clos et dans la terreur. Pour passer en force, il a choisi de faire diversion,  et pour cela il dispose, comme toujours, d’une arme : la violence. Et cette violence il l’exerce toujours contre les populations du sud. Cette fois-ci il a lâché nuitamment  des miliciens armés à sa solde dans les quartiers sud de la ville, qu’il a fait passer pour des  « Ninjas », entendez des Bakongo lesquels voudraient, fait-il croire, s’attaquer au pouvoir des hommes du nord. Voilà le montage par lesquel il justifie les bombardements d’aujourd’hui dans la région du Pool. Des bombardements meurtriers  à huis clos, effectués par voie aérienne qu’ils présente comme des opérations de police. Et il n'est pas pr-s d'arrêter d'autant que, préventivement, il a fait inscrire dans sa nouvelle constitution un ahurissant article 96 (1) qui, croit-il, lui assure l'impunité ad vitam aeternam.

Zacharie Bowao  à propos des crimes que commet Sassou dans le Pool, à l’abri des regards,  déclara avec raison : « Brutalement, on se met à bombarder dans le Pool des populations civiles qui sont dans la désolation complètement, des gens qui courent à gauche, à droite. On ne peut même pas leur apporter une assistance humanitaire. Ce n’est pas normal ça ». A propos des pseudo-ninjas :  « Je pense (…) qu’il s’agit de gens qui ont été organisés par le pouvoir pour créer cet état de trouble pour permettre à la Cour constitutionnelle de valider les résultats du scrutin du 20 mars en faveur du candidat Denis Sassou-Nguesso, dans une atmosphère d’état de siège qui ne dit pas son nom. Monsieur Denis Sassou-Nguesso a perdu cette élection. Tout le monde le sait. Il veut s’accrocher au pouvoir. Voici la réalité. Et à partir de là, il faut créer cette atmosphère à la fois d’insalubrité publique pour donner l’impression qu’il y a des gens sortis on ne sait d’où, et qui veulent faire la guerre. »

Ce 9 avril, RFI dans un article écrit :

Selon de nouveaux témoins, des hélicoptères de l'armée ont vendredi matin encore pilonné plusieurs localités du département du Pool, précisément dans le district de Goma Tsé Tsé, où le pasteur Ntumi a des bâtiments ou des activités. Certains témoins parlent de victimes civiles. Aucun bilan de ces opérations n'est encore disponible. Très peu d'informations circulent sur l'opération lancée lundi par les autorités.

Vendredi matin encore, des témoins disent avoir été réveillés par des roquettes tirées à partir d'hélicoptères de l'armée. A Nsouélé, où est enterré le père de l'opposant Guy-Brice Parfait Kolélas, ainsi qu'à Bwambouri qui selon un de ses habitants a abrité des proches du pasteur révérend Ntumi. Les communications sont très difficiles dans ces zones. A ce stade, impossible donc d'évaluer l'ampleur de possibles dégâts, ni de dresser un quelconque bilan humain.

Un peu plus loin à l'ouest de Brazzaville toutefois, la gare de Mindouli continue d'accueillir chaque jour son flot de familles déplacées, raconte un habitant. Des hommes, des femmes, parfois blessés, qui parlent de victimes civiles. Ils fuient les hélicoptères ou la peur dans cette région pauvre, où le souvenir des guerres passées est encore vif dans les esprits. Ils espèrent, raconte un témoin, quitter la zone à bord d'un train de marchandises. Mais ils sont rares. Un seul serait passé depuis le début de la semaine.

Le sadisme du cartel d’Oyo est sans nom. Et que dire de ses complices comme Tchibambelela, Nsilou, Landry Kolelas, Hellot Mampouya…  accrochés à leur fromage, qui n’entendent ni les cris ni les larmes de pauvres paysans, leurs parents, obligés d’errer comme des fantômes dans la forêt quand ils ont survécu au pilonnage de leurs habitations !

Nous en appelons aux hommes de bonne volonté de venir en aide à ces populations qui subissent la folie meurtrière d’un clan qui assouvit ses instincts ataviques et croit pouvoir réduire en esclavage le sud du Congo.

(1) " Aucune poursuite pour des faits qualifiés crime ou délit ou pour manquement grave à ses devoirs commis à l’occasion de l’exercice de sa fonction ne peut plus être exercée contre le Président de la République après la cessation de ses fonctions. La violation des dispositions ci-dessus constitue le crime de forfaiture ou de haute trahison conformément à la loi ".

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